Après plus de seize ans au plus haut niveau, Jonathan Pitroipa a mis fin à sa carrière de footballeur, le 26 février 2021. Entretien avec l'ancien milieu de terrain de Rennes, de Paris FC, de Royal Antwerp Football Club, de Hambourg SV ou encore de Fribourg et international burkinabè.
Jonathan Pitroipa, ça fait près de deux ans que vous n’êtes plus sur le terrain, qu'est-ce que vous faites ?
Jonathan Pitroipa : Je suis proche de la famille, des enfants. J'ai une entreprise en communication, Shamar Empire (structure de production musicale et de communication), donc je travaille un peu plus dans ce business et je continue de faire une formation en bachelor sport et business. Il y a beaucoup de choses à faire. C'est une manière pour dire qu'après le foot on peut s'intégrer facilement à la vie normale et être un bon business man.
Vous avez poursuivi votre reconversion avec PNP Sport Consulting Sarl. Une structure chargée d'organiser des matchs. Qu'est-ce que ça devient finalement ?
Jonathan Pitroipa : La structure PNP Sport Consulting Sarl est toujours là. C'est vrai qu'on n'a pas toujours eu le retour du ministère des Sports du Burkina par rapport à la suite de notre contrat avec les Etalons.
Est-ce que vous avez tenté de comprendre les choses ?
Oui, on a essayé plusieurs fois de rentrer en contact avec le ministère des sports pour avoir plus de détails mais c'est toujours le dossier en cours. Nous, ce n'est pas notre seul objectif même si c'était l'occasion d'être à côté de nos jeunes frères et les accompagner avec notre expérience et les mettre dans les bonnes conditions. Aujourd'hui même si l'accord ne se poursuit pas, on continue quand-même à travailler surtout qu'on a la licence agent de match FIFA. Aussi au niveau de PNP, on a d'autres thèmes comme le management des joueurs, la gestion du patrimoine.
Quelle appréciation faites-vous du championnat burkinabè ?
On peut mieux faire parce que, aujourd'hui quand on regarde, il n'y a pas trop de progression dans l'organisation du championnat. Je pense qu'il faut avoir les personnes qu'il faut dans les postes stratégiques pour qu'ils apportent leur expérience, leur vision. Aujourd'hui, ce qu'on doit faire c'est de travailler sur l'attraction. Le championnat n'est pas attractif. Si on veut avoir du public, il faut qu'on ait une vision de ce qu'on veut faire réellement.
Que faut-il faire pour attirer le public et les sponsors ?
Déjà si on veut attirer les sponsors, il faut que ça soit du foot business. Il faut travailler sur l'organisation d'un club. Un sponsor qui vient attend en retour une image que tu vas lui donner et ce qu'il va avoir en plus. C'est difficile pour un club du Burkina d'avoir un sponsor parce que, les gens ne voient pas en retour ce qu'ils vont recevoir en tant que sponsor. C'est à la Fédération de gérer cet aspect pour permettre à chaque club de se conformer à sa ligne organisationnelle. Aussi, il faut organiser des formations dans ce sens pour faire comprendre aux responsables que c'est comme ça qu'on organise un club.
Parlons de l'équipe nationale, comment trouvez-vous vos jeunes frères ?
Disons qu'on sent qu'il y a une continuité parce que quelques joueurs sont restés avec l'ossature. Il y a de la progression quand on voit l'équipe. Mais on sent qu'on peut mieux faire, être plus performant que ça. Si on veut gagner la CAN (Coupe d'Afrique des Nations), il faut faire plus, avoir des objectifs beaucoup plus clairs.
Les Étalons sont déjà qualifiés pour la CAN 2023 à deux journées de la fin des qualifications. Leur prochaine sortie ce sera face au Cap-Vert à Praia, le 18 juin. Comment trouvez-vous la liste de Hubert Velud pour ce match ?
Moi je trouve que ça va. Quand on regarde la liste, il n'y a pas trop de changement. On a l'ossature qui est là. Issoufou Dayo, Steeve Yago.... avec leurs expériences, les plus jeunes qui arrivent, ils vont savoir comment les intégrer pour qu'il y ait plus de cohésion.
Un mot sur le match Cap-Vert-Burkina Faso ?
On n'a rien à perdre. Actuellement nous sommes premiers du groupe. Donc il faut aller en conquérant pour prouver que notre première place, on ne va pas la laisser. Au niveau de l’entraîneur, je pense qu'il faut essayer de voir ou de prendre le risque de faire tourner l'équipe. Faire participer les autres aussi. Cela fait partie de la cohésion également. Si on les utilise, on saura ce qu'ils peuvent apporter concrètement.
Parmi vos buts inscrits en club ou en équipe nationale, est-ce qu'il y a un qui vous a le plus marqué ?
Je dirai mon but contre le Togo en quart de finale de la CAN 2013 en Afrique du Sud. Je ne suis jamais sur les corners, je suis beaucoup plus en retrait. Mais ce jour, bizarrement, il fallait qu'on gagne. On était en prolongation, j'étais juste allé pour faire acte de présence et voilà je vois le ballon venu, je me suis dit pourquoi pas l'essayer parce que logiquement, la tête je ne suis pas fort dedans. J'ai donc tenté et c'est ce que ça a donné. J'étais très content d'avoir donné la victoire et la qualification en demi-finale.
Jonathan Pitroipa sera-t-il candidat pour les élections prochaines à la Fédération burkinabè de football (FBF) en 2024 ?
Ce n'est pas quelque chose que j'ai vraiment en tête. Mais on ne sait jamais. Pour le moment, je me concentre sur ma reconversion même si nous sommes obligés de tout faire pour rester dans le milieu du football parce qu'on a envie d'apporter notre expérience.
Que pensez-vous de l'affaire concernant la réhabilitation du stade du 4 Août qui traîne et n'arrive pas finir ?
C'est dommage. Voir l'équipe évoluer à l'extérieur c'est difficile mais comme on dit, la situation du pays fait que tout est vraiment compliqué. On espère que cette fois-ci ça sera fait à temps pour qu'on puisse avoir un stade. On a besoin de ce stade pour montrer qu'on est un pays de football.
Ablam GNAMESSO
