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Mondial 2026 : Nigeria, autopsie d’un échec prévisible

Pour la première fois depuis 1986 et 1990, le Nigeria enchaîne une deuxième élimination consécutive pour la phase finale de la Coupe du monde (2022 et 2026). Un échec tout sauf surprenant que même les miracles en phase régulière des éliminatoires et contre le Gabon en barrages n’ont pas suffi à éviter. Explications.

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Mondial 2026 : Nigeria, autopsie d’un échec prévisible

Un début de campagne catastrophique

Pour comprendre l’élimination du Nigeria pour la Coupe du monde 2026, il faut remonter au tout début de la campagne éliminatoire. Nous sommes en novembre 2023 et pour son premier match, le Nigeria reçoit le Lesotho à domicile. Un match a priori à portée des Super Eagles qui – même privés de Victor Osimhen, blessé – avaient Calvin Bassey, Alex Iwobi, Ademola Lookman, Victor Boniface ou encore Ola Aina dans leur effectif. Mais à la grande surprise, le Nigeria s’est cassé les dents à domicile en ne faisant qu’un piètre match nul miraculeux d’ailleurs puisque le Lesotho menait avant que Semi Ajayi (défenseur) n’égalise.

D’aucuns ont pensé à un accident et que les Super Eagles allaient se relever lors de la deuxième journée contre le Zimbabwe. Sauf que le Nigeria a enchaîné un deuxième nul consécutif (1-1) et a été une nouvelle fois mené avant de revenir au score. Les signes précurseurs d’une campagne cataclysmique. Mais le Nigeria s’est relevé à la CAN en Côte d’Ivoire en étant finaliste, battu de justesse (1-2) par la Côte d’Ivoire, pays hôte.

C’était d’ailleurs leur unique défaite dans la compétition avec seulement 4 buts encaissés en 8 matchs. José Peseiro, sélectionneur de l'époque, a su relancer la machine et l’espoir est revenu dans les cœurs au Nigeria pour la suite des qualifications au Mondial. Mais la Fédération va retomber dans ses travers.

José Peseiro, l’erreur fatale

Il a connu des débuts compliqués à la tête du Nigeria, mais beaucoup s'accordent sur le fait que José Peseiro a réussi à remettre les Super Eagles sur de bons rails. Mais à quatre mois de la CAN en Côte d’Ivoire, la Fédération nigériane de football (NFF) a décidé en septembre 2023, soit un peu plus d’un an après son arrivée (mai 2022), de réduire de 20 000 dollars le salaire du Portugais qui est donc passé de 70 000 dollars mensuels à 50 000 dollars. Pour la simple raison « qu'elle ne pouvait plus se permettre (de payer) son précédent salaire », a alors révélé la BBC.

A partir de cet instant, José Peseiro dont le contrat expirait après la CAN 2023, a pris la décision de quitter son poste peu importe le parcours des Super Eagles. Le technicien portugais était arrivé à la CAN avec plusieurs mois de salaires impayés. La question lui a même été posée lors de sa conférence de presse d’avant-match avant l’entrée en lice du Nigeria face à la Guinée Equatoriale, mais il a tenté d’éteindre l’incendie. 

« L’argent et les primes devraient être le dernier sujet de discussion ; nous avons d’abord besoin de bons résultats. Nous avons tous besoin d’argent, mais l’argent est le dernier sujet de discussion. Je ne discute pas de mon salaire ni de mes primes avec les médias », avait alors déminé José Peseiro, comme relayé par Pulse Sports. Mais ce désintérêt apparent pour sa situation salariale cachait un indice annonciateur d’une fin de collaboration prochaine que beaucoup ont compris tardivement.

En mars 2024, soit un mois après la médaille d’argent à la CAN 2023, José Peseiro a annoncé son départ sur les réseaux sociaux. La Fédération qui n’en pouvait plus de son salaire même si les résultats parlaient pour lui, n’a pas non plus chercher à convaincre le Lusitanien à continuer son travail. Six mois après, lors d’une Assemblée générale de la CAF à Abidjan, ce dernier a dévoilé les raisons de cette décision.

 « J’avais le soutien de mon staff et mes joueurs donnaient le meilleur d’eux-mêmes, mais ça n’a pas suffi. Il y avait trop de stress. Je voulais gagner la CAN pour les supporters, le gouvernement, pour tout le monde, mais avant même le début du tournoi, j’avais déjà décidé de partir. Même si j’avais remporté le trophée, je serais quand même parti », a révélé Peseiro, dans des propos rapportés par Brila. Le départ de José Peseiro a laissé la place au clientélisme habituel et au népotisme souvent décrié au sein de la Fédération nigeriane.

La NFF, une Fédération qui divise

Après le départ de José Peseiro, la Fédération nigeriane est retournée à ses habitudes, celles du placement de pions. Ainsi, Augustine Eguavoen, directeur technique, a été (r)appelé pour gérer la trêve du mois de mars 2024, lui qui a déjà joué les pompiers après le limogeage de Gernot Rohr juste avant la CAN 2021 au Cameroun. Mais la liste a été concoctée par la Fédération elle-même. La décision de laisser partir José Peseiro ayant fait de nombreux déçus au sein de la sélection, cette première trêve après la CAN 2023 a été une nouvelle catastrophe, le début d’une longue descente aux enfers. Le Nigeria a perdu ses deux matchs amicaux, respectivement face au Ghana (1-2) et au Mali (0-2) d’un certain…Eric Chelle.

L’idée de maintenir Augustine Eguavoen a été rapidement balayée. C’est ainsi qu’en avril, la NFF a confié les rênes de la sélection à George Finidi qui a été adjoint de José Peseiro. Deux mois après, soit en juin 2024, les 3e et 4e journées des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 avaient lieu. Le Nigeria affrontait l’Afrique du Sud et le Bénin. Résultat, un nul (1-1) face aux Bafana Bafana et une défaite (0-2) face aux Guépards. Les Super Eagles avaient donc 3 points sur 12 possibles après 4 journées.

Conséquence, George Finidi a été remercié et Augustine Eguavoen, encore lui, rappelé. C’est ce dernier qui a dirigé les éliminatoires condensées de la CAN 2025 et assuré la qualification au Nigeria. Pour une première fois depuis la CAN en Côte d’Ivoire, les Super Eagles ont retrouvé des couleurs, mais Eguavoen va retourner dans son cocon fin 2024, laissant la place à Eric Chelle, nommé sélectionneur en janvier 2025. Ce dernier a redynamisé le groupe nigérian et les résultats suivaient jusqu’à ce que les barrages de la Coupe du monde ne réveillent les vieux démons.

Une grève à 24h d’un match décisif

Le 12 novembre dernier, alors qu’ils étaient en rassemblement au Maroc pour les barrages de la Coupe du monde 2026, les Super Eagles, miraculeusement qualifiés pour ce dernier tour éliminatoire sur le continent, ont lancé un mouvement de grève à Rabat. La raison, ces derniers réclamaient des primes non versées depuis 2019.

Après des heures de tensions et un refus de s’entraîner, les choses sont revenues à la normale et la Fédération a réglé la facture. Si les effets de cette distraction ne se sont pas fait voir face au Gabon (victoire 4-1), ils ont rattrapé le Nigeria face à la RD Congo, une bien meilleure opposition et qui a fait dans la continuité avec Sébastien Desabre après la Coupe d’Afrique des Nations en Côte d’Ivoire où les Léopards ont terminé 4es. 

Les Super Eagles ont été éliminés aux tirs au but (1-1 ; 4-3) et la sortie à la mi-temps de Victor Osimhen, touché aux ischio-jambiers, ne peut être la seule cause de cet échec. Une grosse désillusion qui n’a rien à voir avec un problème de joueur, mais qui tire ses origines d’une gestion administrative catastrophique de la NFF. Une fédération qui a besoin de reformes structurantes, notamment statutaires afin de favoriser une gouvernance transparente et efficace pour un avenir meilleur du football nigérian. 

De cette génération, seuls William Troost-Ekong, Wilfred Ndidi, Alex Iwobi et Chidozie Awaziem ont disputé la Coupe du monde, lors de l’édition 2018 en Russie. La plupart, comme Victor Osimhen auront 30 ans en 2030, prochaine édition de la Coupe du monde, et rien n’assure que le Nigeria se qualifiera. Tout une génération pourrait donc ne pas connaître le bonheur de disputer cette compétition par la faute des dirigeants aux intérêts partisans et égoïstes. 

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