Dans un entretien accordé à BBC Sport Africa, Ater Majok revient sur sa carrière. International libanais, le pivot de 35 ans reste très attaché à son pays d'origine le Soudan du Sud. Il a fui sa terre natale en 1992 en raison de la guerre civile. Et la pratique du basketball a eu un impact considérable sur sa vie.
Ater Majok est une figure incontournable du Basketball notamment de la BAL. Né au Soudan, Majok défend pourtant les couleurs du Liban sur le plan international. Le pivot a été en effet contraint de fuir son pays en raison de la guerre civile en 1992. Et la balle orange a complètement changé sa vie.
« En grandissant, cela (le basket-ball) m'a sauvé la vie et cela m'a donné un but dans la vie, a confié Majok à BBC Sport Africa. Quand tu grandis en tant que réfugié et que tu vas dans un nouveau pays, tu vas avoir des difficultés, beaucoup d'enfants finissent dans la rue. »
Il ajoute. « J'ai vu des enfants mourir, j'ai vu des enfants aller en prison, j'ai vu des enfants être impliqués dans des activités illégales, et beaucoup de mes amis ont emprunté cette voie. Si je n'avais pas eu de basket-ball, j'aurais pu être facilement persuadé d'emprunter cette voie. »
Majok et sa famille se sont retrouvés dans un camp de réfugiés en Égypte pendant 8 ans. Le Soudanais n'était pas encore attiré par la balle orange. Puisqu’au pays des pharaons c’est le football qui domine. « En Égypte, je détestais le basket. Tout était question de football et de volley-ball. Cela n'avait aucun sens pour moi », se souvient Majok.
Il quitte quitte l’Egypte pour l’Australie notamment Sydney. A 16 ans, il entre en contact avec la balle orange. « Mon premier jour en Australie, mon cousin s'est présenté chez moi avec un entraîneur. Il a dit : 'tu vas jouer au basket, tu fais 1m80, donc tu dois jouer au basket, oublie le foot ».
C’est le début d’une belle histoire d’amour. Mais, c’est en 2004 qu’il commence à véritablement pratiquer le basketball lorsqu'il débarque aux Etats-Unis. Il raconte : « Au fur et à mesure que je continuais, j'ai commencé à l'aimer, mais ce n'est que lorsque je suis allé aux États-Unis et que j'ai joué dans des tournois que j'en suis tombé amoureux parce que j'ai vu ce que le basket pouvait faire pour moi. »
Il poursuit : « J'ai eu l'opportunité d'aller à l'université et j'ai (pensé) : 'Je peux obtenir tout cela parce que je peux dribbler avec le ballon, je peux marquer ?'."C'est à ce moment-là que j'ai commencé à acheter le système. »
Majok est recruté par le Connecticut pour jouer au basket universitaire grâce à une bourse avant de commencer sa carrière professionnelle en 2010. Il est par la suite drafté par les Los Angeles Lakers en 2011 en tant que 58e choix. Mais il n'a malheureusement pas pu jouer en NBA pour sa première saison. Mais il fait quatre apparitions lorsqu'il a été signé à nouveau en 2014.
Majok quitte le pays de l'oncle Sam pour le Liban. En 2016, il choisit d'ailleurs de représenter l'État du Moyen-Orient sur la scène internationale. « Le Soudan du Sud n'avait pas d'équipe à l'époque, et l'équipe australienne était empilée », explique-t-il.
Bien qu’il défende les couleurs du Liban, Majok est fortement attaché à son pays d’origine, le Soudan du Sud. Les Bright Stars vont d’ailleurs la Coupe du monde de basket pour la première fois de son histoire. Une belle occasion pour ce pays d'Afrique de l'est, déchiré par la guerre civile. « Les gens ne le voient peut-être pas tout de suite, mais la qualification pour la Coupe du monde unit les gens au Soudan du Sud, a soutenu Majok. Il y a eu beaucoup de traumatismes, beaucoup de problèmes politiques, mais maintenant, quand les gens vont regarder le match, tout le monde se donne la main et soutient le Soudan du Sud, cela comble les lacunes que les gens ont dans le pays. »
Lorsque la Basketball Africa League (BAL) a débuté, Majok a sauté sur l'occasion pour revenir en Afrique. Il s'est ainsi engagé avec l'équipe tunisienne de l'US Monastir. Majok a aidé son équipe à prendre la deuxième place lors de la première saison avant de remporter la BAL en 2022. Cette année, il a terminé quatrième avec le Petro de Luanda. « BAL a donné à beaucoup de joueurs l'opportunité de revenir du Moyen-Orient, d'Asie et de tous ces différents pays, et de jouer sur le continent. »