L’ancien international Marocain Abdeslam Ouaddou (44 ans) est depuis le mois de janvier dernier l'entraîneur de l’AS Vita Club Kinshasa (RD Congo). Avant le match de play-offs pour le titre, ce mercredi 13 mars, au Stade des Martyrs contre Lupopo, le technicien a raconté ses premières semaines congolaises.
L’AS Vita Club a remporté dimanche contre Lubumbashi Sports (2-0) sa première victoire lors des play-offs, après son match nul contre la JSK (1-1). Êtes-vous satisfait de ce début de deuxième phase ?
C’est plutôt encourageant. Nous comptons quatre points en deux journées, à deux unités de Maniema, le leader. Nous allons recevoir Lupopo mercredi et Dauphins Noirs dimanche au Stade des Martyrs. Nous allons essayer de prendre un maximum de points. L’attitude des joueurs est positive. Je suis arrivé en janvier, ils ont dû s’adapter à mes méthodes de travail, et ils réagissent plutôt bien.
Quel est l’objectif sportif du club pour cette fin de saison ?
La saison est loin d’être finie. Elle s’achèvera en mai. Nous allons tout faire pour décrocher une place qualificative pour une compétition africaine, la Ligue des Champions ou la Coupe de la CAF.
Vous aviez entraîné Loto Popo FC au Bénin avant de rejoindre l’AS Vita Club, réputé pour être un des clubs les plus populaires de RDC. Le changement de décor doit être saisissant…
En effet. Vita Club, c’est un volcan. Il y a une ferveur incroyable, et pas seulement à Kinshasa. Cette ferveur, on la mesure à l’entraînement, où il y a du monde, lors de nos matches à Kinshasa, avec un stade très bien rempli, mais également à l’extérieur, car le club à de nombreuses sections de supporters un peu partout. Quand j’ai été engagé, j’ai été très bien accueilli par les supporters, qui sont exigeants et passionnés, mais tellement chaleureux. C’est assez impressionnant. Pour mon premier match, lors d’un derby contre Motema Pembe au Stade des Martyrs, le match n’est pas allé à son terme car il y a eu des incidents.
Comment avez-vous été recruté par Vita Club ?
Après mon expérience très intéressante au Bénin, j’avais envie de continuer à travailler en Afrique, car j’ai toujours pensé que c’était un continent passionnant, avec un potentiel extraordinaire. J’avais donc postulé et mon CV a attiré l’attention d’Amadou Diaby, le nouveau président du club. Nous avons eu l’occasion de nous rencontrer à plusieurs reprises. J’ai présenté mon projet et j’ai été choisi. J’en suis très honoré, et j’ai signé pour trois ans et demi.
Il s’agit d’un contrat longue durée, assez inhabituel en Afrique…
Oui, c’est vrai, mais je suis quelqu’un qui aime s’inscrire dans la durée. Je suis entraîneur et manager, mon modèle est Arsène Wenger, qui avait réalisé un travail énorme à Arsenal. Les principaux axes de mon projet sont notamment le renforcement du secteur sportif. J’ai fait venir un entraîneur des gardiens, un analyste de la performance, un préparateur physique, un assistant technique spécialisé notamment dans les coups de pied arrêtés. Il y aura un centre de formation sur lequel le club devra pouvoir s’appuyer à l’avenir. Et j’ai prôné une identité de jeu, valable pour l’équipe professionnelle comme pour celles du centre de formation, basée sur la possession, en tenant compte des caractéristiques des joueurs congolais.
Le club, qui verra arriver officiellement le groupe turc Milvest au mois de juin prochain, semble décidé à investir de manière conséquente dans le club…
Le club a beaucoup d’ambition et a renforcé ses différentes structures. Dans le domaine sportif, mais également financier, administratif, du marketing et de la communication. Il y a une volonté de faire de Vita, un des plus grands clubs africains. Le groupe turc Milvest (via sa filiale Milsport, ndlr) va officiellement arriver en juin, justement pour atteindre cette ambition. Il va y avoir la construction d’un centre d’entraînement ultra-moderne, d’un stade de 50 000 places dont l’AS Vita Club sera le propriétaire.
Comment vivez-vous la pression qui existe autour de ce club, et qui devrait s’accroître avec les ambitions des nouveaux partenaires turcs ?
Il y a toujours eu beaucoup de pression autour de Vita. Je vous l’ai dit, c’est un volcan, un club très populaire, avec des supporters qui veulent des résultats. Je sais qu’elle est là, il faut l’accepter, avec ses excès. Je sais que si on fait trois mauvais résultats de suite, les fans vont gronder et que l’entraîneur sera en première ligne. Mais on fait aussi ce métier pour cette passion, cette pression, et pour mettre en place des projets et les faire vivre !
Alexis Billebault