Mardi soir, Nabil Maâloul, l’entraîneur de l’Espérance Tunis, a assisté depuis son domicile à la lourde défaite de la Tunisie face au Brésil (1-5) au Parc des Princes, à Paris. Mais l’ancien sélectionneur des Aigles de Carthage veut croire que cet échec ne laissera pas de traces, à moins de deux mois de la Coupe du Monde au Qatar (20 novembre-18 décembre).
De notre correspondant en France
Sport News Africa : Après une victoire face aux Comores (1-0, le 22 septembre), la Tunisie a été sèchement battue par le Brésil. Vous attendiez-vous à une soirée aussi compliquée ?
Nabil Maâloul : Quand on affronte une sélection comme le Brésil, une des meilleures du monde, il faut s’attendre à vivre une soirée compliquée. Les Brésiliens font partie des favoris pour la Coupe du Monde. Je n’avais pas vu le match face aux Comores, car il n’était pas retransmis, mais le Brésil, c’est une autre opposition. On a pu mesurer mardi soir la différence de niveau entre la Tunisie et les Sud-Américains. Sur le plan technique, tactique, athlétique… Le Brésil a de très grosses individualités, dont Neymar. Évidemment, ce n’est jamais agréable de perdre aussi lourdement, mais il ne faut pas dramatiser.
La Tunisie avait pourtant effectué un début de match intéressant…
Oui, car elle avait sur égaliser rapidement par Talbi, après l’ouverture du score de Rafinha. Mais ce qui lui a fait très mal, à mon avis, c’est d’avoir encaissé tout de suite le second but de Richarlison. Les Tunisiens n’ont pas eu le temps de savourer leur but qu’ils devaient de nouveau courir après le score. Derrière, il y a ce penalty qui était évitable, et quand on est mené 3-1 au bout d’une demi-heure par une équipe aussi forte que celle du Brésil, moralement, c’est difficile. Et encore plus quand on en encaisse un quatrième juste avant la mi-temps.
L’expulsion de Dylan Bronn en première mi-temps vous a-t-elle semblé sévère ?
Non. C’est mérité. Il n’avait pas à faire ce geste. C’est une expulsion stupide. A 11 contre 11, c’est déjà compliqué, alors en infériorité numérique…
La Tunisie a commis plusieurs erreurs défensives qui ont été exploitées cash par les Brésiliens…
Quand vous commettez des erreurs de placement face à des individualités aussi fortes, la sanction est souvent immédiate. La défense tunisienne a commis des erreurs, le Brésil a su en profiter. Elle a régulièrement été prise dans le dos par la vivacité des attaquants brésiliens. Lors de la Coupe du Monde, et notamment face à la France, il faudra se montrer très attentif, car les Bleus ont des joueurs très rapides, notamment Kylian Mbappé, Kingsley Coman ou Ousmane Dembélé, s’il est sélectionné.
Avez-vous néanmoins retenu des aspects positifs lors de cette soirée parisienne ?
Oui. En seconde période, la Tunisie s’est montrée plus solide. Elle n’a encaissé qu’un but. Peut-être aussi que les Brésiliens, qui menaient 4-1 à la pause, ont levé le pied. La Tunisie a réussi à se procurer des occasions, elle a marqué un but sur coup de pied arrêté, alors que les Brésiliens, qui disposent de défenseurs de grande taille, en encaissent très peu dans ce genre de phase de jeu. Individuellement, le gardien Ayman Dahman a réussi quelques arrêts de qualité, et il n’a pas grand-chose à se reprocher. Talbi a marqué un but et je l’ai trouvé globalement intéressant. Khazri, quand il est entré en seconde mi-temps, a apporté quelque chose.
Craignez-vous que cette défaite ne laisse des traces ?
Je ne le pense pas. Bien sûr, les joueurs vont y penser pendant quelques jours, mais ils vont retrouver leurs clubs, être concentrés sur les championnats nationaux. La Tunisie aurait perdu lourdement contre une équipe beaucoup moins forte que le Brésil, cela aurait sans doute été plus difficile à digérer. La Coupe du monde est dans un peu moins de deux mois, et cette défaite ne laissera pas de séquelles. Il faut bien sûr en tirer les leçons, mais surtout, ne pas la dramatiser…
Alexis BILLEBAULT