Après l'échec de la tenue de l'Assemblée générale de la Fédération congolaise de football, la FIFA pourrait suspendre le Congo de toutes les compétitions. Les émissaires dépêchés à Brazzaville vont envoyer leurs rapports à l'instance afin qu'elle tranche dans ce dossier qui oppose le président de la Fecofoot au ministère des Sports, ainsi qu'à certains dirigeants de clubs.
Le football congolais est au bord du gouffre. Depuis plusieurs semaines, la Fédération congolaise de football (Fecofoot) est plongée dans une crise profonde qui pourrait entraîner une suspension par la FIFA. La tension entre Jean-Guy Blaise Mayolas, président de l'instance, et le ministère des Sports du Congo, dirigé par Hugues Ngouelondélé, a atteint son paroxysme au cours des derniers jours. Les accusations de mauvaise gestion et l'intervention des autorités nationales mettent en péril la participation du Congo aux compétitions internationales.
Une intervention de la gendarmerie aux lourdes conséquences
Tout a basculé lorsque la gendarmerie congolaise a pris d’assaut le siège de la Fecofoot le 4 octobre 2024, empêchant ainsi la tenue de l’assemblée générale extraordinaire prévue pour le lendemain. Cette intervention visait à expulser les collaborateurs de la Fédération, alors même qu’une délégation conjointe de la FIFA et de la Confédération africaine de football, menée par Gelson Fernandes, était attendue pour superviser les travaux de l’Assemblée.
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Cette intervention spectaculaire intervient dans un contexte de conflit entre la Fecofoot et plusieurs acteurs influents du football congolais, y compris certains dirigeants de clubs, a appris Sport News Africa, et des autorités étatiques. Ceux-ci, regroupés sous un collectif qualifiés en off de « putschistes », cherchent à renverser Mayolas et espèrent la mise en place d'un comité de normalisation pour reprendre en mains la gestion provisoire de la fédération qu'ils estiment aller à l'encontre de l'avancée du football congolais.
Des tensions qui remontent à plusieurs mois
Depuis plusieurs mois déjà, fédération et ministère des Sports s’accusent mutuellement de mauvaise gestion des fonds alloués au football congolais. Mayolas, réélu en 2022, a reproché publiquement au ministère de retenir les fonds destinés au développement du football, ce qui a entraîné des difficultés financières pour la Fecofoot et le développement du football local.
De son côté, le ministre Hugues Ngouelondélé a tenté de révoquer le président de la Fecofoot, dénonçant une gestion défaillante, notamment après une lourde défaite de l'équipe nationale contre le Maroc lors des éliminatoires du Mondial 2026.
Situation alarmante pour la FIFA et la CAF
Le dernier épisode en date avec l’intervention des forces de l’ordre dans les affaires internes de la Fecofoot et les portes closes de la Fecofoot trouvées par les émissaires de la CAF et de la FIFA. Un signal alarmant pour l'instance dirigeante du football, qui veille jalousement à l'indépendance des fédérations sportives.
Selon ses règles, toute ingérence gouvernementale dans la gestion d'une fédération peut entraîner des sanctions sévères, dont la suspension de toute participation aux compétitions internationales. En d’autres termes, si la FIFA juge que le gouvernement congolais s’immisce dans les affaires de la Fecofoot, cela pourrait conduire à l’exclusion du Congo des éliminatoires pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2026.
Une thèse qui, d'après les informations de Sport News Africa, va être étudiée de près à la suite des rapports que vont remettre les émissaires de la CAF et de la FIFA, circonspects devant le spectacle offert sous leurs yeux durant leur bref séjour congolais. En d'autres termes, là où le collectif des clubs qui mènent la fronde espère la mise en place d'un comité de normalisation, c'est une suspension pure et simple qui plane sur la tête du Congo.
Des répercussions sportives et économiques
La perspective d’une telle sanction serait désastreuse pour le football congolais. Non seulement les Diables Rouges seraient privés de compétitions internationales, mais cela affecterait également l'équipe locale qui ne pourrait pas prendre par aux qualifications pour le CHAN 2024, ainsi que les clubs congolais engagés dans les compétitions africaines. En plus de ces sanctions sportives, l'absence de compétitions internationales priverait le pays de ressources financières importantes, issues notamment des primes de qualifications CAF et FIFA, des droits de diffusion et des partenariats commerciaux.
Les rapports des émissaires de la FIFA et de la CAF seront donc déterminants dans la gestion de ce dossier pour l'avenir du football congolais à court et moyen terme. Si un compromis n’est pas trouvé rapidement entre les différentes parties, une suspension semble inévitable, même si le collectif parti en croisade contre le bureau actuel de la Fecofoot espère encore s'en tirer avec un comité de normalisation.
Malick BAMBA