Auditionnée par l’Inspection générale de l’État pendant plusieurs mois, la Fédération djiboutienne de football (FDF) accuse de sévères manques. Irrégularité des documents administratifs, facture non timbrée, paiements au profit de tierces personnes, utilisation abusive des espèces, défaut de paiement, procédures d’achats non respectées ou projets en friche : le bilan est accablant pour la FDF et son ancien président démissionnaire, Souleiman Waberi.
Par Romain Molina
Peu médiatisé, le football djiboutien a cependant gagné en importance avec les succès de son équipe nationale sous l’ancien sélectionneur Julien Mette, ainsi que l’ascension de son désormais ex-président, Souleiman Waberi, troisième vice-président de la CAF.
Suspendu par le ministère des Sports et démissionnaire de son poste en mars sans donner de raison officielle, Waberi a depuis été arrêté, puis relâché en compagnie de quatre autres dirigeants de la fédération qu’il dirigeait depuis 2012. Suspecté de blanchiment et détournement de deniers publics, les cinq hommes n’ont pas été mis en examen, mais les enquêtes continuent dans la lignée de l’audit réalisé par l’Inspection générale de l’État.
Plus de 508 000 euros réglés en espèce entre 2021 et 2022
Dans le rapport obtenu par Sport News Africa, les manquements de la FDF sont tellement criants qu’il est difficile de savoir par où commencer ; la comptabilité, par exemple, n’était même pas conforme aux obligations légales du plan comptable national 2012.
Pêle-mêle, voici une liste des dysfonctionnements constatés par l’Inspection générale qui a d’ailleurs eu du mal à obtenir la collaboration des membres du comité exécutif de la FDF :
Détérioration des structures et contrat suspicieux avec une société de construction
L’Inspection générale s’inquiète aussi de l’avancée des projets structurels de la fédération, notamment la fameuse académie à Douda, dont les travaux ont débuté en 2020.
Généreusement financé par la FIFA, à hauteur d’environ trois millions de dollars, ce projet n’a toujours pas vu le jour officiellement. Pourtant, en janvier dernier, la FIFA et la FDF rassuraient l’opinion avec l’arrivée sur place d’un entraîneur français, Sébastien Duc, venu pour le programme TDS (Talent Development Scheme).
La semaine dernière, l’instance mondiale du football a également dépêché une mission spéciale pour vérifier l’avancement des travaux. Problème, l’Inspection générale évoque une « détérioration des infrastructures » tandis que d’autres difficultés s’ajoutent à cela, dont un problème de bornage et de litige foncier.
Pour couronner le tout, les travaux au siège de la fédération posent aussi un souci majeur avec un contrat accordé à Habone Construction, qui ne respecteraient pas les passations de marché et les procédures d’appels d’offre (Habone étant classé second derrière la société Al Moumin).
En attendant les potentielles suites juridiques, la FDF espère toujours organiser ses élections avant la fin de l’année avec un certain Souleiman Waberi, qui avait démissionné en mars, comme possible candidat...