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Mali : le foot entre guerre de leadership, contre-performances et avancées timides

Le mandat du comité exécutif de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) prend fin le 29 août prochain. Avant la fin, son président Mamoutou Touré a fait le bilan, après 3 ans et demi à la tête du football malien. C’était à l’occasion de la 50ème Assemblée générale ordinaire de l'instance, la dernière avant celle des élections du nouveau président.

Mamoutou Touré, président de la Fédération malienne de football.

Il y a bientôt quatre ans, précisément le jeudi 29 août 2019, le football malien s'est donné un nouveau bureau exécutif à la suite d'une élection. Cette élection faisait suite à une crise de leadership qui a duré près d'une décennie et qui a fortement abîmé les fondements du sport roi au Mali. Pour une sortie de crise, la FIFA a été amenée à installer un Comité de normalisation pour gérer les affaires. Vingt mois durant, cette structure a tenté de refonder les bases du football malien pour lui donner un nouveau départ. C’est à l’issue du mandat de ce Comité de normalisation, dirigé à l’époque par Mme Dao Fatoumata Guindo, que le bureau actuel de la Fédération malienne a été élu, avec à sa tête Mamoutou Touré dit Bavieux. Trois ans et demi après l'élection du nouveau Comité exécutif, son président fait le bilan de sa mandature.

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Guerre de leadership

« Après l'élection du nouveau Comité exécutif, tout le Mali a soufflé un 'ouf de soulagement'. Pourtant, aucune période d'observation n'a été accordée à la nouvelle équipe », a déclaré Mamoutou Touré dit « Bavieux » dans son discours à l’ouverture des travaux de cette 50e assemble générale. «Dès les premiers jours de la prise de fonction, le Comité exécutif a été confronté à la problématique de l'installation de commissions indépendantes. Malgré notre bonne volonté à trouver des solutions de compromis, cette affaire a été portée devant le Tribunal Arbitral du Sport (TAS), trois jours seulement après notre élection. La conséquence immédiate de cette saisine fut la suspension de notre 1ère Assemblée Générale Ordinaire à trois jours de sa tenue. Vous pouvez imaginer aisément ce que cela a provoqué comme perte en termes de temps et surtout d'argent », révèle-t-il aux membres de la fédération. Et le président de la FEMAFOOT d’ajouter : « de notre élection à ce jour, le Comité exécutif a dû faire face à sept (7) recours devant le TAS ». Selon le président de la Fédération malienne, le comité exécutif s’est efforcé à respecter ses engagements dont notamment la réconciliation des acteurs du football malien.

Le président de la FEMAFOOT est en déphasage avec certains présidents de Ligues. Dans une correspondance à la Présidence du Mali, datée du 7 juin 2022, les ligues régionales de football de Kayes, Koulikoro, Kidal, Ségou (de l’époque) et Tombouctou dénonçaient sa gouvernance en attirant l’attention du président de la Transition sur la situation de la Fédération malienne de football. « Dès sa prise de fonction, le Comité Exécutif s’est attelé à la recherche d’une majorité confortable pour asseoir son hégémonie sur le football malien, car, pour rappel, il avait été élu par seulement 51,67%, après l’ingérence des politiques d’alors. Pour ce faire, il a procédé à la relecture des textes, en octobre 2021, avec comme objectif principal, la modification du quorum, qui passa ainsi de 62 membres à 84 », peut-on lire dans la correspondance des ligues citées.

Pour ce qui est de la réconciliation, justement, la concrétisation de la promesse des sièges des ligues est le meilleur baromètre pour mesurer le point de la réconciliation entre acteurs. Si les ligues de Sikasso et Gao peuvent être considérées comme des ligues favorables au président actuel, qu’en est-il de celles de Kayes, Koulikoro, Tombouctou et Kidal encore regroupées au sein du collectif des clubs et ligues majoritaires ? Même si ce collectif est aujourd’hui à la croisée des chemins par les actions de division, d’affaiblissement qu’il connait, on ne peut pas dire que le Comité exécutif actuel est tombé dans ses grâces. « Le fait même de continuer à sentir la présence de ce regroupement, les divergences de fond avec le bureau fédéral actuel, presque quatre ans après l’élection du 19 août 2019, sont la preuve de la persistance de la brouille fratricide entre les acteurs et qui annihile encore bien d’opportunités et d’actions collectives au bénéfice du football malien », dixit Alassane Souleymane journaliste et candidat aux élections de 2019 de la Fédération malienne de football.

Risque de non-participation des clubs maliens aux compétitions CAF

En plus des écueils cités ci-dessus, le Comité exécutif a dû faire face à l'épineuse question de financement de ses activités selon son président. Mamoutou Touré a rappelé que les recettes issues des compétitions organisées par son comité sont dérisoires, voire ridicules. « Il va falloir approfondir la réflexion pour améliorer cette situation. Le Comité exécutif est engagé dans la recherche effrénée de sponsors pour accompagner notre football et les structures dédiées à son animation », a-t-il précisé.

En plus de cette situation, Mamoutou Touré déplore le désengagement de l'Etat dans le financement de la participation des clubs maliens aux compétitions africaines. Pour lui, cette situation va, à court terme, entraîner le retrait pur et simple de ceux-ci. C'est pourquoi lors de la dernière rencontre entre le ministre, ses services techniques et une délégation du Comité Exécutif, il a été demandé de relire l’arrêté interministériel qui date de plus dix ans. « Nous en appelons à nos autorités de tutelle pour revoir très rapidement cette situation », a-t-il exhorté.

Résultats mitigés des sélections nationales du Mali

Outre ces difficultés structurelles, le président de la FEMAFOOT a souligné les résultats mitigés des sélections maliennes et clubs dans les compétitions internationales. Le Mali, champion d’Afrique de la CAN U19 au Niger, n’a plus participé à une phase finale de la compétition. Et cela fait deux éditions maintenant. Il y a deux ans la même catégorie s'était qualifiée pour le tournoi final au Maroc. Malheureusement, pour raison de pandémie du Covid-19, la compétition a été purement et simplement annulée. Seule éclaircie, la qualification de l'équipe U23 pour la CAN de la catégorie au Maroc. Il faut rappeler que l'équipe nationale locale a été finaliste en 2021 au Cameroun mais s'est effondrée en phase de groupes lors de la dernière édition en Algérie. De même que l'équipe nationale féminine qui s'est classée vice-championne de la zone UFOA A en Sierra Leone 2020, mais a été éliminée en phase éliminatoire de la CAN Féminine Maroc 2022 par le Sénégal.

Parlant de l’équipe nationale sénior, il a rappelé que les Aigles A ont raté leur CAN au Cameroun et une qualification historique à la coupe du monde 2022. Et de souligner qu’ils ont retrouvé une santé en gagnant leurs trois premières sorties des éliminatoires de la CAN 2023 avant de chuter à Casablanca face à l'équipe de la Gambie. « La régularité des sélections nationales aux compétitions internationales est partie intégrante de l’ADN de notre football. Mais le bureau fédéral actuel attend encore un premier trophée à mettre dans la vitrine du football malien », fait savoir Alassane Souleymane, également ancien rédacteur en chef de la radio nationale, éditorialiste sportif et fin connaisseur du football malien.

Malgré ces difficultés et ces contre-performances, le président de la FEMAFOOT, Mamoutou Touré affirme que les trois années et demie passées à la tête du football malien ont connu des acquis et des avancées indéniables. Parmi ceux-ci, il a cité la tenue régulière des compétitions nationales, la réorganisation de l'outil de travail y compris la formation des cadres, la réconciliation, l’organisation d’un festival du football féminin à Bougouni pour vulgariser la pratique de cette discipline au niveau des jeunes filles, le financement de la participation de l'équipe championne du Mali, l'AS Mandé aux deux premiers championnats de l'UFOA «A» et un appui financier aux membres.

Proposition pour une meilleure organisation du football malien

Dans le cadre de la réorganisation de l'administration pour améliorer la gouvernance. « Le Comité exécutif a commandité une étude institutionnelle qui a abouti à la création d'un nouvel organigramme avec l'introduction de directions et de divisions », dixit Mamoutou Touré dans son discours.

Quant à la réorganisation de l’outil de travail, Allassane Souleymane estime que c’est une chose des plus naturelles pour une fédération de football qui, de par ce qui est pratiqué sous d’autres cieux du football mondial, doit être une des administrations les mieux organisées et enviées au Mali. Le journaliste souligne également qu’au Mali de Salif Keita à Frédéric Kanouté en passant par Seydou Keita, tout bilan, en gouvernance ou en performances sportives, doit aller au-delà des points énumérés ci-dessus et dont le bureau fédéral actuel se satisfait.

Allassane Souleymane propose : « Pour faire mieux et donner un bilan qui accroche l’attention, il faut simplement : crise zéro entre acteurs et au sein du football, un championnat professionnel de clubs parallèlement à divers championnats amateurs et de toutes les catégories et dans les deux genres, des compétitions télévisées et attrayantes, des stades modernes et pleins, des sponsors fortement crédibles, multiples et durables, une qualification à la Coupe du monde senior, des titres mondiaux dans les petites catégories, un programme de formation tous azimuts ou encore une DTN de référence. Et tout cela n’est pas la mer à boire, avec l’apport des sponsors actuels, des subventions régulièrement versées de la CAF et la FIFA et l’appui de l’Etat dans la prise en charge des sélections », a-t-il conclu.

A l’issue des travaux de l’assemblée, les délégués venus des ligues régionales, des clubs de première division, des champions de deuxième division et des regroupements sportifs ont procédé par acclamation à la validation du rapport d'activités. Le rapport d’activités, l’état financier et l’audit ont été approuvés à 56 voix pour contre 15 contre et aucune abstention. Le budget pour la réalisation des activités de l’année en cours a été adopté avec 65 voix pour et 4 abstention.

Drissa NIONO

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