La saison 2021-2022 s’est achevée dans les faits le 14 juin, avec la fin de la 2e journée des qualifications pour la CAN 2023 et des matches amicaux. Elle aura été riche en enseignements, permis au Sénégal de s’installer sur le toit de l’Afrique, vu l’Algérie en dégringoler, la Gambie surprendre et la RD Congo continuer à s’enfoncer. Retour sur un exercice particulièrement animé.
Les Lions de la Teranga ont tout bien fait en 2021-2022. A commencer par la conquête de leur premier titre continental le 6 février dernier face à l’Egypte (0-0, 4-2 aux t.a.b) à Yaoundé, après deux échecs lors des finales 2002 et 2019. Les Sénégalais sont devenus champions d’Afrique après un premier tour poussif mais une phase à élimination directe beaucoup plus maîtrisée et convaincante, et avec un Sadio Mané au meilleur de sa forme. Depuis, les joueurs d’Aliou Cissé ont pleinement confirmé leur nouveau statut, en se qualifiant pour la Coupe du Monde face aux Pharaons égyptiens (0-1, 1-0, 3-1 aux t.a.b), puis en remportant leurs deux premiers matches des éliminatoires de la CAN 2023 dans leur nouvel écrin de Diamniadio contre le Bénin (3-1) et le Rwanda (1-0).
Le Cameroun avait deux objectifs à l’orée de la saison qui s’achève : réussir sa CAN, et se qualifier pour la Coupe du Monde. Il n’a pas remporté son sixième trophée, mais il a tout de même accroché le podium aux détriments du Burkina Faso, et permis à son capitaine Vincent Aboubakar de terminer meilleur buteur du tournoi (8 buts). Les Lions Indomptables vont par ailleurs retrouver la Coupe du Monde, après avoir éliminé la Côte d’Ivoire en phase de groupes, puis l’Algérie (0-1, 2-1) dans des circonstances houleuses lors du match retour à Blida. Rigobert Song, nommé sélectionneur quelques semaines avant cette double confrontation en remplacement du portugais Antonio Conceiçao, a répondu aux attentes des supporters des Lions et de Samuel Eto’o, le président de la fédération, à l’origine de sa nomination.
Jusqu’à sa qualification pour la CAN camerounaise, aux dépens de la RD Congo, la Gambie n’avait jamais participé à aucune phase finale. Elle a démontré au Cameroun que sa présence à ce niveau était tout sauf un hasard, puisqu’elle a atteint les quarts de finale face au Cameroun (0-2). Auparavant, les Scorpions avaient terminé invaincus dans un groupe où figuraient tout de même le Mali, la Tunisie et la Mauritanie, puis éliminé la Guinée (1-0). Dirigés par un belge – Tom Saintfiet – sympathique et fin tacticien, les Gambiens n’ont pas d’autre objectif que de se qualifier pour la CAN en Côte d’Ivoire. Avec trois points en deux matches, ils sont encore en capacité de l’atteindre.
Même si les Fennecs ont repris quelques couleurs au mois de juin en battant l’Ouganda (2-0) et la Tanzanie (2-0) en qualifications pour la CAN 2023 et l’Iran (2-1) en amical, ces succès n’ont pas vraiment pansé les plaies d’un début d’année catastrophique. Les champions d’Afrique 2019, présentés comme les premiers favoris à leur propre succession, ont été éliminés dès le premier tour, devancés par la Côte d’Ivoire, la Guinée Equatoriale et la Sierra Leone (un nul, deux défaites). Pire, les Algériens ont été privés de Coupe du Monde par la Cameroun (1-0, 1-2) à cause d’un but de Karl Toko Ekambi à dix secondes de la fin du temps additionnel. Djamel Belmadi, après s’en être pris à l’arbitrage, puis laissé planer le doute sur son avenir, a décidé de rester aux commandes, en opérant plusieurs changements dans son effectif. Avec un premier ressenti plutôt positif…
Ce n’est pas parce que les Super Eagles ont passé leurs nerfs sur Sao Tomé et Principe (10-0) le 13 juin dernier en qualifications pour la CAN 2023 que tous les traumatismes des premiers mois de l’année ont disparu comme par magie. Le Nigéria a raté sa CAN au Cameroun, après un premier tour pourtant prometteur, en se faisant éliminer par la Tunisie (0-1). Puis il a échoué sur la route du Qatar, face à des Ghanéens beaucoup plus réalistes (0-0, 1-1). Depuis ces deux échecs traumatisants pour les bouillonnants supporters nigérians, le Portugais José Peseiro, au CV long comme le bras, a été nommé sélectionneur à la place d’Augustine Eguavoen, dont la position était devenue intenable. Avec six points pris lors des deux premières journées des qualifications pour la CAN, l’ancien entraîneur d’Al-Ahly a fait le job…
La dégringolade de la RD Congo s’est un peu plus accélérée au mois de juin, avec les défaites contre le Gabon à Kinshasa (0-1) puis au Soudan (1-2). Deux échecs qui compromettent déjà les chances des Léopards de participer à la CAN 2023, eux qui avaient déjà manqué la dernière édition au Cameroun. Ces couacs ont coûté sa place à l’Argentin Hector Cuper, recruté en mai 2021 pour un salaire mensuel de 50 000 euros. Le Sud-américain, sous contrat jusqu’en juin 2023, était déjà fragilisé depuis l’élimination de son équipe face au Maroc (1-1, 1-4) en barrages pour la Coupe du Monde, et son renvoi va coûter pas mal d’argent à l’Etat. Plusieurs anciens internationaux, dont Cédric Bakambu, ont critiqué le manque d’organisation de la fédération. L’on souhaite bien du plaisir au prochain sélectionneur, qui ne sera sans doute pas choisi avant le mois d’août…
Alexis BILLEBAULT