La Gambie, confrontée à l’épidémie de Covid-19, aux blessures et aux absences de joueurs retenus en Europe par leurs clubs, a connu une préparation pour la CAN très agitée à Doha (Qatar). Tom Saintfiet, le sélectionneur belge des Scorpions, raconte ce séjour compliqué dans le Golfe Persique.
De notre correspondant en France
Peut-on parler d’une réelle préparation pour la Gambie, qui participera pour la première fois de son histoire à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) ?
Non. Notre préparation a été tronquée. Je n’aurais jamais imaginé cela. Nous étions dans de très bonnes conditions pour travailler, nous devions jouer deux matches amicaux contre l’Algérie le 1er janvier et la Syrie le 5. Ils ont été annulés, car j’avais 16 joueurs indisponibles, sur 28. Certains étaient touchés par la Covid-19. Il y avait aussi des blessés, et des joueurs qui étaient toujours en Europe. Dans ces conditions, il était impossible de jouer. J’aurais aimé qu’on en dispute au moins un avant de jouer la CAN. Malheureusement, ce ne sera pas possible. Des joueurs ont été infectés par la Covid-19, mais également des membres du staff. Presque tout le monde est vacciné, mais cela n’a pas empêché les contaminations. Par exemple, mon physiothérapeute belge, qui a pourtant reçu trois doses, a été touché.
Comment peut-on travailler avec un effectif aussi réduit ?
C’est très difficile. Pour certaines séances, je n’avais qu’un seul gardien à ma disposition. On ne peut donc pas faire d’oppositions, surtout quand vous avez 12, 13 ou quatorze joueurs sur le terrain ! Alors, on fait des jeux avec le ballon, du travail physique… Mais comment voulez-vous travailler tactiquement quand vos joueurs ne sont pas tous là ? C’est impossible. C’est la même chose pour le travail vidéo. J’avais prévu des choses pour les montrer à des joueurs, dans un schéma bien spécifique, mais s’ils ne sont pas avec nous, cela ne sert à rien…
Comment vont s’organiser les prochains jours ?
On va faire une escale le 6 janvier à Banjul afin de rencontrer le président de la République de Gambie (Adama Barrow, ndlr) qui nous remettra le drapeau national. Puis on s’envolera pour le Cameroun le 7. Le lendemain, je saurai sur qui je peux compter. Il y aura peut-être des joueurs touchés par le virus et qui ne pourront pas disputer la CAN.
La CAF a refusé de modifier son règlement : les listes ayant été déposées le 30 décembre dernier, aucun changement ne sera possible au sein d’un effectif, même si des joueurs sont positifs…
Ce n’est pas normal. La CAF a autorisé certains clubs européens à conserver des joueurs jusqu’au 3 janvier, alors que la date initiale avait été fixée au 27 décembre. On protège les clubs européens, mais pas les sélections africaines. Je ne comprends pas. Comment une sélection peut-elle correctement se préparer s’il lui manque une partie de son effectif ? On ne respecte pas les sélections, on ne respecte pas les sélectionneurs, on ne respecte pas les joueurs. La FIFA doit de son côté estimer que les pays africains ne sont pas si importants…
Êtes-vous pessimiste pour votre sélection, la Gambie ?
Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste. Je suis réaliste. On ne sait pas avec quels joueurs on va partir au Cameroun, notre préparation a été bouleversée et nous allons jouer notre premier match face à la Mauritanie, le 12 janvier. Nous allons essayer de travailler du mieux possible avant cette rencontre.
Scorpions warming up ahead of today's session pic.twitter.com/lekEtFS0Sn
— Official GFF 🇬🇲 (@TheGambiaFF) January 2, 2022
Alexis BILLEBAULT
