Pressenti pour faire partie de la liste des arbitres choisis pour la Coupe du monde 2014, Badara Diatta est finalement resté à quai à quelques encablures du début de la compétition. S’il reconnaît que cela est le plus grand regret de sa carrière, l’ancien arbitre international sénégalais justifie son absence par une simple question de choix de riche pour la FIFA. Mais un match décisif de barrages de Coupe du monde entre l’Algérie et le Burkina serait vraisemblablement à l’origine de son éviction de la pré-liste des arbitres pour le Mondial brésilien.
De notre correspondant au Sénégal,
Troisième arbitre sénégalais de l’histoire à officier lors d’une finale de Coupe d’Afrique des nations (CAN) après le regretté Badara Mamaya Sène en 1992 au Sénégal et Falla Ndoye en 2004 en Tunisie, Badara Diatta a été l’un des meilleurs sifflets africains au début des années 2010. «Siffler la finale de la CAN en 2012 a été l’apogée de ma carrière» a-t-il d’ailleurs reconnu. Après cette finale, Badara Diatta figure dans la pré-liste de la FIFA pour arbitrer lors du Mondial 2014. Il sera finalement enlevé de cette short-list dans le sprint final.
Désigné pour le sulfureux Algérie - Burkina Faso, match retour comptant pour les qualifications à la Coupe du monde 2014, Badara Diatta a vu la Fédération Burkinabé de football (FBF) jouer les prolongations après la défaite 1-0 des Étalons, synonyme d’élimination. Une plainte à son encontre est alors déposée par les dirigeants de la FBF auprès de la FIFA. Il lui est alors reproché d’une part, l’annulation du but de Charles Kaboré après une dizaine de minutes de jeu. D’autre part, peu avant la mi-temps, le capitaine burkinabé est de nouveau sévèrement taclé par Majid Bougherra qui inscrit peu après le but de la qualification des Fennecs. L’arbitre ne sortira pas de carton sur l’action en question. Puis, alors qu’il a accordé 4 minutes de temps additionnel, M. Diatta n’aurait validé que deux minutes.
Interrogé par Sport News sur la possibilité que cette plainte de la Fédération burkinabè auprès de la FIFA ait été à l’origine de son absence au Mondial 2014, M. Diatta pense que non. «Personnellement je ne pense pas que j’ai été enlevé de la liste pour la coupe du monde à cause de ce match, assure-t-il. Un arbitre est préparé sur 4 années pour la coupe du monde. On ne peut pas réduire la qualité d’un arbitre sur un seul match. C’est des choix opérés par la FIFA et qu’en tant que sportif il faut accepter. Je doute fort que mon éviction de la liste pour le Mondial au Brésil émane de ce Algérie - Burkina Faso (2 juin 2013)» a-t-il soutenu.
Une théorie qu’il balaie d’un revers de main avec les péripéties vécues récemment par un autre arbitre sénégalais et qui ne l’ont pas privé du Mondial 2022. «Aujourd’hui nous avons un trio sénégalais dans cette coupe du monde au Qatar avec Maguette (Ndiaye, ndlr) et ses assistants. Combien de fois ont-ils été critiqués après ce fameux match Afrique du Sud - Ghana (qualifications coupe du monde 2022, 14 novembre 2021). Mais ils sont bien présents dans ce Mondial » a-t-il ajouté.
Manquer cette Coupe du monde 2014 reste toutefois sa plus grosse déception. «C’est mon plus grand regret, il faut le dire, a-t-il reconnu d’emblée. Après, c’est une question de choix. Personnellement j’ai essayé de tout donner avec mes jeunes frères assistants, Djibril Camara et El Hadj Malick Samba».
Devenu arbitre par un pur hasard après avoir vu un jour, dans son Ziguinchor natal, un de ses amis, arbitre, rentrer au stade sans payer alors que lui a dû acheter un billet d’entrée, Badara Diatta préfère retenir le positif au moment de faire le bilan. «Mon histoire avec l’arbitrage, est parti de ce petit fait insolite vécu à Ziguinchor. Et j’ai eu la chance derrière, de côtoyer des gens, d’avoir pu vivre ma passion jusqu’au bout et d’avoir connu de grandes émotions. C’est ce que j’aimerais retenir, ces choses positives».
Désormais instructeur arbitres pour la CAF et la FIFA, Badara Diatta prend tout avec philosophie. Lui qui a pleinement vécu son amour pour le football à travers l’arbitrage. «Le match qui m’a le plus marqué a été mon premier en qualifications à la Coupe du monde entre le Ghana et l’Afrique du Sud. J’ai eu la chance de rencontrer de grandes stars comme Gyan Asamoah, Michael Essien. Et du côté de l’Afrique du Sud il y avait Mark Fish que j’ai regardé à la télé quand l’Afrique du Sud remportait la CAN chez elle (1996). Ça a été un match qui reste gravé dans ma mémoire».
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Moustapha M. SADIO
