La Guinée s’est imposée face à la Guinée-Equatoriale (1-0) dans les dernières secondes de la rencontre pour décrocher son ticket pour les quarts de finale. 48 ans après, le Syli National remporte une rencontre en phase à élimination directe. Dans la ferveur, les supporters se disent satisfaits d’avoir brisé le plafond de verre. Ils promettent de mettre l’ambiance pour venir à bout des Léopards de la RDC au tour suivant.
De notre correspondant en Guinée
Que ce fut dur pour le Syli national. Dominatrice, en supériorité numérique une bonne partie du match, la Guinée s’est fait une frayeur. Après avoir concédé un penalty qui aurait pu voir le destin du Syli national basculer, Emilio Nsue jusque-là meilleur buteur de la compétition (5 buts), après avoir pris à contre-pied le gardien Ibrahima Koné verra son penalty échouer sur le poteau et filer en sortie de but. Une alerte, comme le signe du destin qui remobilisera Kaba Diawara et sa troupe. Après avoir été acculé, le Nzalang Nacional cédera finalement dans les derniers instants. Un coup de tête de Mohamed Bayo à la 98ème minute qui délivre tout un peuple. Dans les gradins et au sortir du stade Alassane Dramane Ouattara d’Ebimpé, la joie était totale. Aboubacar Kéita un fervent supporter du Syli national rencontré au sortir du stade était aux anges. « C’est exceptionnel ce qui nous arrive. On était passé par toutes les émotions. Du carton rouge au but de la victoire inscrit par Mohamed Bayo en passant par le pénalty manqué par Emilio Nsué, tout a défilé dans ma tête. Je me suis dis et si c’est la malédiction ? Mais heureusement c’est passé. Nous qui avions l’habitude de perdre dans les derniers instants avons gagné de la même manière. C’est une délivrance » savoure-t-il.
Ce but de Mohamed Bayo a permis de mettre un terme à une crise de plus de quarante ans sans victoire du Syli national en phase à élimination directe. Dans les rues d’Abidjan, la fête s’est poursuivie toute la nuit au rythme du slogan « Gbin Gbin So ». Mohamed Bah est né et a grandi dans la capitale économique ivoirienne. Il dit cependant ne pas oublier ses origines mêmes s’il ne s’est rendu en Guinée qu’à de rares occasions. Pour lui, son pays est au-dessus de tout. « La Guinée, c’est mon pays. J’ai l’occasion de venir supporter mon pays ici. Je le fais avec fierté à chaque fois que le Syli joue en espérant une victoire pour le sacre final. Ce qui serait historique ».
Si certains estiment que c’est un plafond de verre qui a été brisé, pour d’autres, c’est la fin d’une malédiction qui suivait l’équipe nationale depuis plus de quatre décennies. Plus de 48h après cette victoire, la tension est redescendue d’un cran. A Yamoussoukro où se trouve une grande partie de la délégation guinéenne, l’heure est aux derniers réglages. Entre répétitions et discours de motivation, les échanges sont fréquents avec toujours la même détermination. Dans les QG, l’heure est à la motivation. Entre espoir et détermination, le quotidien est rythmé de répétitions au rythme des pas de danse. Mohamed Touré est de ceux-là. « On se prépare pour que les jours de matchs nos mouvements soient en coordination. Contre la RDC, on veut donner de la voix de la première à la dernière seconde. On a une occasion en or pour changer le cours de l’histoire. Pourquoi ne pas la saisir. On est dans cette dynamique. » Ils sont des milliers à avoir rallié la Côte d’Ivoire pour la plus grande messe du football continental. Si pour certains, le trajet s’est effectué via une liaison aérienne, d’autres cependant ont emprunté la voie routière.
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Mohamed Barry qui a rallié la Côte d’Ivoire en voiture n’en revient toujours pas. « C’est incroyable ce qui se passe. J’ai l’impression d’être dans un rêve. Après avoir vécu les désillusions de 2004 face au Mali et 2006 contre le Sénégal notamment, je pense être un miraculé. Je savoure cet instant » se réjouit le quinquagénaire. Et d’enchaîner. « J’espère que cette année sera la bonne. Avec les favoris qui passent à la trappe, je crois qu’on a une occasion en or d’aller chercher ce trophée. Je crois que c’est notre belle étoile aujourd’hui » espère Mohamed Barry. Une idée partagée par Mamadou Kadjaliou Barry, coordinateur du collectif des marcheurs de Conakry-Abidjan. Partis de Guinée au mois de novembre 2023, ils ont finalement rallié la Côte d’Ivoire pour apporter leur soutien au Syli national. Pour lui, c’est leur contribution pour une bonne campagne de la Guinée en Coupe d’Afrique des Nations. « Nous avons fait ce trajet pour apporter notre soutien au Syli. Dans le stade nous donnons de la voix à nos joueurs. Et cette force nous la voyons dans leurs matchs. Face à la RDC nous pousserons notre Syli pour décrocher ce ticket historique » promet-il.
Tombeur du septuple champion d’Afrique en titre l’Egypte, la République Démocratique du Congo (RDC) se dresse sur le chemin de la Guinée en quart de finale. Rencontre prévue ce vendredi 02 février à 20h GMT. Seule rescapée du groupe C dit de la mort, la Guinée semble mieux armée que jamais. Les doutes qui entouraient le Syli national ont laissé la place à l’optimisme. La victoire face au Nzalang Nacional a fait pousser des ailes. Au point de faire des Léopards la nouvelle cible à abattre. Pour ces ambianceurs des stades, chaque match est décisif. Ils donnent de la voix pour pousser leur équipe. « On est dans une dynamique où on a pris confiance et rien ne peut nous arriver. On est à un match d’écrire une nouvelle page de notre histoire. Avec la cohésion et la détermination du groupe, on peut aller très loin. Et je pense que c’est l’occasion d’écrire une nouvelle page de l’histoire du football guinéen » espère Mohamed Sylla. Si par le passé, les deux sélections se sont côtoyées, l’avantage est du côté congolais. Lors des trois dernières confrontations, la Guinée affiche un bilan de deux défaites et un match nul. Une pression supplémentaire pour les Léopards estime Amadou Sylla. « On est dans une posture où on assume parfaitement notre rôle d’outsider. On prend du plaisir à pousser cette équipe. Dans les gradins, on va entonner le Gbin Gbin Soo pour permettre au Syli d’atteindre le dernier carré promet-il.
Mohamed Touré est un des inconditionnels du Syli. Ce supporter qui est de toutes les expéditions de la Guinée, donne de la voix depuis les gradins. Rencontré autour du thé, le jeune homme se veut plus déterminé que jamais. « La Guinée c’est notre trésor commun. On se doit de pousser les joueurs sur le terrain et c’est ce qu’on fait. On leur transmet cette énergie positive sur le terrain. Et jusque-là ils nous rendent la pareille en nous rendant heureux avec les résultats. On sera des milliers à les pousser contre la RDC à Ebimpé. Maintenant on profite de ces jours de repos pour recharger les batteries et soutenir notre équipe. Ce jour, on prendra Ebimpé en otage avec notre slogan Gbin Gbin Soo » entonne-t-il fièrement.
La Guinée affronte la République Démocratique du Congo (RDC) ce 02 février à 20h GMT. Une victoire face aux Léopards en quart de finale va permettre au Syli national d’atteindre pour la première fois le dernier carré d’une CAN depuis plus de quarante ans. Un succès qui permettra à cette génération d’écrire une nouvelle page de l’histoire du football guinéen. 48 ans après leurs aînés qui avaient terminé deuxième derrière le Maroc, la bande à Kaba Diawara a une nouvelle occasion de se faire une place de choix dans le cœur des fans du Syli.
Mamadou Gongorè DIALLO