Pour la première fois de son histoire, la Somalie participe aux qualifications pour une Coupe du Monde au sein d’une phase de groupe. Elle a été battue par l’Algérie (1-3) puis l’Ouganda (0-1), sans jamais démériter. Entretien avec Rachid Loustèque, le sélectionneur marocain des Ocean Stars.
Nous avons offert une bonne résistance. C’est dommage d’avoir encaissé deux buts en première mi-temps sur des erreurs, notamment un but contre son camp d’un de nos défenseurs (Ahmed Abdi) au bout de 2 minutes. Puis nous avons réussi à revenir au score. C’était important de marquer et d’avoir réussi à poser des problèmes aux algériens, alors que tout le monde s’attendait à une lourde défaite de la Somalie. Perdre 3-1 contre l’Algérie, alors qu’il y a une grosse différence de niveau, c’est encourageant.
Nous avons encore huit matches à jouer. Nous sommes là pour progresser contre des adversaires qui ont beaucoup plus d’expérience que nous, qui ont pour certains l’habitude de disputer la Coupe du monde ou la CAN. On va gagner en expérience, se frotter à de bonnes équipes et essayer de prendre des points. La Somalie n’avait jamais disputé une phase de groupes qualificative pour la Coupe du monde. C’est une bonne opportunité pour progresser.
En juillet 2022, j’avais dirigé la sélection locale pour les deux matches qualificatifs pour le CHAN 2023 contre la Tanzanie (0-1, 1-2). J’avais en parallèle établi un projet pour la sélection A, qui n’avait pas de sélectionneur. La fédération était intéressée, devait me donner des nouvelles, mais pendant des mois, il n’y a pas eu de retour. Il y a eu en février une élection à la fédération, un nouveau président a été élu, et en mai, on m’a recontacté. Il y a eu des échanges, mon projet a été validé et j’ai signé jusqu’à fin 2025.
La situation sécuritaire à Mogadiscio s’est améliorée, même s’il y a encore des problèmes. J’y passe beaucoup de temps, je vais assister à des matches, puisque toutes les rencontres de Ligue 1 et Ligue 2 ont lieu dans la capitale, je vais travailler à la fédération… Je vais au restaurant, je vais boire un café, il y a des hôtels modernes… Ce n’est plus l’image de la Somalie d’il y a quelques années.
Il est professionnel, certains clubs sont mieux structurés que d’autres. Les clubs somaliens participent aux coupes d’Afrique, et pour les matches contre l’Algérie et l’Ouganda, il y avait une majorité de joueurs locaux. J’ai également fait appel à des expatriés, qui évoluent en Scandinavie, en Tanzanie, aux Etats-Unis, à Malte ou en Angleterre. J’ai des joueurs qui sont nés à l’étranger et sont donc binationaux, et peuvent également être éligibles pour une autre sélection. Mais les Somaliens ont un lien très fort avec leur pays, même s’ils n’y sont pas nés et n’y sont jamais venus. Je m’appuie également sur cela pour tenter d’en convaincre.
Nous allons disputer les qualifications pour la CAN 2025, mais je ne sais pas quand elles vont débuter. Les prochains matches qualificatifs pour la Coupe du Monde auront lieu en juin. On veut continuer à jouer des matches amicaux, comme ce fût le cas au Maroc au mois d’octobre contre le Niger (0-3), la Sierra Leone (0-2) et la Libye (0-0). Il faut profiter des dates FIFA. Je suis également en charge des sélections locale et olympique. Bref, le travail ne manque pas, et il est intéressant, car la fédération veut que les choses avancent.
Alexis Billebault