Président de la Fédération de Djibouti et troisième vice-président de la Confédération africaine de football, Souleiman Hassan Waberi a subitement démissionné de sa fédération ce 7 mars 2024 après avoir été suspendu de toutes activités liées au football par le ministère de la Jeunesse et des Sports.
Par Romain Molina
Sans donner d’explication, Souleiman Waberi a fait publier une courte note de service relatant sa « décision de démissionner de ma fonction du (sic) président de la Fédération Djiboutienne de Football à compter du 07/03/2024 ».
Une surprise pour le grand public, mais pas pour les initiés du football local. « C’était certain qu’il n’allait pas durer longtemps », tranche un membre fédéral. « Depuis qu’il a réussi à faire modifier les statuts pour pouvoir se présenter à nouveau aux prochaines élections, ce n’était qu’une question de temps. »
La FIFA était venue à son aide en 2021
Élu en 2012 à la tête de la Fédération djiboutienne de football, Waberi n’a pas réellement contribué au développement du football national. Entre les conflits, les projets inachevés et un manque de transparence, le président a surtout bénéficié du travail de l’ancien sélectionneur français Julien Mette avec l’équipe nationale pour redorer un bilan peu flatteur ; les Requins ayant par exemple réussi à se qualifier pour la première fois de leur histoire à une phase de groupes dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2023.
Lire aussi : CAN 2025 : Tchad - Ile Maurice et Djibouti - Liberia en affiches
Grâce à diverses alliances politiques, et le fait de s’être retourné contre son ami, l’ancien président de la CAF, Ahmad Ahmad, il avait obtenu un poste de troisième vice-président de la CAF en 2021. Une ascension stupéfiante pour un homme qui n’avait jusqu’ici pas réellement d’appui ou de poids.
Quelques mois après sa promotion, Waberi avait demandé de l’aide à la FIFA lorsque son gouvernement, agacé par la mauvaise gestion interne - notamment sur les déplacements de l’équipe nationale -, avait commencé à s’intéresser de près aux affaires de la FDF. A la suite de menaces de suspension de la FIFA pour ingérence politique et la visite très médiatisée de la secrétaire générale de l’époque, Fatma Samoura, Waberi avait obtenu un sursis auprès des autorités nationales.
Une donation de la Fédération marocaine non répertoriée
Relativement calme, la relation entre les deux parties s’est de nouveau envenimée il y près de dix jours. Fin février, le ministère de la Jeunesse et des Sports a envoyé un courrier officiel pour demander à Waberi des explications sur deux projets non issus du programme FIFA Forward. Le premier, un terrain de football donné par la Fédération marocaine de football, et un second, une construction immobilière pour la fédération.
Sans aucune réponse, le ministère a envoyé un nouveau courrier le 4 mars pour suspendre officiellement le président de la fédération de toutes activités footballistiques. En attendant de savoir si une enquête judiciaire sera ouverte, un audit de la FDF sera conduit par le ministère qui reproche à Waberi de n’avoir averti aucune autorité concernant la donation du terrain par la fédération marocaine, notamment le ministère des Affaires Étrangères, ainsi que pour le projet immobilier. Fait également curieux, le terrain en question sert surtout à un club, l’AS Gendarmerie nationale.
Suite à la démission de Waberi, l’intérim sera assuré par le premier vice-président, Mohamed Yassin Yonis.