Des dirigeants du football camerounais s'insurgent contre l’attitude silencieuse de la FIFA et de la CAF alors que de lourds soupçons de trucage présumés de matchs pèsent sur le président de la Fédération nationale Samuel Eto'o.
Plusieurs personnalités influentes du football camerounais viennent de publier une lettre ouverte adressée à Gianni Infantino et Patrice Motsepe, respectivement présidents de la FIFA et de la CAF. Il s’agit notamment du Général Pierre Semengue, président de la Ligue de Football Professionnel et proche du président Paul Biya, ainsi que de Guibaï Gatama, membre du Comité exécutif et d'Henri Njalla Quan, 4e vice-président démissionnaire de la Fécafoot.
Cette lettre, intitulée "Une éthique pour l'Afrique, une éthique pour l'Europe ?", souligne des préoccupations majeures concernant la gouvernance de la Fédération Camerounaise de Football, sous la présidence de Samuel Eto'o.
La lettre fait de prime abord référence à un récent incident en Espagne où le président de la Fédération de Football, Luis Rubiales, a été contraint de démissionner après un scandale impliquant une joueuse lors de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023. Le 20 août, après le sacre mondial de la Roja, le patron du football espagnol avait saisi la tête de Jennifer Hermoso des deux mains et l’avait embrassée par surprise sur la bouche. La FIFA a réagi rapidement en suspendant Rubiales pour 90 jours, montrant ainsi sa fermeté en matière d'éthique sportive.
Cependant, les signataires de la lettre s'étonnent du silence de la FIFA et de la CAF face à des cas jugés plus graves, au sein de la Fédération Camerounaise. En juin 2022, Samuel Eto'o, président de l’instance, a été condamné à une peine de prison pour fraude fiscale en Espagne. Suite à cette condamnation et malgré certaines dispositions des Statuts de la Fécafoot, « M. Samuel Eto’o a refusé de quitter son poste et continue de s’imposer illégalement à la présidence de la Fécafoot», écrivent-ils.
Autre date, autre fait : en décembre 2022, le patron de la Fécafoot a été filmé agressant violemment un jeune youtubeur algérien. Plus tard, le 26 mai 2023, l’ancien capitaine du Cameroun a signé, disent-ils, «en flagrante violation des dispositions de l’article 27 du Code d’Éthique de la FIFA», un contrat de sponsoring à titre personnel avec une entreprise de paris sportifs.
Les signataires de la lettre ouverte font aussi référence à des allégations de manipulation présumée de résultats de matchs impliquant Samuel Eto'o et révélées le 18 juillet 2023. La CAF a ouvert une enquête sur ces allégations en août 2023, mais depuis lors, aucun progrès n'a été signalé. La FIFA, quant à elle, est restée silencieuse malgré les nombreuses plaintes et relances des acteurs du football camerounais.
La lettre ouverte interpelle les présidents de la FIFA et de la CAF sur cette «gestion à deux vitesses» et la nécessité de réagir aux scandales qui sapent la confiance du public dans l'éthique sportive et l'intégrité des compétitions de football au Cameroun. Les signataires soulignent l'apparente inaction de la FIFA et de la CAF par rapport à des situations similaires en Europe, et appellent à un traitement équitable et sans discrimination des cas d'infractions éthiques, où qu'ils se produisent.
Ainsi, la lettre adressée à Infantino et Motsepe s’achève sur un ensemble d’interrogations : Imagine-t-on seulement la FIFA et l’UEFA, silencieuses alors qu’un président d’une fédération européenne de football a été soupçonné de trucage de matchs avec enregistrements audio à l’appui ? Imagine-t-on seulement la FIFA et l’UEFA silencieuses alors qu’un président d’une Fédération européenne de football a signé à titre personnel un contrat d’ambassadeur avec un opérateur de paris sportifs ? Les réponses des deux dirigeants restent attendues.
La Rédaction