En inscrivant les deux buts de son équipes à Uyo face à Rivers United (2-0) lors du quart de finale aller de la Coupe de la CAF, le Congolais Fiston Mayele a placé Young Africans en situation idéale avant les retrouvailles contre les Nigérians, dimanche. Une habitude pour l’attaquant des Léopards, auteur d’une saison de très haut niveau.
Le vestiaire de Young Africans est sans doute le plus francophone d’Afrique anglophone. L’entraîneur est tunisien (Nasreddine Nabi), les Congolais de RDC sont au nombre de six (Fiston Mayele, Yannick Litombo, Joyce Lomalisa, Tuisila Kisinda, Jésus Moloko, Djimma Shabani), et ils y côtoient les Maliens Djigui Diarra et Mamadou Doumbia, le Burundais Gaël Bigirimana et le Burkinabé Stéphane Aziz Ki. «On y parle anglais, français, lingala, swahili. Moi, je ne parle pas vraiment anglais, mais avec les trois autres langues, c’est facile de communiquer», s’amuse Fiston Mayele (28 ans), qui boucle sa deuxième saison en Tanzanie.
Elle est aussi la plus prolifique, après une première année pleine de promesses. Recruté à l’AS Vita Club en 2021, Mayele avait inscrit 20 buts, toutes compétitions confondues, et gagné quelques titres, dont la Premier League et le Community Shield. Mais en 2022-2023, l’international congolais (2 sélections) fait encore mieux. A quatre journées du terme d’un championnat que son équipe domine, il en est le meilleur buteur (16 buts et 3 passes décisives), auquel il faut ajouter celui qu’il a inscrit en Coupe de Tanzanie.
Pourtant, Mayele ne se contente pas de flamber sur la scène domestique. Lors des deux premiers tours préliminaires de la Ligue des Champions, le natif de Mbuji-Mayi avait fait voler en éclats la défense sud-soudanaise de Zalan (4-0, 5-0) en marquant à six reprises, puis inscrit un autre but, finalement insuffisant, contre les Soudanais d’Al-Hilal (1-1, 0-1). Il en a ajouté cinq autres en Coupe de la CAF, faisant de lui le meilleur buteur de la compétition, à égalité avec le Sud-africain Ranga Chivaviro (Marumo Gallants), qu’il pourrait croiser en demi-finale (10 et 17 mai.
Mayele en est donc convaincu, il réalise la meilleure saison de sa carrière. « Je marque des buts, ce qui aide à faire gagner l’équipe. Oui, je pense que c’est ma meilleure saison depuis que je suis professionnel. Et au niveau collectif, nous avons encore beaucoup d’objectifs : conserver notre titre, gagner la Coupe nationale et poursuivre notre parcours en Coupe de la CAF. Avec notre victoire au Nigeria, nous sommes bien placés, mais le coach a bien dit que si nous avons réussi à gagner là-bas, Rivers United peut très bien faire une remontada. Nous sommes tous très concentrés. Il y a à Dar Es Salaam beaucoup de passion autour de ce match, le stade sera sans doute plein, avec 60 000 spectateurs, mais je vous assure que nous ne croyons pas que la qualification est acquise», explique l’attaquant, dont les performances ont logiquement attiré l’attention de clubs étrangers, notamment en Egypte, en Tunisie, en Arabie Saoudite et en Afrique du Sud. « Je suis sous contrat jusqu’au 30 juin 2024, mais mes dirigeants seraient d’accord pour me libérer s’ils reçoivent une bonne proposition », poursuit l’attaquant, dont la valeur est estimée entre 400 000 et 500 000 euros.
S’il marque beaucoup de buts en Tanzanie, Mayele le faisait également en RD Congo, et notamment à l’AS Vita Club, où Florent Ibenge l’avait fait venir de l’AS Simba Kolwezi (Ligue 2). « J’avais rejoint en 2018 Kinshasa et Vita Club, alors que je ne parlais pas le lingala. Kinshasa, c’est une ville immense, et à Vita, il y a une pression énorme, mais j’avais quand même marqué 12 buts en championnat la première saison, et autant la suivante, plus trois en Ligue des Champions.»
Une performance qu’apprécie Sébastien Desabre, le sélectionneur de la RD Congo, et qui a convoqué Mayele pour les deux matches face à la Mauritanie (3-1, 1-1), qualificatifs pour la CAN 2024. «Je peux vous assurer qu’il faut être solide pour être attaquant à Vita Club, où il y a une pression énorme sur les joueurs du secteur offensif. Mais cela ne m’étonne pas car Fiston est un joueur qui non seulement est un attaquant complet, puissant et efficace, avec un profil axial, mais c’est aussi un garçon très professionnel, qui a la tête sur les épaules et qui sait ce qu’il veut.»
A Dar Es Salaam, une ville réputée moins turbulente et plus sûre que Kinshasa, Mayele a mis quelques semaines avant de trouver ses marques. « Ce n’était pas évident au début. J’arrivais dans un nouveau pays, il fallait découvrir un nouveau championnat. Comme je parle swahili, comme les tanzaniens, et qu’il y avait déjà quelques joueurs francophones dans l’effectif, cela a facilité les choses. Aujourd’hui, je suis à l’aise, je me sens bien dans cette ville et dans ce pays, où le niveau du championnat progresse et est sans doute supérieur à celui de RDC, avec des clubs comme Young Africans, Simba ou Azam notamment qui mettent des moyens importants.»
En Tanzanie, il a vu son salaire augmenter de façon substantielle et ses performances lui ont permis d’être convoqué en sélection A, alors qu’il avait été sélectionné avec les Léopards locaux pour disputer le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) au Cameroun en 2021. C’est ce qu’on appelle un exil utile…
Alexis BILLEBAULT
