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Un nombre croissant de joueurs binationaux choisissent de représenter une nation africaine plutôt qu’une nation européenne. Ce phénomène, autrefois plus rare et souvent opéré en fin de carrière, touche aujourd’hui des jeunes joueurs talentueux qui n’hésitent plus à faire ce choix très tôt.
Ces dernières années, un phénomène s’est très nettement accéléré : de plus en plus de joueurs binationaux, formés en Europe, choisissent de représenter leur pays d’origine plutôt que leur pays de naissance. Brahim Diaz (Maroc), Inaki Williams (Ghana), Assane Diao (Sénégal), Ibrahim Maza (Algérie)… La liste ne cesse de s’allonger. Autrefois, ces décisions intervenaient en fin de carrière, avec des joueurs trentenaires, quand intégrer une sélection européenne devenait incertain, voire impossible.
Aujourd’hui, elles sont prises de plus en plus jeunes, témoignant d’un changement de mentalité profond, où l’aspect identitaire et sociétal semble prendre le pas sur la seule logique sportive. Comment expliquer cette évolution ? Quels sont les enjeux pour les fédérations, les joueurs et les pays concernés ?
Les sélections européennes en quête de solutions
Face à cette tendance, plusieurs fédérations européennes commencent à s’inquiéter. Elles investissent dans la formation des jeunes joueurs, les intègrent dans leurs équipes de jeunes, espérant les voir intégrer un jour la sélection A… avant de les voir partir pour une équipe africaine à leur grand désarroi.
Lire aussi : Les binationaux africains au centre de la géopolitique des talents sportifs
Le cas de Lamine Yamal est emblématique : né en Espagne de parents marocains et équato-guinéens, il a failli opter pour le Maroc avant d’être convaincu de représenter l’Espagne. Un enjeu stratégique pour les sélections européennes, qui cherchent désormais à sécuriser leurs talents le plus tôt possible, alors que la question des joueurs binationaux n'a jamais autant été évoquée que durant cette trêve internationale de mars.
Vincent Mannaert, directeur technique national de la Belgique, plaide pour une réforme de la FIFA alors que les Diables Rouges ont dernièrement vu Chemsedine Talbi ou encore Ilay Camara rejoindre les rangs du Maroc et du Sénégal. Des défections alors que la sélection belge est en passe de connaître une période creuse et ne dispose pas du vivier d'autres nations . « Tu peux jouer pour la Belgique une fois puis partir pour une autre sélection. Chez nous, un joueur peut signer son premier contrat pro à 15 ans. Pourquoi ne pourrait-il pas prendre une décision pour sa nationalité sportive à sa majorité ? Et avoir 30 jours pour le faire ? », questionne t-il, avant de fustiger : « Dans certains pays, il ne faut que quelques mois pour obtenir une nationalité. Dans d'autres, il faut cinq ans. La FIFA doit adapter ses règlements. »
Cette proposition du DTN viserait ainsi à limiter le phénomène des joueurs formés en Europe mais qui finissent par choisir une autre sélection. Mais peut-on légitimement et légalement pousser des joueurs de moins de 16 ans à faire un tel choix alors qu'ils n'en sont qu'au crépuscule de leur carrière ?
Le Maroc, modèle d’efficacité
Si certaines nations européennes peinent à retenir leurs talents, d’autres, comme le Maroc, ont su structurer une stratégie efficace pour attirer les binationaux. Avec la Coupe du monde 2030 en ligne de mire, la Fédération marocaine a investi massivement dans le scouting et l’accompagnement des jeunes talents. Un dispositif qui porte ses fruits : lors du Mondial 2022, 14 des 26 joueurs marocains étaient nés à l’étranger. Et depuis, plusieurs jeunes joueurs binationaux ont fait les démarches de changement de nationalité sportive pour rejoindre les Lions de l'Atlas ou leurs sélections de jeunes.
Pour Mohamed Slim Ben Othman, ancien directeur sportif de la sélection tunisienne, tout repose sur le projet fédéral mis en place. « Il ne suffit pas de détecter les joueurs, il faut les convaincre avec un projet sportif solide. Quand les binationaux voient que d’autres ont réussi dans la sélection, ils sont plus enclins à faire le choix », confie-t-il.
Et si les résultats sportifs des sélections africaines jouent un rôle, à l'instar de la place de demi-finaliste du Maroc au Mondial 2022 qui a créé un appel d’air, d’autres éléments entrent en ligne de compte.
L’héritage familial et l’identité et tensions sociales en Europe
« Je n'avais qu'un seul choix en tête, et c'était l'Algérie. C'est le choix du cœur, sans hésiter. Mes parents sont algériens, et si j'avais eu le choix entre la France et l'Algérie, c'est sûr et certain que j'aurais choisi l'Algérie », confiait Anis Hadj Moussa, attaquant franco-algérien du Feyenoord, dans un récent entretien à beIN Sports. Preuve que pour de nombreux joueurs binationaux, représenter le pays de leurs parents est un honneur, un moyen de rendre hommage à leurs origines. Le lien affectif avec la terre d’origine reste puissant, même pour ceux qui n’y ont jamais vécu.
Dans le climat social et sociétal occidental, les prises de position récentes comme celles de la Fédération française de football (interdiction du jeûne pendant le Ramadan en sélection, débats sur le port du voile dans le sport) créent du doute chez certains joueurs musulmans. Certains y voient un manque de considération pour leur culture et leur foi, renforçant ainsi leur attachement aux sélections africaines, perçues comme plus inclusives sur ces questions.
Mais dans le même temps, rejoindre une sélection africaine peut aussi être un choix pragmatique ou opportuniste selon les cas. Un joueur qui peine à s’imposer dans une sélection européenne très concurrentielle aura plus d’opportunités de jouer en Afrique, et donc de gagner en visibilité. Toutefois, cela peut aussi avoir un impact commercial. Un joueur évoluant en équipe de France ou d’Espagne bénéficie d’une exposition médiatique plus large, ce qui peut peser dans les choix de certains.
Toujours est-il que ce mouvement semble s’accélérer, porté par la montée en puissance des nations africaines et les évolutions sociétales en Europe. Et il touche des joueurs de plus en plus jeunes, qui pour certains ne sont pas encore dans la force de l'âge. Faut-il s’attendre à une nouvelle réforme de la FIFA pour encadrer ces décisions ? Ou les sélections européennes devront-elles redoubler d’efforts pour conserver leurs talents ? Une chose est sûre : le choix d’une sélection nationale n’est plus uniquement une question de football. Il est un miroir des enjeux identitaires, culturels et politiques qui traversent les sociétés d’aujourd’hui.