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6H de Dakar : dans les coulisses de la 40e édition

Les frères Jeremy et Yoann Azar associés à Eliott Ezzedine ont conservé leur titre en remportant les 6H de Dakar dimanche 12 mars. L’équipage le plus jeune du plateau a fait étonnamment preuve d’une maturité déconcertante pour enlever cette 40ème édition d’une course d’endurance pas comme les autres, sur un circuit atypique.

6H de Dakar 40e édition
Les 6H de Dakar

De Colombani à Dakar - Baobabs

Sindia, cette localité située à 60 KM au sud de Dakar, accueille depuis 2008 les 6H de Dakar. Il est 10h20, quand le départ est donné depuis un quart d’heure. Le soleil impose déjà sa loi aux centaines de spectateurs qui n’auraient pour rien au monde raté cette course mythique ; bien loin de son circuit de naissance de Colombani (construit en 1952), érigé entre l’échangeur de Hann et le rond-point de la Patte d’Oie qui a construit sa renommée.

Même loin de son milieu naturel, la course des 6H de Dakar garde encore son charme et un intérêt sportif sur ce circuit Dakar-Baobabs de Sindia. Érigé sur une surface de 80 hectares au milieu de la savane entre les baobabs, ce circuit de 4,7 KM possède de beaux atouts avec ses 21 virages. Ses infrastructures hors du commun avec sa tour de contrôle, ses stands, ses équipements sanitaires et restaurants rappellent l’architecture vernaculaire de certains royaumes du Mali. Premier circuit permanent d’Afrique de l’Ouest, Dakar - Baobabs est homologué par la Fédération internationale des sports automobiles.

Le match Belgique vs Sénégal

Peut-être parce que le circuit de Dakar - Baobabs est la propriété de ressortissants belges passionnés de courses automobiles, les 6H de Dakar demeure une épreuve très prisée par les pilotes du royaume de Philippe de Belgique. Sur les 25 équipages de cette 40ème édition, 8 sont belges. Les Sénégalais relèvent toujours le challenge dans ce domaine en alignant 13 équipages 100% sénégalais et un 14ème sénégalo-mauritanien. Lucia Sirianni, pilote venant de Belgique est l’une des six femmes du plateau cette année.

Elle vient de finir un long relai dans cette 2ème journée de course sous une chaleur accablante. «Je ne me sens pas du tout lessivé, juste déçue parce que je n’ai pas eu les bons pneus sur la voiture pour pouvoir attaquer, a-t-elle réagi au micro de SNA. Mais sinon je me sens bien, il fait moins chaud qu’hier (ndlr, samedi), je me suis bien hydratée. Le plus dur pour moi qui suis nouvelle ça a été de gérer le trafic, avoir les bonnes trajectoires, jauger les autres derrière… Cette course est géniale. C’est un beau circuit, un beau tracé et avec les pilotes nous sommes une belle famille», a confié celle qui est associée à son parrain José Close sur la Toyota Yaris numéro 71 et dont le papa est mécanicien.

Awa Dione, elle, est la régionale de l’étape. Les courses automobiles, les 6H de Dakar, ce circuit, elle les connaît par cœur. Cette année, elle a décidé de chaperonner deux jeunes pilotes qui découvraient la course. «Ça a été une belle course avec beaucoup d’équipages. Ça relance les 6H de Dakar, se réjouit-elle. Je ne suis pas du tout déçue (20ème, ndlr), je fais partie des anciennes et j’avais avec moi deux jeunes pilotes qui n’avaient jamais tourné ici. Je suis contente parce que je cherche à pousser les jeunes à faire cette épreuve», s’est-elle réjouie.

L’une des doyennes du circuit a donné des sueurs froides à sa fille, Célia, au bord de la crise de nerfs dans la pit lane. Sa maman a utilisé une vieille astuce pour garder l’engin sur la piste et rallier la ligne d’arrivée. «J’ai un peu stressé sur la journée d’hier (samedi), reconnaît-elle. D’ailleurs j’ai eu une montée de tension parce que lorsqu’on vous annonce que vous n’avez plus de frein, vous n’êtes pas enclin à aller tourner. Puis on m’a dit : tu n’as qu’à pomper sur les virages (rires). Bah c’est exactement ce que j’ai fait. Au début de la course les freins étaient bons et cette 2ème journée était une journée sans frein. Donc il fallait faire très attention parce que c’est dangereux car on arrive très vite sur les virages et on peut vite terminer dans le décor», a-t-elle confié.

Équipage Porsche numéro 02, vainqueur 6H de Dakar 2023
Équipage Porsche numéro 02, vainqueur 6H de Dakar 2023

Les 6H Dakar et ses hommes de l’ombre

Lorsque vous êtes dans les paddocks du circuit de Sindia, il vous arrive d’entendre un bruit assourdissant donnant l’impression d’une alarme de vieilles usines de campagne. Daouda Ciss est le responsable de la sirène. «Quand j’aperçois une voiture qui rentre dans la pit lane, j’active la sirène et les gens ne doivent plus traverser la voie des stands par sécurité, explique-t-il. Quand les nouveaux ne s’arrêtent pas au son de la sirène, je me sers alors de ce sifflet. Ça rappelle aussi au pilote qu’il doit respecter une limitation de vitesse à l’entrée de cette pit lane», a rappelé ce quinquagénaire qui vit à Ndayane, pas loin de Sindia.

Les 6H de Dakar c’est aussi ces hommes de l’ombre qui sans eux, aucune victoire ne serait célébrée. «Patoche» est un de ses indispensables d’une victoire en course automobile. Patrice Hoet de son vrai nom, est le mécanicien de l’équipage vainqueur de cette édition 40 des 6H. «Le plus stressant c’est pendant 6 heures, deux fois 3 heures, quand la voiture passe à chaque tour, on se dit qu’elle va avoir un problème. Jusqu’à la dernière minute, on peut casser des pièces dans le dernier virage, révèle Patoche, fière de ses poulains. Nos pilotes ont super bien roulé. À part Jeremy, c’était la première fois pour Yoann et Eliott. Ils ont très bien roulé et je pense que l’an prochain, ils vont encore s’améliorer», espère-t-il.

Les déboires d’Abdou Thiam, le triomphe de la jeunesse

En piste, Abdou Thiam sur la Formula X numéro 221 s’est emparé de la tête de la course devant le trio des frères Jeremy et Yoann Azar associé à Eliott Ezzedine. Ces derniers étaient leaders à l’entame de cette 2ème et dernière journée. Le solitaire Abdou Thiam voit ses espoirs d’un premier titre sur ce circuit ruiné par des ennuis mécaniques. Au stand, alors que les mécaniciens s’activent sur son bolide, difficile pour lui de cacher son désarroi. Réconforté par ses proches et amis, celui qui est également président de la Fédération sénégalaise de sport auto et moto n’arrive pas à y croire. Se rendant même devant l’écran du leaderboard où il dégringole jusqu’au pied du podium.

Des mésaventures dont vont profiter Jeremy, Yoann et Eliott. Les tenants du titre ont géré de main de maître ces deux journées pour conserver leur graal malgré leur jeunesse (25, 22 et 20 ans). «Je ressens de la fierté après cette victoire parce que j’ai roulé avec mes deux petits frères. Mon frère de sang et mon frère d’adoption (Eliott Ezzedine). Ils se sont bien débrouillés, ils ont fait le job pour défendre ce titre face à un concurrent qui avait une voiture très rapide. Nous avions prévu de gérer notre course samedi et ensuite d'attaquer le dimanche. Malheureusement nôtre concurrent direct a dû abandonner mais c’est la course, on a aussi déjà connu ça. On a réussi à ramener la voiture et on est très content», a réagi Jeremy Azar au micro de SNA à l’issue de la course.

Même à 60 KM de ce qui a fait sa renommée, loin des habitudes de lendemain de course, les 6H de Dakar continue de susciter pas mal d’intérêt auprès des férus de sports automobiles et de vitesse. Même si les vrombissements de Sindia ne parviennent plus aux oreilles des plus de 50 ans dont la jeunesse a été bercée par la rivalité Lablanche / Dumoulin ou encore de Daniel Thiaw, héros local parmi les blancs dans les années 1970, les 6H reste une course de légende qui a besoin de faire sa mue pour attirer de futurs Schumacher.

Moustapha M. SADIO

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