Deux fois vainqueur et meilleur buteur de la Coupe d’Afrique avec le Cameroun, médaillé d’or et meilleur joueur des Jeux Olympiques de Sydney, Patrick Mboma, Ballon d’or africain 2000, a collectionné les trophées durant sa carrière internationale.
De notre correspondant au Cameroun,
Il était «Magic», Patrick Mboma. Considéré comme l’un des meilleurs attaquants de l'histoire du continent africain, il suffisait de le voir dans son maillot vert du Cameroun, numéro 10 dans le dos. Il suffisait surtout de le voir décrocher, dribbler, frapper et marquer du gauche, pour mesurer l'étendue de son talent. Il suffisait aussi que son équipe obtienne un coup-franc pour juger sa puissance de frappe. Il suffisait enfin qu’un de ses partenaires se démarque parfaitement pour bénéficier d’une de ses galettes à déguster.
Bien sûr, c’était une époque que la jeune génération des Lions Indomptables n’a pas connu. Beaucoup devaient avoir à peine un ou deux ans. D’autres n’étaient pas assez grands pour mesurer le talent de Patrick Mboma qui faisait le bonheur de la sélection camerounaise durant ces années. Car, c’est précisément à partir de l’an 2000, que le buteur camerounais entre dans la légende. Vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations au Nigeria, lMboma (30 ans), réussit à conquérir le monde quelques mois plus tard.
Aux côtés d’un Samuel Eto’o (19 ans à l’époque) encore Lionceau, Mboma offre à sa nation sa première médaille d'or olympique aux Jeux de Sydney. Un tournoi durant lequel celui que les Camerounais surnomment «Magic Mboma» a fait trembler les filets contre le Brésil de Ronaldinho en quart, le Chili d’Iván Zamorano en demie et l’Espagne de Xavi en finale.
«Quand je pars pour les JO, j’avais déjà accompli tout ce que j’espérais avec la sélection. Et je n’imagine pas obtenir une médaille, confiait Mboma à Fifa.com. Et 15 jours plus tard, on gagne. Et il faut savoir qu’à l’époque, le Cameroun n’avait encore jamais décroché l’or. La joie était juste incommensurable. Je continue plus de 20 après à chercher à la décrire. Cette médaille d’or est ma plus grande joie de footballeur ». En guise de récompense supplémentaire après cette médaille olympique, le natif de Douala décroche le Ballon d’or africain la même année.
Deux ans plus tard, les Lions indomptables remportent de nouveau la CAN (2002). Mboma termine Soulier d’or avec 3 buts. Et remet ça à la CAN 2004 en inscrivant cette fois 4 buts. Il annonce sa retraite internationale le soir de l'élimination de son pays en quart de finale. Avec 33 pions en 55 sélections, il possède le meilleur ratio buts/match de l’histoire de la sélection camerounaise.
Consultant pour la chaîne française Canal+, Patrick Mboma ne fait pourtant pas partie de ces génies du football à qui le ciel a tout donné. Dès le bas âge, il comprend vite que le talent se construit et s’entretient. Parti de Douala à l’âge de 12 ans, ses qualités de buteur lui ouvrent les portes du Paris Saint-Germain en 1990. Mais il évoluera longtemps en réserve, barré sur le front de l'attaque par un trio de galactiques formé de George Weah, David Ginola et Amara Simba.
Convaincu qu’une grande carrière l’attend, il décide alors de forcer son destin. Il rejoint d’abord Châteauroux en prêt (1992), puis Metz (1995). Mboma dispute une soixantaine de matchs avec ces deux clubs, et plante 26 buts. Il s’envole ensuite pour le Japon où il signe au Gamba Osaka en 1997. En confiance, Mboma trône sur la J League et termine meilleur buteur (25 réalisations en 28 rencontres).
Peu avant la Coupe du monde 1998, Mboma revient en Europe pour s’offrir une chance d’être sélectionné avec le Cameroun. L’auteur de la bicyclette magistrale du 4 octobre 2000 au stade de France (1-1 en amical contre les Bleus, Ndlr.) signe à Cagliari (1998) puis à Parme (2000). Mais les blessures à répétition et les allers-retours avec la sélection nationale le pénalisent. Il quitte Parme au bout d'une saison et demie pour l’Angleterre. Mais le séjour à Sunderland se passe mal (9 matchs joués, 1 but inscrit). Direction Al-Ittihad Tripoli en Libye, avant un retour au Japon pour finir à Vissel Kobe (2004-2005). Près de 17 ans après avoir raccroché ses crampons, le consultant de 52 ans évolue de nouveau au sein des Lions Indomptables. Mais cette fois, au poste d’ambassadeur.
Kigoum WANDJI