Champion d’Afrique avec les Eléphants en 1992 au Sénégal, l’ancien sélectionneur ivoirien Yéo Martial n’a pas manqué une seule minute du parcours des coéquipiers de Seko Fofana lors de la CAN 2023. Avant la finale dimanche soir à Abidjan face au Nigeria, il estime que la Côte d’Ivoire est en ballotage favorable.
La prestation des Eléphants en demi-finale face à la RD Congo (1-0, le 7 février) vous a-t-elle convaincu ?
Oui, je pense qu’ils ont effectué leur meilleur match de la CAN, et même un des meilleurs de ces derniers mois. Ils ont été solides, solidaires, ils ont su contenir les Congolais, sans concéder trop d’occasions, et on fait preuve d’efficacité. C’était une prestation sérieuse, face à un très bon adversaire, bien organisé. Il ne faut pas oublier que quatre joueurs (Aurier, Kossounou, Kouamé, Diakité) étaient suspendus, mais l’équipe a su gérer ces absences, montrant que personne n’est indispensable.
La Côte d’Ivoire vous donne-t-elle l’impression de s’améliorer de match en match ?
Après le premier tour compliqué, et la qualification in extremis pour les 8e de finale, elle a été parfois malmenée face au Sénégal (1-1, 5-4 aux t.a.b), et surtout face au Mali (2-1 après prolongation), mais à chaque fois, elle est passée, grâce à un mélange de solidarité, de détermination et de chance. Elle bénéficie également de l’appui de tout un peuple. Les joueurs ont réussi à surmonter les critiques parfois très dures après la déroute face à la Guinée Equatoriale. Ils sont aujourd’hui beaucoup plus sereins.
Le changement de sélectionneur, avec la nomination d’Emerse Faé en remplacement de Jean-Louis Gasset, le 24 janvier, semble avoir provoqué un véritable déclic…
Je ne vis pas à l’intérieur du groupe, mais on peut effectivement parler « d’effet Faé. » Il était déjà présent dans le staff, il connaît les joueurs, mais effectivement, il semble évident que sa nomination a provoqué quelque chose. Il a sa façon de manager, en faisant pas mal tourner l’effectif, il a ses idées sur le jeu. Pour l’instant, on peut dire que cela fonctionne très bien. Et quoi qu’il arrive, il aura réussi sa mission.
Parlons de la finale. La Côte d’Ivoire sera opposée au Nigeria. Au premier tour, les Super Eagles avaient battu les Ivoiriens (1-0)…
Oui, mais ce sera un autre match. La Côte d’Ivoire du premier tour et celle des matches à élimination directe n’ont plus grand-chose en commun. Le Nigeria a réalisé un très bon parcours, sérieux, cohérent, il n’encaisse pas beaucoup de buts et possède des attaquants de très grande qualité. Sa présence en finale n’est pas une surprise. Il m’a semblé cependant un peu fatigué en demi-finale face à l’Afrique du Sud (1-1, 4-2 aux t.a.b).
Les Eléphants de la Côte d’Ivoire sont-ils les favoris de cette finale ?
Ce sera une finale très indécise. Mais je pense que les Eléphants sont légèrement favoris. Ils sont dans une très belle dynamique, et puis, l’appui du public, le soutien du peuple seront des avantages. J’avais pressenti cette finale face aux Super Eagles juste après que la Côte d’Ivoire se soit qualifiée pour le second tour. La Côte d’Ivoire a toujours souffert pour être championne d’Afrique, en 1992 comme en 2015. Ce ne fût jamais simple. Comme cette année.
Alexis Billebault
