Youssouf Mulumbu a beaucoup de plans pour son après-carrière. L'ancien international congolais à déjà amorcé le processus de sa reconversion. Dans cet entretien accordé à Sports News Africa, l'ancien sociétaire de Norwich a notamment indiqué vouloir occuper un posté prédominant à la FECOFA.
Sports News Africa : Ça fait deux ans que vous ne jouez plus au football, qu'est-ce que vous avez fait depuis ce temps ?
Youssouf Mulumbu : Pour l'instant je dirai que J'avais pris une année sabbatique pour voir là où j'allais m'orienter. Je suis spécialisé dans les sports, je vais passer mes diplômes de directeur sportif et de coaching en Belgique avec mon ami Dieumerci Mbokani.
C'est prévu pour quand ?
Youssouf Mulumbu : Normalement la session doit commencer en septembre.
C'est donc une reconversion que vous préparez; devenir directeur sportif ou coach a toujours été votre objectif ?
Youssouf Mulumbu : Mon vrai rêve est d'avoir un rôle prédominant à la Fédération congolaise de football association. Mais ça se fait doucement, il faut d'abord appendre, avoir de l'expérience et surtout il faut être sur le terrain. Voilà pourquoi j'avais fait de mon mieux pour jouer à Lupopo pendant une saison. Cela m'a permis de goûter aux saveurs du championnat de la RDC.
Pour un joueur qui n'avait jamais joué dans un club africain, d'où vous est venue l'idée de terminer votre carrière en RDC ?
Ça a choqué plusieurs personnes du monde du football, ma famille et tout mon entourage. Mais mon objectif était de venir comprendre ce que c'était le championnat congolais, quelles en étaient les difficultés et voir là où les améliorations étaient nécessaires. Mon passage à Lupopo s'est très bien passé. Ça m'a permis de faire venir un coach expérimenté et des joueurs venus de l'extérieur. La mission a été brillamment accomplie et Lupopo a retrouvé sa splendeur en tant que grand club en RDC. Personnellement, ça m'a permis de voir dans quel mécanisme arriver à la FECOFA ou au ministère des Sports.
Votre contrat avec Lupopo prévoyait que vous deveniez manager de l'équipe après votre passage en tant que joueur du club, qu'en est-il aujourd'hui ?
Youssouf Mulumbu : C'était assez difficile, j'étais venu voir comment ça fonctionnait. Le fait d'avoir les gens proches du président Kyabula, gouverneur de la province du Haut-katanga, dans le Comité était dur. C'est pourquoi après ce temps passé à Lupopo je suis allé au FC Tanganyika en tant que manager. Nous avons fait venir le coach et aujourd'hui ils sont montés en première division. Ça s'est très bien passé. J'ai, ensuite, eu des appels de Lupopo pour revenir mais j'ai senti que ça allait être difficile d'installer mon état d'esprit et ma vision.
Aujourd'hui, peut-on dire que vous avez complètement raccroché les crampons ?
Youssouf Mulumbu : Oui, là j'ai pris de l'âge, il faut aussi laisser les jeunes s'exprimer. Il faut savoir arrêter au bon moment. Je pense que le football est une grande institution qui ouvre des portes en nous donnant la possibilité de rencontrer des présidents des institutions et d'autres personnes hauts placées. Il faut s'en servir après sa carrière pour pouvoir se guider vers d'autres cieux. Et je crois que je l'ai très bien fait. Mon but ultime est donc d'avoir un rôle prédominant à la FECOFA ou au ministère des Sports.
Êtes-vous satisfait de votre carrière de footballeur ?
Youssouf Mulumbu : Je pense que tout joueur n'est pas satisfait parce qu'il y a toujours une chose qu'on aurait voulu faire mais qu'on n'a pas pu réaliser. Ma plus grosse déception est de n'avoir pas gagné un trophée avec l'équipe nationale de la RDC. Mais pour le reste je pense que je suis content de ma carrière. J'ai joué dans les meilleurs championnats du monde, j'ai joué avec et contre les meilleurs joueurs du monde comme Ronaldinho, Okocha, Romelu Lukaku. Concernant le pays, on ne peut plus y revenir mais on supporte les Léopards en essayant de donner des conseils et d'aider comme on peut, espérant que ceux qui sont là aujourd'hui pourront gagner un trophée.
Vous n'avez pas remporté de trophée avec les Léopards mais vous avez pu remporter une médaille de bronze à la CAN 2015 où vous avez été un vrai leader d'équipe. On a senti une certaine hargne en vous qui de nature êtes un peu réservé. Qu'est-ce qui s'était passé ?
Youssouf Mulumbu : J'avais vraiment pris à coeur mon rôle de capitaine pendant cette CAN là. Je sentais que l'équipe avait vraiment besoin de moi. Mais après, le leadership ne se vole pas, c'est dans l'être humain lui-même. Et les Congolais me montrent leur reconnaissance par rapport à ça. Ça fait du bien. Cette CAN là a remis la RDC à un bon niveau sur le continent en terme de considération.
Vous avez joué pour les équipes de jeunes de la France. Qu'est-ce qui vous a poussé à faire le choix de jouer pour la RDC en devenant senior ?
Youssouf Mulumbu : C'est tout simplement l'amour de mon pays. C'était aussi pour construire quelque chose parce que les Français ont déjà tout. C'était aussi le projeter pour mon après carrière pour pouvoir bâtir quelque chose de grand. Je pense qu'on l'a fait à vingt pourcents. Voilà pourquoi j'ai le goût amer par rapport à la carrière internationale parce que je pense qu'on aurait pu faire beaucoup plus avec l'équipe nationale. Je n'ai jamais cessé de prouver mon amour pour la RDC.
Comment trouvez-vous la gestion du football en RDC aujourd'hui ?
Youssouf Mulumbu : C'est très compliqué, j'étais à Lupopo pendant un an, le championnat s'était arrêté. On ne savait pas contre qui on allait jouer. On a la chance d'avoir des grands clubs mais ça ne se voit pas trop de l'extérieur du pays. On a des très bons joueurs mais dans des compétitions internationales, on ne voit pas le nom de la RDC apparaître. C'est parce qu'il y a un problème de fond.