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Athlétisme : trois pépites africaines appelées à briller

Muzala Samukonga, futur roi sur 400m ?

Sur 400 mètres, l’Afrique entière a mis ses espoirs sur Muzala Samukonga. Alors qu’il ne va fêter ses 22 ans que le 9 décembre 2024, le Zambien a déjà tout d’un grand. Il l’a d’ailleurs démontré avec une médaille de bronze sur la distance aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Avec un chrono de 43"74, il a fini derrière le Britannique Matthew Hudson-Smith (43"44) et l'Américain Quincy Hall (43"40). Le natif de Lusaka a ainsi ramené la première médaille olympique zambienne depuis 28 ans. Quelques semaines avant les Jeux, Samukonga avait déjà raflé le bronze aux Championnats d’Afrique à Douala (Cameroun). Aux jeux africains à Accra, il avait décroché l’argent sur sa distance fétiche.

Néanmoins, il faut dire que Muzala Samukonga avait déjà brillé aux Jeux du Commonwealth en 2022 avec une médaille d’or, encore sur 400 mètres. De quoi espérer que l’étoile zambienne brille sur les pistes mondiales et fasse la fierté de l’Afrique.

Jessika Gbaï, la relève ivoirienne

Depuis plusieurs années, la Côte d’Ivoire mise sur Marie-Josée Ta Lou-Smith pour briller sur les pistes africaines et mondiales. Mais celle-ci a aujourd’hui 35 ans et se rapproche de la fin. Toutefois, pas de panique à avoir puisque les Ivoiriens ont un diamant brut qui ne demande qu’à être poli. Il s’agit de Jessika Gbaï. Cette dernière était même aux Jeux Olympiques de Paris où elle a réussi l’exploit de se qualifier pour la finale du 200m. Et même si elle n’a pas remporté de médaille, la coureuse de 25 ans porte les espoirs de son pays.

Il faut dire que l’année 2024 a tout simplement été grandiose pour Jessika Gbaï qui a raflé l’or sur 200m aux Championnats d'Afrique à Douala avec un chrono de 22 s 84, en juin. En avril de cette année, elle a eu le toupet de s’offrir le record de Côte d’Ivoire sur 400 mètres (51s94). Lors des Jeux de la Francophonie en 2023, elle s’était également illustrée avec la médaille d’or sur 200 mètres. La relève est déjà là !

Saly Sarr, l’étoile sénégalaise

Saly Sarr n’a que 22 ans et pourtant, son palmarès est déjà assez fourni. Rien qu’en 2024, la Sénégalaise a remporté l’or au triple saut lors des Championnats d’Afrique à Douala (14,06). Quelques semaines plus tôt, elle avait décroché le bronze aux Jeux Africains (13,60 m). Alors qu’aux Jeux de la Francophonie en 2023, elle avait également été sacrée sur la même discipline avec un bond de 14,00 m.

C’est en 2022 que Saly Sarr se révèle aux yeux du grand public avec la médaille d'argent du triple saut aux Championnats d'Afrique d'athlétisme. C’était à Saint-Pierre, à l'Ile Maurice (13,42 m). en outre, elle a également été championne d’Afrique U18 en heptathlon. Elle a aussi une médaille d’argent en saut en hauteur chez les cadets. Une polyvalence qui pourrait permettre à la jeune femme de briller sur le continent mais aussi dans le monde entier. Saly Sarr, tout comme Jessika Gbaï et Muzala Samukonga, représentent l’avenir de l’athlétisme africain.

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Hugues Fabrice Zango, de Ouagadougou au sommet du triple saut mondial

Sur le toit de l'Afrique depuis 2018, l'athlète burkinabè a complété sa collection de médailles aux Championnats d'Afrique d'athlétisme à Douala au Cameroun, le 25 juin dernier et est entré dans le cercle fermé des triples champions d'Afrique. Sport News Africa jette un regard sur le parcours atypique de Hugues Fabrice Zango qui a encore deux choses en tête : les Jeux Olympiques de Paris 2024 et le record du monde du triple saut, l'un des plus difficiles à battre de l'athlétisme, établi par le Britannique Jonathan Edwards en 1995 avec 18,29 m.
De Ouagadougou au sommet du triple saut mondial
Avec un saut mesuré à 17,64 m, Hugues Fabrice Zango est devenu le lundi 21 août 2023 à Budapest, le premier athlète burkinabé à être sacré champion du monde au triple saut. Grâce à sa 10ème meilleure performance de tous les temps, il offre la première médaille d'or mondiale au Faso. Cette médaille est historique pour lui et pour son Burkina natal. Après le bronze à Doha en 2019 et l'argent à Eugene en 2022, Hugues Fabrice Zango goûte enfin à l'or à Budapest en 2023, fruit d'une carrière bien préparée, née d'un amour particulier pour le sport dès son enfance.
« Dès son bas âge, au niveau de l'école primaire puis au collège, Hugues a toujours aimé le sport. On le voyait sauter, sauter, mais franchement je ne savais pas que ça allait être un sportif de haut niveau. Lorsqu'il a obtenu son Baccalauréat, chaque fois qu'il rentrait et dès qu'il déposait ses affaires, il prenait sa moto pour aller au Stade du 4 Août de Ouagadougou. C'est comme ça que je lui ai demandé un jour, c'est qui ton entraîneur ? Et il m'a dit que c'est un certain Sanou Christian qui l'avait repéré lors d'une compétition de l'Union des Sports Scolaire et Universitaire du Burkina Faso (USSU-BF) », témoigne Jacques Zango, père de Hugues Fabrice Zango.
Les débuts
Des compétitions de l'Union des Sports Scolaire et Universitaire du Burkina Faso (USSU-BF), Hugues Fabrice Zango va quitter le pays avec une performance remarquable de 16,71 m. En septembre 2013, il entame une carrière internationale avec les Jeux de la Francophonie à Nice, en France où il se classe 10ème avec un saut de 15,97 m. Deux ans plus tard, Hugues Fabrice Zango savourera son premier podium, le 9 juillet 2015 aux Universiades en Corée du Sud. Ce jour-là, il réalisera un saut de 16,76 m pour se classer deuxième. « Cette compétition en Corée du Sud a bouleversé tout ce que je suis en train de faire aujourd'hui. C'était un moment unique que je garde fortement en mémoire », révèle t-il.
Les premières médailles de Zango
Le 25 juillet 2016, il se signale pour la première fois sur la scène continentale avec une deuxième place aux championnats d'Afrique d'athlétisme à Durban en Afrique du Sud. Sa première médaille d'or arrive en 2017 aux Jeux de la Francophonie à Abidjan en Côte d'Ivoire avec 16,92 m. En 2018, Hugues Fabrice Zango atteint la barre de 17 m lors du meeting de Valérie en France avec un saut de 17,23 m en salle. En plein air, c'est aux Championnats d'Afrique d'athlétisme à Asaba au Nigeria en 2018 qu'il réalise 17,11 m pour décrocher son premier titre continental. Une couronne qu'il conserve en 2021 à l'Ile Maurice avec un saut de 17,34 m puis en 2024 à Douala au Cameroun avec un bond de 17,18 m.

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Hugues Fabrice Zango est désormais sans concurrent sur le continent africain. Le docteur en génie électrique ne s'arrête pas là, le 29 septembre 2019, lors des Championnats du monde d'athlétisme à Doha au Qatar, il obtient la médaille de bronze derrière les Américains Christian Taylor et Will Claye, et devient le premier Burkinabè à remporter une médaille dans cette compétition avec un bond de 17,49 m. Dans sa progression vers le sommet, l'homme de 1,80 m et 78 Kg pulvérise en 2021 le record du monde du triple saut masculin en salle avec une performance de 18,07 m. Zango offrira au Burkina Faso sa première médaille olympique (bronze) à Tokyo au Japon, toujours en 2021.
Le 23 juillet 2022, il remporte la médaille d'argent des Championnats du monde 2022, à Eugene, en établissant sa meilleure performance de la saison avec 17,55 m. En août 2023, il décroche l'or aux Championnats du monde à Budapest, après avoir réalisé un saut de 17,64 m à son cinquième essai puis le 2 mars dernier à Glasgow, Hugues Fabrice Zango devient champion du monde en salle pour la première fois encore s'imposant avec une performance de 17,53 m.
L'or et le record du monde du triple saut aux JO Paris 2024
À 31 ans et pour ses dernières olympiades, Hugues Fabrice Zango vise l'or aux Jeux olympiques de Paris (du 26 juillet au11 août 2024) et le record du monde du triple saut, l'un des plus difficiles à battre. « C'est toujours une grande émotion d'aller aux Jeux Olympiques. Cela signifie qu'on est parmi les meilleurs et parmi ces meilleurs, on veut trois meilleurs. Donc l'objectif pour ces Jeux, c'est de progresser. Décrocher une médaille d'or », dévoile-t-il avant le début des JO de Paris.
De ses débuts modestes à Ouagadougou au Burkina Faso, à sa victoire aux Championnats du monde d'athlétisme au triple saut, le parcours de Hugues Fabrice Zango est très inspirant. Un exemple de détermination, de courage et de succès.

Sangoné Kandji (Championne d’Afrique triple saut) : « J’y croyais à cette médaille d’or »

Sangoné Kandji s’est offert dimanche dernier, un très beau cadeau d’anniversaire en remportant la médaille d’or au concours du triple saut féminin. Née le 9 juin 1992, la pensionnaire du club de Jaraaf remporte la plus belle consécration de toute sa carrière jusqu’ici. Une médaille d’or qu’elle savoure de retour en France. C’est en tout cas ce qu’elle a confié dans un entretien à la télévision nationale sénégalaise.

De l’émotion sur le podium

« C’était beaucoup d’émotions sur le podium, soutient Sangoné Kandji. C’est un sentiment de fierté et de satisfaction d’avoir remporté le concours du triple saut et d’être championne d’Afrique pour le Sénégal » a réagi l’athlète de 30 ans. L’île Maurice est une terre bénie pour elle. En 2009 déjà, lors des Championnats d’Afrique juniors à Bambous à Maurice, elle remportait la première médaille continentale de sa carrière. L’athlète sénégalaise basée depuis deux mois en France avait alors 17 ans.

Saly Sarr (argent au triple saut), Sangoné Kandji (or au triple saut
) et Amath Bassir Faye (bronze au saut en longueur)

Récemment interviewé par Sport News Africa, le président de la Fédération sénégalaise d’athlétisme faisait état d’un certain pessimisme sur les chances de médailles sénégalaises lors de ces 22èmes championnats d’Afrique seniors d’athlétisme à Côte d’Or en Île Maurice. « Pour vous dire franchement, nos seules attentes sont placées sur notre relais 4x400 hommes. Et à la limite on peut espérer aussi sur le 400 m en individuel (…) » avait-il déclaré dans cet entretien paru le 8 juin sur SNA.

Si le patron de la FSA n’y croyait pas, c’est tout le contraire chez Sangoné Kandji. « Depuis le tout début j’y croyais, assure-t-elle. J’ai beaucoup travaillé, j’ai fait énormément de sacrifices. Je le voulais ce titre, c’était clairement un objectif que je m’étais fixé en début de saison. Je n’ai rien lâché même si c’était dur par moments. À force d’y croire, la motivation a finalement payé et je suis devenue championne d’Afrique ».

Un titre pour le déclic

Le Sénégal restait sur 6 ans de diète de médaille continentale. En 2018 à Asaba au Nigeria, les athlètes sénégalais rentraient bredouilles des 21èmes championnats d’Afrique. Ces trois breloques glanées à Maurice sonnent tel un véritable boost pour une discipline en totale perdition ces derniers temps. « Cette médaille d’or est une bouffée d’oxygène pour l’athlétisme sénégalais », a reconnu la nouvelle championne d’Afrique du triple saut féminin.

Un résultat qui suscite beaucoup d’espoir au sein de la famille de l’athlétisme sénégalais, compte tenu du retour prochain du meeting de Dakar. « Tout le monde sait que l’on rencontre beaucoup de difficultés dans notre discipline au Sénégal. Je pense que cela fait assez longtemps que l’on n’a plus remporté de médaille au niveau africain (2016, ndlr). Et ce titre, ainsi que la médaille d’argent de ma compatriote (Saly Sarr, 2ème du triple saut féminin) peuvent donner beaucoup d’espoir pour le futur de l’athlétisme sénégalais » espère Sangoné Kandji.

Moustapha M. SADIO