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BAL avec Ian Mahinmi

La démarche alerte, comme du temps où il faisait le ménage sous la peinture des lices parquets de la NBA, sa taille (2m11) fait certes peur mais Ian Mahinmi vous rassure vite par son sourire légendaire. Décontracté, d’un commerce facile, avec l’ancien des Wizards de Washington, on ne s’ennuie pas. Ce bonhomme est un vrai «open minded» et ne refuse pas la discussion. Un esprit transversal dira-t-on. Trouvé dans un hôtel de la place à Abidjan, Sport News Africa a échangé avec l’Ambassadeur de la Basketball Africa League (BAL). Le projet, les chantiers futurs, la progression des clubs locaux, la formation des entraîneurs, les difficultés des sélections africaines à franchir le Cap des 8es de finale à la Coupe du monde, Ian Mahinmi se livre.

Magneto…

Ian Mahinmi

Sport News Africa : Ian, vous êtes actuellement en Côte d'Ivoire. Et quand on parle de ce pays actuellement, on a forcément la CAN en tête. Vous qui êtes une ancienne star de la NBA qui se retrouve au coeur du ballon rond. Coïncidence ou pas (NDLR : l'interview est réalisée à la veille de la demi-finale entre la Côte d'Ivoire et la RDCongo) ?

Ian Mahinmi : C'est une coïncidence. Et pour la petite histoire, je suis venu au tirage au sort, il y a deux mois, à Abidjan. Mais une CAN est un grand rendez-vous sportif avant d'être juste un  rendez-vous de foot. Ce n'est pas parce que je suis basketteur que ces genres d'évènements ne m'intéressent pas. Du point de vue de l'organisation, au plan sportif, comment vivre toutes ces émotions m'intéresse, car c'est important.

Avez-vous un coup de coeur parmi les 24 sélections qualifiées dans cette CAN 202 ?

Ian Mahinmi : Il y a une équipe qui regroupe à mes yeux toutes les qualités qu'il faut pour gagner ces genres de compétition. Et c'est la Côte d'Ivoire. En tant qu'athlète, ce n'est pas dès fois une question de talent mais il est plutôt question de momentum. Et la Côte d'Ivoire a  tout vécu sur une courte période en terme d'émotions. Cela permet d'emmagasiner de l'expérience mais surtout de la confiance. Et pour moi, il n' y a aucune équipe parmi les quatre demi-finalistes qui soit mieux équipée que la Côte d'Ivoire à gagner ce trophée.

Vous êtes ambassadeur de la BAL et vous préparez un grand évènement qui va se passer à Abidjan. C'est quoi exactement ?

Ian Mahinmi : A chaque que je viens à Abidjan, j'essaie de passer au siège de la FIBA. C'est une étape importante pour toute personne qui est dans l'écosystème du basket. Donc, je suis là pour travailler avec les personnes ressources sur le développement du basket africain. En plus, on est à l'aube de la 4ème saison de la Basketball Africa League (BAL).

Justement, cette saison, on sera à la 4ème édition de la BAL et selon vous quels sont les axes majeurs sur lesquels, avez-vous progressé dans la compétition en tant qu'ambassadeur doublé d'une casquette d'observateur ?

Ian Mahinmi : Pour nous, la grande innovation qui fera de cette 4ème saison inédite, c'est l'ajout d'une conférence dénommée Kalahari (Afrique du Sud). Cela va augmenter le nombre de matches. On passe maintenant d'une trentaine de matches à une quarantaine de rencontres. On mettra aussi la lumière sur toute la région sud-africaine.

Ne craignez-vous pas que la BAL enterre l'Afrobasket comme beaucoup d'observateurs de la balle orange le pensent ?

Ian Mahinmi : Il ne faut pas voir cela sous cet angle. La BAL veut mieux structurer le basket africain. Il faut que nous tous, on se rallie derrière la BAL. Il n' y a pas de compétition entre la BAL et l'Afrobasket. On est là pour construire le basket africain mais également son industrie. L'objectif, c'est stimuler l'excellence pour qu'on ait de bons joueurs, de bons coaches, de bons journalistes, de bons créateurs de contenu. Et ce sont les aspirations de la BAL.

«L'une des missions de la BAL est de mieux structurer et de faire grandir le basket en Afrique. Et cela passe effectivement par la formation des entraineurs. Nous faisons des coachs clinics en ligne ou en présentiel ouverts à tous les entraineurs  depuis la saison 1»

 

On peut dire que ces équipes qui participent à la BAL ont plus de bouteille qu'avant...

Ian Mahinmi : Bien sûr. Il faut prendre la BAL comme le sommet de la pyramide. La BAL doit donner une source d'inspiration non seulement aux clubs mais aux Gouvernements. Et aussi toutes les instances, les privés qui ont envie de pousser l'industrie du sport. Quand l'équipe locale revient de la BAL, tous les clubs du championnat veulent aussi connaitre une telle expérience. En plus, quand on voit tout ce que cette compétition apporte à l'économie rwandaise, cela donne des idées à d'autres Chefs d'Etats de se dire pourquoi pas nous aussi d'accueillir  la BAL. Et c'est ce qui s'est passé exactement en Afrique du Sud cette année.

Est-ce que les clinics de basket qui sont souvent organisés sont aussi une des politiques de la BAL ?

Ian Mahinmi : C'est une des missions de la BAL et de la NBA Afrique en général. Chez nous, on a la BAL 4 Her. C'est un programme en faveur du basketball féminin offrant à des jeunes femmes des opportunités sur (au travers de camps basketball à destination de joueuses de basketball de talents) et en dehors du terrain avec un programme de mentoring pour des jeunes associées avec des professionnelles du basket aux USA et en Afrique du Sud. Quant au programme BAL advance, c'est un programme permettant aux basketteurs en activité de construire leur après carrière. L'une des missions de la BAL aussi, est de mieux structurer et de faire grandir le basket en Afrique. Et cela passe effectivement par la formation des entraineurs. Nous faisons des coachs clinics en ligne ou en présentiel ouverts à tous les entraineurs désireux de se former depuis la saison 1.

Dans le futur, vous comptez mettre le curseur dans quel domaine ?

Ian Mahinmi : On est une ligue assez jeune. Pour les axes, on en a déjà beaucoup. On veut donner plus d'arguments aux coaches, aux arbitres, aux créateurs de contenus, aux marketeurs à travers un programme qui s'appelle FUTURE PROS. Il n' y pas de que ça. Cette année, il y a aussi le programme de YOUNG PROS dont je suis l'ambassadeur.

«On veut donner plus d'arguments aux coaches, aux arbitres, aux créateurs de contenus, aux marketeurs à travers un programme qui s'appelle FUTURE PROS»

 

Pensez-vous aussi au futur des coaches puisqu'on ne peut faire le basket sans les entraîneurs ?

Ian Mahinmi : Je suis d'accord. Mais il faut noter par contre que depuis la BAL saison 1, on fait des coaching clinics. On ramène des coaches NBA qui exposent leur philosophie devant une centaine d'entraîneurs. Et ce n'est pas quelque chose de ponctuel. Tout au long de l'année, il y a des clinics qui sont organisés en présentiel ou en ligne. Nous avons également un programme qui permet à une vingtaine de coachs sélectionnés de partir pendant la Summer League et d'être intégrés à une équipe NBA. Le partage de connaissance et la transmission envers les coachs africains est clé pour nous.

Comment voyez-vous le basket africain qui peine à dépasser le stade des 8es de finale à la Coupe du monde. Qu'est-ce qui manque aux sélections du continent ?

Ian Mahinmi : Il manque un peu d'expérience. L'année dernière (Mondial 2023) est révélatrice. On a un Championnat du monde où la Team USA n'est même pas sur le podium. Allemagne, Serbie et Canada sont devant les Américains. C'est pour dire que le basket est maintenant devenu mondial. Et dans cette mondialisation, l'Afrique est en marche. On des pays comme le Soudan du Sud qui se qualifie pour le Mondial en plus pour les Jeux Olympiques. Des pays comme le Cap-Vert qui gagne des matches de Coupe du monde. Il y a aussi la Côte d'Ivoire et l'Angola qui gagnent aussi des rencontres. Cela veut dire qu'il y a une belle dynamique du basketball africain.

 Une remarque faite parmi les Africains qui jouent en NBA, on constate qu'il y a énormément de pivots...

Ian Mahinmi : Je pense pendant longtemps, les scouts NBA ont regardé l'Afrique pour son potentiel athlétique. Et comme Masai Ujiri (NDLR : manager général des Raptors) le dit, on a des gants africains. Un moment donné, on venait chercher la taille, les capacités athlétiques. Sauf que maintenant, les choses ont changé. Je vais vous donner un exemple. L'année dernière, j'étais en Afrique du Sud pour le BWB (Basketball Without Borders), on avait plus d'ailiers que d'intérieurs. On a maintenant des meneurs qui n'ont rien à envier aux meneurs qu'on peu voir en Europe ou ailleurs. Parce qu'ils ont désormais le Ball handling, ils ont le shoot. On a un peu casser ces barrières.

 

 Entretien réalisé par Jim CEESAY à Abidjan

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