Après une première saison d'adaptation la Ligue 1, Emmanuel Agbadou confirme tout son potentiel avec le Stade de Reims. Elément clé de son équipe, le défenseur espère finir la saison en trombe et décrocher une place européenne. De quoi confirmer la nouvelle dimension prise par le club champenois et lui permettre de continuer à gravir les échelons à Reims, mais aussi s'imposer en sélection de Côte d'Ivoire où il vient de signer son retour.
Cette saison vous êtes l'un des joueurs les plus utilisés au Stade de Reims. Comment expliquez-vous ce nouveau statut ?
Emmanuel Agbadou : C'est la récompense d'un travail abattu depuis mon arrivée. Ma première saison a été un peu compliquée avec pas mal de suspensions, de situations qui m'ont par la suite permis d'acquérir de l'expérience. J'ai essayé de m'améliorer sur certains aspects de mon jeu, comme par exemple la concentration. Et je pense que c'est ce qui explique qu'aujourd'hui le coach m'utilise beaucoup plus. Par rapport à la saison dernière je suis plus disponible (rires). Ce sont toutes les erreurs de la saison passées qui m'aident à être un joueur beaucoup plus disponible cette saison pour l'équipe.
Ce temps d'adaptation qu'il vous a fallu, est-ce la preuve que malgré ce qui peut se dire la Ligue 1 est un championnat difficile ?
Emmanuel Agbadou : La Ligue 1 est vraiment difficile. Avant de venir à Reims, j'avais le même avis que beaucoup sur le niveau du championnat, comparé à d'autres. Mais une fois que tu es dedans et que tu enchaînes les matchs, tu te rends compte que ça n'a rien à voir avec ce que les gens disent. Quand vous passez par la Ligue 1, croyez-moi, vous pouvez ensuite jouer dans n'importe quel championnat. En tant que défenseur, la Ligue 1 m'a permis de m'améliorer sur plein de points. Par exemple les cartons, car ici au bout de 3 cartons jaunes sur 10 matchs, tu es automatiquement suspendu. Donc si tu veux être disponible pour jouer, tu te dois d'éviter les cartons. Tu gagnes en expérience. Quand on dit de ne pas faire de faute, ça implique de jouer intelligemment. Sur cet aspect-là, la Ligue 1 m'a beaucoup aidé. Au début ce n'était pas facile car il y a aussi le niveau tactique, le niveau technique, mais aussi physique. Aujourd'hui ça va mieux, je dis merci à la Ligue 1.
Justement, sur quels aspects diriez-vous que vous avez le plus progressé ?
Emmanuel Agbadou : La concentration. Même si on sait que l'erreur est humaine et que les plus grands joueurs au plus haut niveau font des erreurs, en tant que défenseur tu te dois d'être concentré. La moindre erreur se paye cash. Il faut pouvoir maintenir ce niveau de concentration match après match. Sur cet aspect, la Ligue 1 m'a beaucoup aidé. Il y a aussi comment défendre de façon intelligente, en allant pas forcément tout le temps au duel. Des fois cadrer l'adversaire permet à toute l'équipe de se replacer et ça permet de récupérer le ballon ensuite. J'ai aussi appris la simplicité dans mon jeu au pied. Etant plutôt à l'aise techniquement, des fois j'avais l'habitude de faire la touche de balle de trop. Du coup j'ai gagné en efficacité.
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Le Stade de Reims de Will Still, votre entraîneur, est montré en exemple pour son jeu. Quelle est sa recette ?
Emmanuel Agbadou : Notre première qualité, c'est le pressing et le contre-pressing. On aime bien jouer dans la moitié de surface adverse. Une fois dans la partie adverse, on aime préparer nos attaques pour faire mal. Après, tout dépend des adversaires aussi car des fois on peut avoir une équipe en face avec un bloc très bas et ça va nous demander de plus posséder le ballon. Il y a aussi des équipes comme Lens par exemple contre qui tu es obligé de pendre plus de risque car elles sont beaucoup dans le duel 1 contre 1 sur tout le terrain. Il faut que chaque joueur puisse prendre ses responsabilités pour sortir les ballons. On a cette capacité à s'adapter à l'adversaire et c'est là la touche Will Still.
« Les ambitions ont changé au Stade de Reims »
Saison après saison Reims est en train de s'installer en Ligue 1. On voit l'équipe parvenir à être bien classée. Il y a aussi Brest qui fait une saison folle. Est-ce qu'à ce niveau on peut encore parler de surprises ?
Emmanuel Agbadou : Les dirigeants ont mis en place un projet depuis quelques années. Les ambitions ont changé au Stade de Reims. Depuis la saison dernière on espère accrocher l'Europe. On n'a pas réussi, donc on espère que ce sera le cas cette saison. Le club a quitté la catégorie des équipes programmées à jouer le maintien, pour maintenant viser plus haut. On le voit au niveau du club avec les infrastructures. Le centre d'entraînement a été rénové. Il y a eu beaucoup de professionnalisme apporté et cela démontre de l'ambition du club. Maintenant, il va falloir que nous on prouve aussi sur le terrain que le club grandit. Depuis la saison dernière, on est pressenti pour aller titiller les places européennes. Donc cette saison si ça se fait, ce sera une confirmation.
Sans se cacher, on peut donc dire que Reims vise l'Europe ?
Emmanuel Agbadou : Exactement. Là on n'est pas loin des places européennes. Il reste cinq matchs et on va jouer le tout pour le tout.
« Le plus dur commence avec la Côte d'Ivoire »
Vos performances vous ont permis de revenir en sélection de Côte d'Ivoire lors de la trêve internationale de mars. C'était un objectif de réintégrer les Eléphants ou c'est arrivé comme une surprise ?
Emmanuel Agbadou : La sélection de Côte d'Ivoire a toujours été un objectif pour moi. Mais après tout dépend du sélectionneur et des profils de joueurs avec lesquels il souhaite travailler. Il prend aussi ceux qui sont le plus en forme à ses yeux. En tant que joueur, tu te dois de tout mettre en œuvre pour pouvoir être disponible pour la sélection. Notamment enchaîner les bonne performances. Représenter mon pays et porter le maillot ivoirien c'est une fierté. Cela faisait partie de mes objectifs de revenir. Mais le plus dur commence car il va falloir continuer à être performant pour être rappelé. Le tout sans oublier que sans toi, ils ont remporté une CAN. Donc la barre est haute et il faut se mettre au niveau pour prouver que même si tu ne faisais pas partie du groupe, tu as les qualités pour faire partie du groupe à présent et continuer à gagner des titres.
Comment avez-vous vécu, en tant qu'international ivoirien, le fait de voir la CAN se disputer chez vous et de ne pas être dans le groupe ?
Emmanuel Agbadou : Sportivement, tout ivoirien a envie de disputer la CAN, encore plus dans son pays. Vous connaissez les Ivoiriens, on est très attachés à notre pays. Forcément en être était un rêve, mais il n'y a que 27 joueurs qui peuvent être appelés. Ne pas faire partie de l'équipe forcément ça fait comme un pincement, mais tu te dois d'accompagner l'équipe. Mais dans ma philosophie, chaque chose arrive en son temps. Lorsque ton temps est arrivé, que Dieu a décidé que tu vas réaliser certaines choses dans ta carrière, ces choses-là ne peuvent pas passer à côté. Tu vas les réaliser. C'est ce qui m'a aidé à passer la phase de la déception et à être content pour ceux qui ont été appelés. Je me suis dit : « ton tour arrivera, le moment où tu pourras montrer tout ton talent à la Côte d'Ivoire, mouiller le maillot et gagner des titres. » Il y aura d'autres CAN, d'autres compétitions... A moi de bien travailler.
Il y avait votre coéquipier en club, Oumar Diakité, sur place. Il a dû vous faire vivre cette CAN par procuration....
Emmanuel Agbadou : On se parlait régulièrement. Il me racontait l'ambiance là-bas, comment le groupe vivait, la phase de poules... Ça m'a permis de suivre les choses de près. Sans être sur place, c'est comme si j'y étais.
La fin de saison peut être passionnante pour Reims. Vous êtes sans pression, comment allez-vous aborder ces derniers matchs ?
Emmanuel Agbadou : Il faut jouer match après match, comme des finales. Gagner avec la manière n'importe plus. Si on veut accrocher l'Europe, il faut gagner tout court. C'est la dernière ligne droite. Peu importe la manière, tu te dois de prendre des points. Et même si on n'a pas la même pression que d'autres clubs, notre objectif c'est, comme Brest est en train de le faire, d'être cette surprise que l'on attendait pas. Quand on voit des clubs plus bas au classement être annoncés comme des candidats aux places européennes et pas nous, alors qu'on fait une meilleure saison, ça crée une sorte de frustration. Mais il faut transformer cette frustration en quelque chose de positif, qui nous galvanise pour aller chercher cette place.