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Football malien : les dessous du bras de fer entre la Femafoot et les Aigles

Le football malien est empêtré dans une crise sans précédent, avec en point d'orgue le communiqué des joueurs de l'équipe nationale, qui menacent de ne plus répondre aux convocations et exigent une meilleure gestion de la part des dirigeants de la Femafoot. Sport News Africa dévoile les véritables raisons qui ont conduit à cette situation .

Le maillot des Aigles du Mali pour la CAN 2021.
Le président de la Femafoot, Mamoutou Touré (à gauche), est incarcéré depuis 10 mois.

Ce n’est pas une secousse, mais un tremblement de terre qui ébranle le football malien, menaçant de l’engloutir à terme. D’un côté, il y a le Comité exécutif de la Fédération malienne de football (Femafoot), dirigé depuis 10 mois par un prisonnier, Mamoutou "Bavieux" Touré, et sa volonté de diriger le football malien dans le rapport de force. Et de l’autre côté, les Aigles survoltés du Mali qui sont décidés à mettre fin à la mauvaise gouvernance récurrente qui sévit au sein de la fédération nationale de football depuis plusieurs décennies.

Du refus des joueurs de rendre visite en prison au président de la Femafoot

Selon les informations de Sports News Africa, le bras de fer actuel qui oppose le Comité exécutif de la Femafoot aux Aigles a pris son origine en novembre 2023, lors du regroupement de l'équipe pour les 1ère et 2ème journées des éliminatoire de la Coupe du monde 2026. Durant ce regroupement, le clan Mamoutou Touré a été désagréablement surpris par le refus des joueurs de l’équipe nationale de rendre visite au président de la Femafoot, incarcéré 4 mois auparavant par la justice malienne pour des soupçons de détournement de fonds publics à hauteur de plusieurs milliards de francs CFA.

Un refus très amer qui a mis en rogne le président Touré et sa bande au point de créer un sentiment de frustration, de méfiance et de dégoût entre eux et certains joueurs cadres qu’ils accusent d’être à la base de l'actuelle rébellion. L’échec de ce coup médiatique orchestré des jours auparavant par le clan Touré, aurait servi à influencer l’opinion et à peser favorablement sur la demande de mise en liberté provisoire de leur grand patron.

De l’entourloupe autour du contrat de 100 millions octroyé aux Aigles par Orange Mali 

En guise d’honorer sa promesse suite à la qualification des Aigles à la CAN 2023, le sponsor Orange Mali a mis à disposition un chèque d’une valeur de 100 millions de francs CFA, dédié exclusivement à la sélection nationale.

Comme à son habitude, le Comité exécutif a jugé bon de se tailler la part du lion sur ces fonds qui ne lui sont pas destiné. D’abord, il hésite à donner  20 millions aux Aigles pour ensuite finalement se mettre d’accord sur 40 millions. Ce qui a eu pour conséquence de mettre en rogne les joueurs, qui ont demandé à avoir le contrat du sponsor. C’était sans compter sur le Comité exécutif qui a tout mis en œuvre pour que cette demande ne puisse aboutir. Et jusqu’à ce jour ni le capitaine de l’équipe nationale du Mali, ni aucun joueur n’a pu mettre la main sur ce document qui pourtant les concerne.

Ainsi, sur les 100 millions de francs CFA décaissés par le sponsor de la sélection nationale, 60 millions ont été expédiés sur le compte bancaire de la Femafoot, au grand dam des joueurs et du staff qui étaient les véritables bénéficiaires de la totalité de la somme.

Du fiasco du déplacement à Johannesburg et de la gestion des ristournes de la CAN 2023

Considéré comme étant la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, le fiasco et la confusion autour du déplacement des Aigles à Johannesburg lors de la 4ème journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 contre Madagascar a étalé aux yeux de l’opinion nationale et internationale l’incapacité et l’incompétence du Comité exécutif de la Femafoot à accomplir sa mission de développement du football malien. Durant ce déplacement, l'instance dirigeante du football malien et le département en charge des Sports en ont fait voir de toutes les couleurs aux joueurs à travers plusieurs reports injustifiés de vol.

Lire sur le sujet : Mondial 2026 (Q) : problème d'avion pour le Mali avant Madagascar

Nous avons par la suite appris que le vol spécial n’avait pas pu être affrété pour les Aigles à cause du refus de contribution financière du comité exécutif de la Femafoot. Un refus qui a contraint le gouvernement à recourir à une solution alternative (vol commercial, ndlr) qui avait permis à la sélection malienne de pouvoir prendre part in extremis à la rencontre.

Pourquoi la fédération a telle refusé de venir en appui au gouvernement malgré la disponibilité des fonds destinés au développement du football malien ?

Où sont passés les 1 milliards 228 millions de francs CFA octroyés à la Femafoot par la CAF en guise de primes de participation à la CAN 2023 ?  Selon nos informations, un total de 270 millions de francs CFA de ces fonds ont été répartis comme suit entre certains acteurs du football malien :

  • 64 millions pour les 16 clubs de Ligue 1, à raison de 4 millions par club
  • 18 millions pour les 9 Ligues régionales de football, à raison de 2 millions par Ligue
  • 38 millions pour les membres du comité exécutif de la Femafoot, à raison de 2 millions par membre
  • 150 millions pour le ministère des Sports

Qu’en est-il donc des 958 millions restants que le Comité exécutif cache à travers l’un de ses nombreux comptes bancaires au point de refuser de venir en appui à un gouvernement essoufflé par la situation actuelle du pays ?

Lire aussi : Hamari Traoré convoqué à la Femafoot !

Autant dire que la crise actuelle au sein du football malien couve déjà depuis des mois et n'est que le résultat d'une gestion qui a fini par créer une véritable défiance au sein des joueurs vis à vis de la Femafoot. S'en est suivie une série d'évènements dont le dernier acte en date est la convocation du capitaine des Aigles, Hamari Traoré, pour être auditionné par le Comité exécutif. Autant de faits qui ne présagent rien de bon sur l'avenir à court terme du football malien, mais qui ne sont que les conséquences des crises perpétuelles qui engluent le football malien depuis plusieurs décennies en raison d’une mauvaise gouvernance devenue héréditaire chez les dirigeants sportifs.

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