Auréolé de sa première étoile de champion d’Afrique en février 2022, le Sénégal avance comme un favori à sa propre succession dans cette CAN 2023 (13 janvier-11 février). Depuis 2008 et le doublé de l’Égypte, aucun tenant du titre n’est parvenu à conserver sa couronne. Au pays de la Téranga, l’optimisme semble prévaloir auprès des supporters et observateurs. Même si la superstition rôde autour de la malédiction du champion.
De notre correspondant au Sénégal,
Ils seront des milliers à Yamoussoukro pour pousser les Lions de la Téranga dans un groupe C des plus relevés. Les supporters sénégalais seront nombreux à faire le déplacement lors de cette 34ème édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Pas seulement à cause de l’accessibilité de la Côte d'Ivoire, mais parce qu’ils ne veulent surtout pas se faire raconter l’aventure peut-être d’un 2ème sacre d’affilée de Sadio Mané et compagnie.
Une équipe décomplexée, des fans confiants
Si l’effervescence est loin d’être palpable dans les rues de Dakar, la capitale, l’optimisme prédomine au cœur des populations. La première victoire du Sénégal à la CAN en 2022 semble toutefois avoir désinhibé tout un pays. «Je crois au back to back parce que l’équipe a gagné en maturité. Le groupe a été renforcé qualitativement et il y aura moins de pression par rapport à l’édition de 2021», explique Benjamin Sagna.
De son côté, Maïmouna justifie son optimisme par le gain d’expérience du groupe de Aliou Cissé. «Le Sénégal peut bel et bien conserver son titre en Côte d’Ivoire au vu de la qualité de l’effectif qu’on a, lance-t-elle d’emblée. Le paramètre le plus important est l’expérience acquise par certains joueurs qui sont à leur 4ème CAN et d’autres même à leur 5ème. De l’échec au 1er tour en 2015 au titre de 2022, il y a beaucoup de leçons tirées par les joueurs et le sélectionneur Aliou Cissé. Avec l’effectif renforcé par des jeunes et l’expérience des cadres, le Sénégal a de quoi rester sur le trône du football africain», ajoute cette juriste de formation.
Cet optimisme ambiant est aussi la résultante de dernières sorties réussies notamment face au Brésil (victoire par2-4) et devant la bête noire du Sénégal, le Cameroun (victoire par 1-0). La solide campagne en Coupe du monde malgré l’absence de son maître à jouer (Sadio Mané) et combinée à une invincibilité en qualifications, n’ont fait que renforcer la confiance des supporters. «Les chances du Sénégal sont réelles, car depuis le titre, les résultats sont positivement constants. Et le groupe actuel est assez équilibré, martèle Seydina Sine. Il ne faudra pas cependant oublier que la CAN est par nature très exigeante avec les tenants du titre. Depuis le Soudan en 1972, 12 champions d'Afrique ont été éliminés au 1er tour de l'édition suivante, le dernier en date étant l'Algérie en 2022.
Les premiers à rompre la malédiction du champion
Conserver son titre est devenu un exercice des plus rares dans le sport. C’est encore plus vrai dans le football africain où depuis 2010, le vainqueur de la CAN a tout le mal du monde pour défendre son bien. Pourtant au Sénégal, on semble particulièrement y croire. «Ce ne sera pas facile de réaliser le back-to-back. L’Égypte a réalisé le triplé de 2006 et 2010, mais elle a échoué à se qualifier en 2012. Depuis, aucun tenant du titre n’est parvenu en quarts de finale de l’édition suivante. Le Sénégal peut mette fin à cette malédiction. Tout comme la France championne du monde 2018 et qui s’est hissée en finale en 2022, a brisé la malédiction du champion du monde, éliminé au 1er tour de l’édition suivante», a insisté Maïmouna Ndongo.
Pour réussir à marcher sur les pas de l’Égypte, il faudra s’appuyer sur de nouveaux relais : la jeune garde, à en croire Benjamin Sagna. «C’est vrai qu’il y a de bonnes équipes mais chaque compétition avec ses réalités et surprises. C’est la raison pour laquelle je me focalise sur le potentiel de l’équipe de Aliou Cissé. Je crois que la clé pour conserver le titre c’est la jeunesse. La plupart des potentiels titulaires étaient absents au Cameroun. Alors, je suis convaincu que c’est une aubaine pour le Sénégal. Ajouter à cela l’expérience et l’esprit compétiteur des cadres comme Mané, Koulibaly, Gana Guèye, Kouyaté, je suis plus qu’optimiste », assure-t-il.
Aliou Cissé a dû se résoudre à intégrer plusieurs joueurs blessés ou convalescents dans son groupe de 27 joueurs. Des joueurs qui ont beaucoup d’influence dans les certitudes du sélectionneur sénégalais. Pas de quoi ébranler ce rêve de back-to-back des supporters. «Je ne suis pas particulièrement inquiet, loin de là. Les blessures et méformes sont, au vu de l'effectif, compensées par des profils doublés dans chaque poste. Hormis Sadio Mané qui est irremplaçable, explique Seydina Sine. J'ai foi en Aliou Cissé sur ce point car rappelons le, à la dernière CAN également, le 11 type était décimé lors des deux premiers matchs», a-t-il rappelé.
Aliou Cissé a également réussi grâce à sa longévité dans cette sélection (9 ans à la tête du Sénégal en mars 2024), à construire une Tanière ineffritable. «C’est un groupe soudé, un vestiaire sain. C’est la chance du coach d’avoir un tel groupe où les joueurs sont très amis. C’est un support sur lequel on peut bâtir. On est dans un groupe difficile (à la CAN) avec nos voisins et le Cameroun, aussi emprunté soit-il, reste redoutable en compétition» a ajouté Maïmouna Ndongo.
Moustapha M. SADIO
