Ancien international camerounais, Joseph-Antoine Bell se distingue aujourd’hui par son franc-parler dans les médias. Dans cet entretien exclusif accordé à Sport News Africa, le double champion d’Afrique 1984 et 1988 s’est exprimé sur l’excitation autour de la prochaine coupe d’Afrique des nations. L’ancien gardien de but a aussi fait part de son inquiétude sur l’équipe nationale du Cameroun même s’il ne les enterre pas pour autant pour le tournoi ivoirien. L'ancien portier de l'OM et de l'ASSE était de passage à Dakar dans un événement organisé par Sport Impact.
De notre correspondant à Dakar,
Joseph-Antoine Bell, nous sommes à deux mois de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire. Au vu des forces en présence, allons-nous vivre l’une des plus belles CAN de l’histoire ?
Mon expérience fait que je sais que toute compétition à venir est envisagée comme la meilleure de l’histoire. Même si les acteurs prétendus principaux, ceux que l’on voit en dernier ressort, peuvent être différents. Mais chaque compétition est organisée pour être meilleure que la précédente et des équipes préparées à la remporter. Le football ne commence pas avec les footballeurs et il est important que tous ceux qui sont avant les footballeurs fassent correctement le travail. C’est surtout de leur travail que dépend le succès de la compétition.
Parlons de la poule C du Cameroun, surnommé groupe de « la mort » avec le Sénégal, tenant du titre, la Gambie et la Guinée…
Je ne l’appellerai pas la poule de « la mort » parce qu’après tout, dans une CAN à 24 équipes, il n’y aura probablement pas plus d’un mort. Je pense qu’on aura un « mort » et trois qualifiés dans cette poule. Il faudra se battre pour prendre une de ces trois places.
C’est la seule poule où les quatre équipes étaient qualifiées en phase à élimination à la dernière CAN…
La seule mort qu’il y aura au vu de la qualité des quatre équipes qui ont franchi le premier à la CAN 2021, c’est qu’il y aura une équipe qui sera extrêmement déçue. Non pas d’être sortie, mais de faire moins bien que la précédente édition. Ça c’est garanti (rires). Donc oui, dans ce sens il y aura bien la mort dans ce groupe C.
Quelles sont les chances du Cameroun dans cette CAN, compte tenu de ses dernières sorties en octobre ?
Je ne m’aventurerai pas à faire déjà des pronostics précis. Pour la simple raison que beaucoup de choses peuvent encore se passer dans toutes les équipes entre novembre et le début du tournoi en janvier. Des pronostics sérieux, crédibles ne peuvent être faits qu’une fois les équipes auront au moins joué un match dans cette CAN, voire après la phase de poules. Seulement à ce moment-là, les équipes peuvent être jugées sur leur consistance réelle ou sur le potentiel.
Êtes-vous inquiet pour le Cameroun qui a du mal depuis la prise de fonction de Song avec un bilan de 4 succès et 7 défaites ?
Aujourd’hui avec cette personnalité que j’ai en tant que consultant à Rfi, je suis zen, je ne suis partisan d’aucune équipe, je suis partisan du jeu. Maintenant si je prends l’affaire en tant que Camerounais, j’ai des raisons d’être inquiet. Oui absolument.
Inquiet malgré cet état d’esprit typiquement camerounais qui suppose que le Cameroun est toujours fort quand la compétition démarre…
Heureusement que vous le rappelez. On ne gagne pas en étant mauvais (rires). C’est pourquoi je vous disais que l’on jugera sur le terrain. Si le moment venu ils sont bons, le passé ne compte plus. Vous gagnez avec votre présent. Mais c’est vrai que vous vous préparez pour que vous puissiez montrer ce visage de vainqueur. Le plus important reste comment ils arrivent à la compétition et ce qu’ils font à ce moment-là. Il y a des gens qui pensent à la compétition à venir, il y a ceux qui prennent des résolutions et ceux qui se projettent en imaginant le message et les méthodes de transmission de ce message aux joueurs pour construire quelque chose qui mène à la gagne.
Quelles équipes vous paraissent les mieux armées pour remporter la CAN en Côte d’Ivoire ?
Ce sont généralement les mêmes. Il faut se dire une chose. C’est difficile d’avoir un champion sorti de nulle part. Il y en a de temps en temps. Récemment le Sénégal est entré dans le cercle des champions. Ce qui le restreint davantage au lieu de l’agrandir (rires). Les chances s’amincissent pour avoir une nouvelle équipe parmi les champions. Pour les favoris à cette CAN, je dirais le Sénégal, le Maroc, l’Algérie, le Nigeria à un degré moindre. Il y aura des équipes qui peuvent jouer les trouble-fêtes. La Gambie a de quoi être un trouble-fête sérieux.
Heureusement que le premier tour sert à aller en huitièmes de finale. En réalité, il faut savoir que le premier est beaucoup moins important qu’avant. En se disant que sortir du premier tour ne vous rapproche pas vraiment de la finale comme dans le temps. Je crois qu’on a facilité un peu les choses aux uns et aux autres. Vous pouvez vous vanter d’être sorti du premier tour mais en réalité ce n’était pas difficile. La première aujourd’hui n’élimine que 6 équipes sur 24.
Par Moustapha M. SADIO