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Sénégal - Handibasket : « l’idée est de réaliser le hold-up aux Jeux africains »

L’équipe du Sénégal masculine de handibasket dispute les prochains Jeux paralympiques africains au Ghana (1er - 13 septembre 2023). Ce sera avec un nouveau sélectionneur, en l’occurrence Pascal Montet. L’ancien sélectionneur de l’équipe de France dames de basket-ball en fauteuil roulant s’est confié à SNA dans cet entretien où il décline les ambitions olympiques du Sénégal. Le technicien français a également précisé le plan de développement du handibasket.
De notre correspondant à Dakar,

Pascal Montet handisport Sénégal
Pascal Montet à l'entraînement avec la sélection sénégalaise

SNA : Pascal Montet, comment s’est fait ce rapprochement entre vous et l’équipe du Sénégal de basket-ball fauteuil ?

Pascal Montet : J’ai été joueur puis entraîneur. Donc forcément j’ai côtoyé de nombreux joueurs de différentes nations dont des Sénégalais. C’est vrai que la France aime bien accueillir ces profils toujours intéressant. Il y a une vraie culture du basket au Sénégal même si les résultats sont en baisse ces dernières années. Il y a toujours eu de très bons joueurs évoluant en France. Que ce soit en valide ou en basket fauteuil. J’ai toujours eu des relations privilégiées parce que ce sont des joueurs attachants, d’une extrême gentillesse et toujours à l’écoute. J’ai aussi géré en équipe de France féminine une fille d’origine sénégalaise qui ne rêve que d’une chose : de porter le maillot du Sénégal.

Avec le nombre de joueurs qu’il y a en Europe et le travail effectué sur place, je suis étonné qu’il n’y ait pas une équipe nationale sénégalaise dans les compétitions internationales. Des joueurs sénégalais ici en France m’ont dit ‘’Pascal monte un projet et on le soumettra à nos dirigeants’’. On a monté un vrai projet de développement du basket-ball fauteuil parce que l’intérêt n’est pas juste la sélection mais d’aider à la structuration pour que ça suive derrière. Il y a une vraie génération de joueurs en Europe avec un réel potentiel. Ils commencent à prendre un peu d’âge même si on peut jouer longtemps en basket fauteuil. Ils espèrent jouer avec le maillot national avant de raccrocher.

Est-ce que dans ce plan que vous avez monté, il y est intégré le volet de dynamiser du championnat local de basket-ball fauteuil ?

Pascal Montet : C’est une chose que l’on n’a pas abordé avec les dirigeants. Dans ce qu’on a développé je pense qu’il y aura une incidence positive sur le championnat local. Il s’agit de faire la promotion et de la détection. On fera des stages avec les structures qui accueillent des handicapés pour les inciter à la pratique. Aussi former les entraîneurs et structurer une orientation générale. Enfin former les arbitres parce que sans eux c’est difficile.

Avez-vous déjà fait l’état des lieux de cette sélection du Sénégal à l’approche des prochains Jeux africains ?

Je suis en contact avec Moussa Lô, le directeur technique national (DTN). La Fédération internationale nous demande d’envoyer une liste bien en amont. Je n’avais pas trop d’informations sur tous les joueurs du pays, j’ai fait confiance au DTN pour arrêter la liste et l’envoyer. C’est avec cette liste que je vais partir à la compétition. C’est une liste très proche de celle qui a effectué les pré-qualifications. Il y a des joueurs évoluant au Sénégal et quelques expatriés. On a essayé de faire un montage pour bien figurer. Ça va être difficile d’élargir la liste dès ce stage là mais dans le projet de développement il est prévu des stages où on fera appel à des locaux pour faire monter le niveau global. L’idée n’est pas de monter une équipe du Sénégal de joueurs européens.

Quelles sont les chances de l’équipe du Sénégal de bien figurer aux Jeux africains à Accra (Ghana) et de décrocher un billet pour les jeux paralympiques de 2024 ?

Ce n’est pas forcément simple pour le Sénégal d’arriver de se retrouver dans cette compétition et se confronter à des équipes habituées à ces joutes comme l’Égypte ou le Maroc. Ce sont deux nations assez structurées et qui ont pas mal de joueurs évoluant en Europe. Ils ont l’expérience internationale et pour moi ils sont devant. Après en terme de potentiel, si je m’appuie sur la connaissance que j’ai des joueurs que j’ai vu ou que j’ai eu à entraîner, il y a des choses à faire. Ça reste un match de basket. L’objectif c’est de faire du mieux possible parce qu’on se positionne en outsiders. Je connais pas mal les Marocains et les Algériens pour les avoir vu aux Jeux paralympiques. Pour l’instant ils ont de l’avance et c’est logique.

Il faut aussi savoir que les nouvelles règles imposées par la Fédération internationale font que les qualifications aux Jeux soient encore plus difficiles qu’avant. L’Afrique avait obligatoirement un pays qualifié, c’était dans le règlement parce qu’il y avait 12 équipes. Pour Paris 2024, il n’y aura que 8 équipes. Cela veut dire qu’il y aura de grosses équipes qui vont rester sur le carreau. La meilleure équipe africaine devra passer par un tournoi qualificatif où il y aura beaucoup d’équipes déçues de ne pas être qualifié après avoir remporté leurs championnats continentaux. En Europe on sait qu’il y a l’Angleterre et l’Espagne qui se sont qualifiées. Il reste de grosses équipes contre qui il faudra se confronter au TQO à Antibes en France. L’idée est de faire un hold-up au Ghana et de montrer que nous ne sommes pas là pour faire de la figuration.

Pascal Montet : «On est un sport où le matériel a de l’importance»

Vous avez été sélectionneur de l’équipe féminine de France de para basket-ball avec qui vous avez disputé 3 Euros, deux JO et un championnat du monde. Qu’allez-vous apporter à l’équipe du Sénégal ?

Ce qui me paraît le plus important c’est de construire le collectif. J’ai regardé des images de championnats, j’ai consulté deux, trois choses auprès des dirigeants ou de joueurs que je côtoie. La difficulté c’est de mettre en place du jeu collectif. Structurer les joueurs, être capable de défendre ensemble, d’attaquer ensemble, de jouer pour l’autre… Je suis là pour développer. Je ne suis pas au Sénégal pour un one shot. Le potentiel existe et il faut un peu de temps pour mettre tout cela en place. Cela nécessite de travailler sur la durée et d’impliquer le maximum de personnes dans cette démarche. Si on n’a pas l’appui des clubs locaux, des entraîneurs sur place, on n’arrivera pas à créer cette dynamique qui est fondamentale. Ce qui m’intéresse dans cette expérience à l’étranger, c’est de faire quelque chose de nouveau.

Avez-vous des garanties sur le soutien du comité olympique sénégalais et de la Fédération paralympique et handisport du Sénégal ?

Quand on a échangé sur le projet, il y a des choses qui se rejoignent. J’ai senti une envie qui s’est d’ailleurs concrétisée par la participation aux qualifications. On pourra discuter de près d’autres sujets. Il est prévu que suite à la compétition (jeux africains), qu’on dresse un bilan, voir comment on peut évoluer et faire le point sur les moyens à développer. Aussi bien les moyens humains que financiers. On est un sport où le matériel a de l’importance, la qualité des fauteuils est importante aussi.

Vous avez rappelé que l’idée n’est pas de mettre en place une sélection nationale d’expatriés mais que pouvez-vous nous dire sur le vivier de joueurs sénégalais ou d’origine sénégalaise en Europe ?

Il y a un gros potentiel déjà au pays (au Sénégal) et il va falloir que l’on travaille avec eux, qu’on s’appuie là-dessus, qu’on mette en place les moyens de développer leurs compétences parce qu’il y a des choses à faire. C’est sûr que ceux qui se confrontent aux joutes européennes sont en avance. Ils s’entraînent 5, 6 fois par semaine, ils ont des confrontations en coupes d’Europe. L’opposition est différente, les moyens sont différents. Que ce soit en Espagne ou en France. C’est une grande différence.

Des joueurs comme Youssoupha Diouf (Élan Chalon - France). Il va falloir qu’il bosse un peu (rires), mais c’est un gros physique, une puissance énorme qui peut faire mal aux défenses adverses. Il est capable de rentrer dedans ou prendre des tirs extérieurs, les passes longues, aller vite en contrattaques. Dommage qu’on ne puisse pas avoir Aliou Dramé (Lyon Basket Fauteuil - France) parce qu’il a cette capacité de poser le jeu, d’organiser le jeu et à être écouté. C’est un joueur polyvalent qui peut prendre la mène, travailler pour les grands, prendre des shoots s’il y a besoin. C’est vraiment un joueur complet. Malheureusement il ne sera pas là. On peut avoir de belles surprises avec les autres. Je parlais d’organisation. Je suis impatient de les voir jouer ensemble, pour voir comment on peut construire, faire des duos, trouver des complémentarités…

Par Moustapha M. SADIO

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