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Football : au Congo, les compétitions féminines à l'arrêt

Pas de championnat national, pas de Coupe, même pas de matches amicaux… Au Congo-Brazzaville, le football féminin est à l’arrêt depuis de longs mois. Au grand dam des joueuses et dirigeants, tant les conséquences sont aussi bien nombreuses que pernicieuses.

Des joueuses de l'AC Colombe au stade de Kintelé de Brazzaville

Quartier La Base dans le premier arrondissement Lumumba au sud de Pointe-Noire (Congo). Fatoumata Ndiaye s’amuse avec Bobby, son chien. Un chien qui a fini par devenir plus qu’un animal de compagnie pour jouer un autre rôle dans la vie de Fatoumata Ndiaye. « Comme vous le constatez, je fais des jongles, je lui fais des passes. Il court après la balle et la rattrape », explique l’internationale équato-guinéenne qui offre ses bons et loyaux services à Epah-Ngamba, un club de Pointe-Noire de Ligue 1.

Quelques minutes plus tard, Fatoumata est rejointe par quatre de ses coéquipières. Toutes les cinq se mettent à jouer avec le chien qui, lui, se plaît à ce jeu avec sa maîtresse et ses copines. « Notre chien est polyvalent. Il est gardien et joueur de champ », plaisante Diawara Assitou, milieu de terrain.

Pourtant, en cette belle après-midi ensoleillée, la capitaine d’Epah-Ngamba et ses collègues devraient se retrouver sur le terrain d’entraînement avec leur manager. Mais « à quoi bon s’entraîner s’il n’y a pas de compétitions ? » s’interroge, visiblement dépité, Serge Mampouya, coach d’Epah-Ngamba.

Impact sur les performances

Au Congo-Brazzaville, excepté de rares initiatives dont le tournoi en cours en hommage à Édith Lucie Bongo-Ondimba, défunte fille du chef de l’État Sassou-Nguesso, aucune compétition officielle de football féminin n’est organisée dans le pays depuis la fin du championnat national en juillet dernier. Soit plus de sept mois d’arrêt. Ce qui n’est pas sans conséquences.

D’abord sur le plan sportif. « Faute de compétitions, le tournoi Édith Lucie Bongo-Ondimba était une des rares occasions pour nous de mesurer nos forces. Mais nous avons été éliminés par l’AC Colombe. Toutefois le manque de compétitions dans notre pays impacte négativement les performances des joueuses », déplore encore Mampouya.

Cette complainte est tout sauf alarmiste, tant les joueuses elles-mêmes en savent quelque chose. « En tant que championnes en titre, nous participerons à la Ligue des championnes d’Afrique. Sans préparation, nous irons nous noyer là-bas », redoute une autre coéquipière qui a préféré requérir l’anonymat pour « éviter des problèmes avec la fédération ».

La conséquence est également économique, car bien que le football féminin congolais ne soit pas professionnel, les primes aident tant soit peu à faire face à certains besoins. Logée à la même enseigne que bien de joueuses congolaises, Fatoumata Ndiaye a mis à profit son baccalauréat en comptabilité pour investir dans de petits business. « Je fais de petites affaires comme la vente de crème. C’est ce qui me permet d’amortir le choc, plutôt que d’aller voir les parents à tout moment », se félicite l’avant-centre en activité depuis 2006.

Mais pas vraiment facile pour les autres qui ne comptent que sur le football pour vivre et survivre. « Nous n’avons pas de salaires mensuels. Ce qui nous permet de vivre ce sont les primes lors des matches. Quand nous perdons un match, pas de primes. Mais le nul donne droit à une prime et le montant le plus élevé nous le gagnons en cas de victoire. Maintenant qu’il n’y a pas de tournois, on ne gagne rien. C’est vraiment difficile et on est obligées de quémander chaque fois auprès des dirigeants. Mais eux aussi ont leurs problèmes », déplore une joueuse de l’AC Colombe de Brazzaville qui a aussi requis l’anonymat pour les mêmes raisons.

Dans l’attente de mesures « conséquentes »

Si la fédération n’a pas encore fixé de date pour le championnat national et pour la Coupe, cette situation est loin d’être une première. « Très souvent, c’est comme ça. On passe des mois sans compétitions. Et lorsque nous multiplions des déconvenues, on nous critique et on nous blâme », s’indigne Fatoumata. « De quoi briser les rêves et les carrières des joueuses », conclut-elle.

L’inquiétude n’est pas sans rappeler la non-participation de l’AC Colombe à la Ligue africaine des championnes la saison dernière. Faute de moyens financiers « conséquents », l’AC Colombe n’avait pas pu se rendre à Malabo où les Brazzavilloises devaient affronter le CECUS FC du Tchad dans le cadre des éliminatoires de la zone Union des Fédérations de Football de l'Afrique Centrale (UNIFFAC) de la Ligue des africaine des champions de football féminin.

C’est le rêve de tout un collectif qui s’est brisé, alors qu’AC Colombe « était loin d’effectuer une simple balade touristique à Malabo », déclarait Carine Panda, défenseure.

Peut-être les lignes vont-elles enfin bouger cette fois-ci du côté du ministère et de la fédération. C’est du moins le vœu le plus ardent des joueuses. « On a l’impression qu’il y a une indifférence des autorités au football féminin. Pourtant, un peu partout dans le monde, le football comme bien de sports fait partie des leviers de l’autonomisation de la femme, un des objectifs du développement durable. Malheureusement, au Congo, semble ignore ce précepte. Nous espérons que les responsables prendront des mesures conséquentes pour mettre le football féminin sur orbite », espère Fatoumata.

John Ndinga-Ngoma

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