Au cœur d’une grosse contestation du public sportif malien depuis l’élimination des Aigles à la CAN 2021, Mohamed Magassouba a attisé le feu à la suite de sa dernière interview accordée. Une sortie médiatique face à laquelle la Fédération malienne de football s'est trouvée contrainte de devoir opérer à un recadrage de son sélectionneur.
De notre correspondant au Mali
Le ton de la Fédération malienne de football se veut solennelle et ferme. « Lors de votre récente intervention sur RFI Mandekan, vous avez tenu des propos discourtois et désobligeants, qui ont significativement suscité la colère au niveau des parties prenantes du football malien. Cette attitude inopportune est très assurément un sérieux désagrément pour la FEMAFOOT, qui souhaite et appelle plutôt à un rassemblement et à une grande mobilisation autour de la Sélection, pour une qualification historique à la Coupe du monde. Nous condamnons avec la plus grande fermeté et nous vous adressons une mise en garde », indique la mise en garde de l'instance à l'attention de son sélectionneur, Mohamed Magassouba.
Une réaction aux propos du technicien lors d'une interview en date du 28 février, qualifiée de « malheureuse », par Alassane Souleymane Maïga, ancien candidat à la présidence de la FEMAFOOT. Pour ce dernier, elle dénote « sûrement d'un manque de coordination dans la communication. Une telle sortie du coach ne pourrait rentrer que dans le lot d'une communication mal pensée et donc improductive. Le tout à un mois de ces deux matches hautement importants pour le football malien. »
Un tollé et autant de réactions causées par Mohamed Magassouba qui a eu le tort de répondre aux nombreuses critiques dont il est la cible depuis l'élimination des Aigles en 8èmes de finale de la CAN 2021. « Si les gens se sont frustrés de notre élimination parce que tout simplement nos joueurs savent jouer. Mais sachons qu'on est pas le meilleur pays du football mondial et africain. Et puis la population malienne n'a pas de patience. Quand on le dit on nous dira qu'on a pas d'ambitions. Ceux qui savent jouer plus que le Mali on fait combien de temps avant de remporter une coupe ? », a notamment lancé le technicien.
Mohamed Magassouba a poursuivi en des termes bien plus incisifs en indiquant : « Aujourd'hui ce sont des individus malintentionnés qui veulent détourner la vigilance des autres (…) Depuis l'existence du Mali c'est l'une des rares fois qu'on atteint les barrages de la Coupe du monde. Qu'est-ce qui a fait cela ? C'est le travail. Si tu vois que les gens sont en colère parce-que l'équipe a progressé sinon le cas contraire personne ne saurait mis en colère (…) Les critiques que les gens font ne sont pas des critiques objectives. Ce sont des bons à rien qui sont entrain de tirer sur le Mali. Ils veulent nous faire tomber très bas. Ils disent l'équipe du Mali ne marque pas de du but. Lors de la CAN, l'Egypte a marqué combien de buts ? Le Sénégal a marqué combien de buts en phase de poule ? Là-bas le ciel n'est pas tombé. On les a laissé travailler. Cette CAN a été difficile pour beaucoup d'équipes qui n'ont pas marqué assez de buts. Ce n'est pas le Mali seul. Mais on a pris notre cas sérieusement pour en faire une arme de lutte et de sabotage. »
Des propos qui ont grandement fait réagir auprès de l'opinion publique et plus particulièrement des supporters et suiveurs de la sélection. Avant même la réaction de la Fédération malienne, l'ancien international Brahim Thiam a réagi sur ses réseaux sociaux. « Tous les amoureux de l'équipe nationale sont des patriotes qui aiment les Aigles. Il n'y a ni aigris, ni jaloux, ni ennemis. Seulement un peuple à respecter car le football représente toute notre vie et nous nous sommes battus sur le terrain les années passées pour nous qualifier durement donc pas de leçon de morale à recevoir », a notamment indiqué l'ancien consultant de beIN Sports.
Pour Narémakan Keïta, longtemps défenseur de Mohamed Magassouba, les propos du sélectionneur on changé la donne sur son point de vue. « J’étais d’accord avec lui sur plusieurs points, mais son intervention témoigne du fait qu’il n’est pas un bon leader. Il qualifie ceux qui estiment qu’on pouvait mieux faire à la dernière CAN d’aigris et d’ennemis de l’équipe nationale. Désormais, même s’il remporte la Coupe du monde, pour moi c’est un petit homme qui refuse toute critique à son encontre. Ce n’est pas un bon leader simplement. Je ne soutiendrai plus jamais cet homme qui qualifie certains de nos compatriotes ayant des points de vue contraires au sein d’égoïstes », confie l'homme de presse. Une interview qui semblait anodine au départ et qui au final est venue mettre davantage de pression sur les épaules du sélectionneur, dont la position sera intenable en cas d'échec à la qualification pour le Mondial au Qatar.