Les judokas congolais vont-ils enfin fumer le calumet de la paix à l’effet de sonner le glas de la crise qui secoue la Fédération congolaise de judo et disciplines associées (FECOJUDA) ? C’est en tout cas l’optimisme que nourrit l’actuel patron de l’instance. Trois questions à Marien Ngouabi Ikama pour rassurer.
De notre correspondant au Congo
Sportnewsafrica : Premier combat, premier échec. Le 43ème championnat d’Afrique de judo qui s’est tenu du 26 au 29 mai à Oran n’a pas souri au représentant congolais, Octave Régis Gambie. Que s’est-il passé ?
Marien Ikama : Octave Régis Gambie dès son premier combat a croisé un adversaire professionnel qui est deux fois champion de sa catégorie. Donc, un habitué de la haute compétition et il s’est très bien préparé puisque le championnat s’est tenu dans son pays en Algérie. Ce qui n’a pas été le cas pour notre athlète qui y participait pour la première fois. Il faut également souligner que les conditions de préparation ne lui ont pas été favorables. Il n’a pas du tout eu suffisamment le temps de se mettre en condition de sa meilleure performance à cause du problème de sa prise en charge vu qu’il vit en France.
Vous savez, pour faire la haute compétition, il faut au moins six mois de préparation pour que l’athlète arrive à un niveau que l’on pourra espérer à un bon résultat. Là, on est sûr de gagner une médaille. Etant donné que la Fédération accuse un problème de moyens financiers, nous n’avons pas pu le mettre en temps réel dans les conditions optimales pour qu’il effectue une très bonne préparation. Toutefois, loin d’en faire une excuse, nous sortons d’Oran avec une note de satisfaction puisqu’il fallait à tout prix participer à cette compétition. Et avec les moyens du bord, nous y avons quand même participé.
C’est, à s’y méprendre, symptomatique des maux dont souffre le judo congolais. Quelles sont les politiques que vous mettez en œuvre pour essayer de faire bouger les lignes ?
Marien Ikama : Il faut commencer par la formation. À Oran, le directeur sportif de la Fédération internationale de judo, monsieur Daniel Lascau qui est un expert en arbitrage et coaching avait animé un stage. Aucun arbitre congolais n’y a participé. Voilà pourquoi la Fédération congolaise de judo a pris contact avec un arbitre mondial africain pour venir animer un stage d’arbitrage et de coaching au niveau national parce que les règles ont changé. Cela permettra à nos arbitres, directeurs techniques des clubs, entraîneurs et coaches de s’imprégner de nouvelles règles afin de mieux orienter les athlètes.
Tout ceci montre que nous essayons dès maintenant de créer les conditions pour mettre les athlètes dans le bain afin de mieux préparer les prochaines échéances, tels que les Jeux de la Francophonie, les Jeux Africains et les Jeux Olympiques de 2024 en France.
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Un des handicaps du judo congolais, c’est l’interminable crise qui secoue la fédération depuis des années. Bien que vous tiriez votre légitimité des instances internationales, les institutions de votre pays ne semblent pas en odeur de sainteté avec vous. Jusqu’à quand ?
Marien Ikama : Vu la situation de crise qui prévaut au sein du judo congolais, la Fédération internationale de judo (FIJ) qui est notre tutelle a pensé annuler l’élection du 17 février 2021 pour répondre aux préoccupations du ministère des Sports et du comité olympique étant donné qu’ils n’étaient pas présents dans la salle lorsque j’ai été réélu. Conformément aux travaux menés par le Comité de normalisation suivant l’article 49 des statuts de la FECOJUDA, les 24 clubs affiliés, reconnus par la FIJ et l’Union africaine de judo (UAJ) prendront part à la nouvelle élection qui se tiendra au plus tard le 15 août 2022. Au cas où ces élections ne pourraient se tenir dans le délai, la FIJ serait contrainte de suspendre la Fédération congolaise de judo, jusqu’à ce que la nouvelle fédération soit installée.
Je profite de l’occasion pour inviter chaque président de fédération à faire valoir les traités et conventions ratifiés, la constitution congolaise, la loi de 1901, la charte olympique, les statuts et règlement intérieur des fédérations internationales et nationales, ainsi que la loi 2000 pour mieux éclairer la lanterne du ministère des Sports. Puisque ces présidents sont chacun dans sa discipline sportive particulière des conseillers spéciaux du ministre des Sports. Sans le respect de ces instruments juridiques, le sport ne pourra jamais se développer au Congo.