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Louis-François Mendy : « quand j’ai fait ce faux départ j’étais dégoûté »

Louis-François Mendy revient sur belle saison. Le sprinteur sénégalais a été impressionnant améliorant à plusieurs reprises le record national du Sénégal du 110 m haies. La seule fausse note est ce faux départ en demi-finale des Mondiaux de Budapest. Une contreperformance que l'athlète de 24 ans a eu du mal à digérer.  

Louis-François Mendy
Louis-François Mendy aux Mondiaux de Budapest

Louis-François Mendy, comment se passe votre séjour au Sénégal et avez-vous repris les entraînements ?

Depuis la fin de ma saison, je suis en vacances à Dakar. Actuellement je fais ma préparation hivernale, je travaille sur du sable à la plage avec des exercices de musculation sur les côtes. Ça me fait beaucoup de bien de revenir au pays me ressourcer un peu. Voir la famille et profiter de mes amis après une saison bien remplie. En France je n’ai pas ce sable là, la plage est assez éloignée de là où je vis. Du coup il vaut mieux revenir au Sénégal parce que c’est avec ces conditions que j’ai été formé, le travail hivernal sur la plage avec mon Coach. Je suis habitué à cela depuis que je suis gamin. Le sable te permet d’avoir de la puissance pour avoir de la stabilité dans les jambes, renforcer les articulations pour être plus mobile encore. Reprendre de la force pour faciliter le retour sur la piste avec l’aspect technique des haies et la préparation…

Quel bilan tirez-vous de votre saison dans sa globalité ?

J’ai fait une énorme saison que je note avec un 19/20. J’ai rempli la moitié des objectifs fixés avec mon Coach et mon staff. Faire les minima des championnats du monde et surtout des Jeux olympiques. J’ai tenu promesse. En ce qui concerne les meetings, j’en ai fait plusieurs en 2023. Je me suis battu pour toujours finir parmi les trois premiers de chaque course. Le challenge c’était les championnats du monde avec l’objectif d’atteindre les demi-finales.

En juillet dernier vous battez votre propre record du Sénégal. La 4ème fois entre mai et juillet. Qu’est-ce qui explique ce déclic en 2023 au niveau de vos performances ?

Louis-François Mendy : Tout est une question d’envie, de détermination et de volonté pour réaliser ses objectifs dans la vie. Je me suis dit que j’avais du retard lors des Jeux olympiques de Tokyo. J’étais préparé pour faire une belle saison mais j’ai eu le Covid. Ça m’a un peu ralenti. J’avais perdu 3,5 kilos. Ensuite j’avais des séquelles avec des problèmes d’articulations. Cela m’a totalement ralenti en 2021. Ma progression devait être bien plus rapide que ça. Avec mon coach on avait fait un super boulot. Mais avec les blessures c’était quasi impossible. L’année 2022 aussi je n’étais pas au pic de ma forme. En début de saison j’avais des blessures qui m’ont poursuivi jusqu’au championnats d’Afrique où je suis tombé. Ce qui ne m'était jamais arrivé. Depuis ce jour-là je me suis dit il faut que je revois les choses parce que je comprenais pas pourquoi j’avais autant de blessures, que je n’arrivais pas à faire des chronos. J’ai fait mon meilleur chrono en fin de saison. Ce qui n’est pas normal.

« À Budapest, je me suis dit plus jamais d’élimination au premier tour »

 

En 2023, on s’est fixé de nouveaux objectifs, on a changé la routine de ma vie. Avec mon Coach, on a fait un briefing. Je lui ai donné mon point de vue sur l’année 2023 avec des conseils de mon « papa » Amadou Dia Ba (vice champion olympique 1988 du 400m haies) et du directeur technique national. Il était d’accord et m’a soutenu dans cette nouvelle direction. J’avais dit que j’allais faire les minimas pour les JO de Paris et me qualifier aux Mondiaux. Mon staff m’a donné un ultimatum : si je ne faisais pas les minimas, je ne participerais plus aux compétitions. J’ai dit ok et j’ai tenu promesse. J’ai travaillé comme un malade, même à la maison. Les chronos sont tombés un à un. J’avais bien planifié les choses. Je n’étais pas du tout surpris de mes chronos cette année.

Pour ce qui est des records, je suis quelqu’un qui aime relever les défis. À un moment donné, mon chrono était autour de 13’’30. Les minima des JO et des Mondiaux étaient à 13’’27. Quand je partais au meeting de Troyes, je le sentais, je me suis dit aujourd’hui c’est mon heure. Je vais tout faire pour réaliser moins de 13’’27 et réaliser définitivement ce chrono des JO. Dans ma tête il n’y qu’une chose : la qualification à Paris 2024. Avec l’aide de Dieu, j’ai tenu mes promesses grâce à ma détermination, mon envie et mon abnégation.

Comment avez-vous abordé les championnats du monde et que pensez-vous de vos performances à Budapest ?

Ce sont mes 3èmes championnats du monde. J'ai fait ceux de 2019 à Doha, puis en 2022 à Eugene aux États-Unis. À chaque fois j’étais éliminé au premier tour. À Budapest, je me suis dit plus jamais d’élimination au premier tour, il fallait être en demi-finale. Je l’avais bien ancré dans ma tête. J’étais prêt pour cette compétition, j’avais la gnaque. J’ai dit à mon coach : objectif la finale. Il a rigolé. Je lui ai dit prends moi au sérieux je vais rentrer en finale. Au premier tour je suis parvenu à reproduire ce que j’avais en tête sur la piste grâce à Dieu. J’avais le 2ème meilleur temps de tous les engagés, j’étais encore plus motivé. Je croyais dur comme faire à cette place de finaliste. Malheureusement, le rêve s’arrête en demi-finale avec ce faux départ. Ça m’a coûté cher avec cette finale manquée. J’avais ma place là-bas. C’est la volonté de Dieu. Moi je suis foncièrement croyant. Mais j’avoue que ça m’a fait mal sur le coup. Je n’arrivais pas à dormir cette nuit-là, jusqu’à 4h du matin, à me refaire le film de mon faux départ. Là c’est oublié parce qu’après tout, j’ai fait une très belle saison et il faut que je sois fière de ça. On est maintenant concentré sur le futur.

« À Paris l’objectif est la finale, rien de moins »

 

Vous étiez-vous mis trop de pression sur ces demi-finales ?

Louis-François Mendy : Pour dire vrai, je n’avais ni pression ni euphorie sur mes épaules. J’étais serein et zen. Mais quand même j’étais chaud et prêt à en découdre. C’est normal, il faut la gnaque pour courir. Quand j’ai fait ce faux départ j’étais dégoûté. Parce que j’étais qualifiable en fait. Dans ma série, j’avais les moyens de faire partie des deux premiers qualifiés directs. Et au pire 3ème pour espérer une qualification au temps. Je voulais répéter la même chose qu’en série. Malheureusement j’ai bougé plus vite que le Starter et le rêve s’est arrêté net (silencieux). Ça tourne en boucle jusqu’à présent en vous parlant. Mais après tout, c’est la dure loi de mon sport.

Qu’avez-vous ressenti quand vous avez réalisé les minima pour les JO ?

Ça a été un immense soulagement pour moi quand j’ai fait les minimas. Dieu m’a permis de réaliser cet objectif. Je me suis enfin relâché, la pression est descendue. Il faut dire que toute la saison je me suis entraîné avec cet objectif en boucle. Dans mon téléphone c’était affiché 13’’27 pour me rappeler le chrono des minima. Je me suis dit qu’il fallait que j’aille jusqu’à 13’’20. Par la suite je claque un 13’’18. Je me suis dit : ok je suis capable de ça ! C’est une grande satisfaction pour moi en tant qu’athlète sénégalais. Le fait d’être le premier de mon pays à décrocher une qualification par les minima depuis 2012. Je me suis dit que j’ai ouvert une porte pour que tous les athlètes sénégalais puissent croire en eux. Si moi je l’ai fait, alors eux aussi peuvent le faire. Il n’y a pas de secret. C’est juste le travail, la discipline, l’envie et la rigueur. Croire en soi. Si tu as ces qualités, la vision et le soutien des autorités, tu peux faire de belles choses.

Qu’est-ce que vous visez aux jeux olympiques 2024 après Tokyo en 2021 ?

À Paris l’objectif est d’aller en finale. Aux championnats du monde c’était les demi-finales mais aux Jeux olympiques c’est la finale, rien de moins. En finale, je réserve la surprise à tout le monde. Je prie Dieu d’atteindre la finale des JO. Tout dépendra de mon début de saison. On saura si les choses sont encore là ou pas. Là je travaille avec mon staff et mon entraîneur, concentré sur les Jeux olympiques mais aussi les championnats d’Afrique (date ???). Il faut être leader dans son continent pour espérer se confronter aux meilleurs au monde. Pour l’instant je suis le top africain. Je compte réaliser de nouvelles performances en 2024 et aller en finale des Jeux olympiques. En finale, tout est possible dans cette discipline technique.

Moustapha M. SADIO

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