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La Fédération Guinéenne de Football fait face à un nouveau scandale. Aboubacar Sampil, son président, fait encore l'objet d'une plainte pour détournement de fonds et abus de pouvoir notamment. Des accusations qui ravivent les tensions à quelques semaines d'une assemblée générale sous haute tension.
La tempête continue de s'abattre sur Aboubacar Sampil. Au lendemain de la publication de notre enquête détaillant un possible détournement de plus de 66 % des commandes d'équipements destinés aux équipes nationales au profit de l'AS Kaloum, club dont il est le propriétaire, une nouvelle plainte vient compliquer sa situation.
Lire aussi : Guinée : des équipements du Syli National détournés au profit du club du président de la FEGUIFOOT ?
Le Kaloum Football Club (KFC), par l'intermédiaire de son secrétaire général, Alama Camara, a saisi la Commission d'éthique de la FEGUIFOOT. Selon la plainte, dont nous avons obtenu copie, Sampil aurait abusé de sa double fonction de président de la fédération et de propriétaire de l'AS Kaloum pour détourner à son avantage des ressources destinées au football national.
Conflit d'intérêts et violation du Code d'éthique de la FIFA
Dans son argumentaire, Alama Camara souligne que ces faits constituent une violation grave des principes éthiques du football international. Il cite notamment l'article 14 du Code d'éthique de la FIFA, qui impose aux dirigeants de respecter leurs devoirs avec diligence, en particulier sur les questions financières.
« En affectant illégalement les fonds, moyens ou opportunités de la fédération à l'équipement de son propre club, M. Sampil commet un délit de droit commun et un acte de corruption sportive », déclare le plaignant, qui cite également les articles 26 et 29 pour appuyer les accusations d'abus de pouvoir et de détournement de fonds.
D'autres acteurs du football guinéen se joignent à cette fronde et envisagent de porter l'affaire devant la CAF et la FIFA.
Un climat explosif à la Fédération
Ce nouveau dossier intervient dans un climat déjà tendu au sein du comité exécutif de la FEGUIFOOT où Sampil est de plus en plus isolé. Son style de gestion, jugé solitaire, et les accusations de mauvaise gouvernance alimentent les tensions.
Face à cette crise, également sportive vu les résultats de l’équipe nationale qui condamnent presque le Sily National à une élimination des phases qualificatives à la Coupe du Monde, l'assemblée générale de la fédération, initialement prévue le 4 avril et reportée au 8 mai, s'annonce sous haute tension.
Si certains justifient ce report par la non-disponibilité des états financiers, en coulisses, d’autres estiment que Sampil voulait éviter un débat houleux dans ce contexte de crise.
« Il espérait redorer son image avec les derniers matchs du Syli, mais les résultats n'ont fait qu'aggraver la situation », confie un membre du comité exécutif. « Aujourd'hui, plusieurs responsables veulent son départ et comptent profiter de cette assemblée pour le pousser vers la sortie. »
Des plaintes à répétition
Ce n'est pas la première fois que ‘Bouba’ Sampil se retrouve mis en cause. Mohamed Diawara, président de la Commission d'éthique de la FEGUIFOOT, l'avait déjà accusé d'entrave à une enquête sur des abus sexuels sur mineurs à l'académie de Nongo.
En septembre 2024, cinq des sept membres du comité exécutif, dont deux vice-présidents, avaient aussi déposé une plainte contre lui pour gestion opaque et violation des règles internes. Ils ont particulièrement pointé du doigt sa mauvaise gestion, les décisions unilatérales en violation des textes, le non-respect de la tenue des assemblées extraordinaires, l’immixtion dans le fonctionnement de la Ligue Guinéenne de Football Professionnelle (LGFP), etc. Sans oublier un autre dossier de manipulation de matchs.
Avec ce nouveau cas, l'étau se resserre autour de Sampil, dont le maintien à la tête de la FEGUIFOOT semble de plus en plus compromis malgré le soutien envers et contre tous jusqu’ici de Gelson Fernandes, le directeur régional de la FIFA pour l’Afrique.
Par Facely KONATÉ et Romain MOLINA