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Skate : Jean Thomas Saldou, ce Girondin qui rêve d’emmener le Sénégal à Paris 2024

Le Sénégal espère s’aligner aux épreuves de skateboard aux jeux olympiques 2024 à Paris. Trois skaters sénégalais dont Jean Thomas Saldou disputent les qualifications. Né le 4 décembre 1996 à Bordeaux (France), JT comme l’appellent les intimes, est bien placé dans la course au précieux sésame.
De notre correspondant au Sénégal,

Jean Thomas Saldou skateboard Sénégal
Jean Thomas Saldou en pleine action

Le skateboard après le foot

Enfant de Villenave-d’Ornon en Gironde, Jean Thomas Saldou défend les couleurs du Sénégal, le pays de sa mère. Le Skater de 26 ans n’était pas prédestiné au skateboard dans son enfance. «J’ai débuté le skate grâce à un voisin qui le pratiquait. On se retrouvait après l’école et on en faisait dans la rue, révèle Jean Thomas Saldou, interrogé par SNA. J’ai fait aussi beaucoup de foot pendant huit ans avant de pratiquer l’athlétisme pendant deux ans».

Moins la compétition, JT a plongé dans le skateboard plus pour l’esthétique et l’adrénaline du quotidien. Spécialiste du street, l’une des épreuves olympiques en skateboard où les participants réalisent des figures sur des modules s’inspirant du mobilier urbain, escaliers, bancs et autres rambardes…, c’est au collège qu’il découvre le skateboard à Gradignan alors qu’il squatte les pistes d’athlétisme où il s’aligne sur 100m et le lancer de javelot.

Pour JT, le skate n’est pas un sport individuel. «C’est une discipline qu’on ne fait pas tout seul mais avec ses amis ou avec d’autres concurrents qui sont aussi nos amis. C’est juste que pendant la compétition on est très concentré, sinon le skate c’est un sport collectif. Chacun est différent sur sa planche mais c’est un sport de partage. Moi ça me permet de voyager et partout où je vais dans le monde, il y a des échanges. Juste avec un skate on se retrouve à manger chez quelqu’un (rires). Comme au Sénégal, le skateboard c’est la Téranga (hospitalité en langue wolof, ndlr)», a-t-il expliqué.

Jean Thomas Saldou skateboard Sénégal
Jean Thomas Saldou

La Casamance dans le cœur

Né d’une maman originaire de Sédhiou, au sud du Sénégal, Jean Thomas est, depuis tout petit, tombé amoureux de la Casamance. Chaque été, il y passe les grandes vacances. «Mon grand-père habite toujours à Ziguinchor. Quand j’étais plus jeune, je venais toujours en vacances, renseigne-t-il. Ma mère et moi on ne restait que deux, trois jours à Dakar avant de filer tout droit en Casamance pendant trois semaines. Je passais les fêtes du 15 août (Assomption, ndlr) au village de Djourou vers Bignona. J’adore la Casamance, ça m’apporte de bonnes valeurs. Quand je rentre en France, je pense à ma famille là-bas, j’essaie d’avoir une vie simple», a-t-il confié.

Pour conserver ce lien avec la Casamance, chaque année il y envoie des vêtements. Des cadeaux hautement appréciés par ses cousins. «Je suis vraiment bien en Casamance, c’est un bel endroit, c’est relaxe, loin du stress de Dakar. En plus il y a la famille en France qui est de Casamance, on essaye de se retrouver chaque année. La Casamance a une place forte dans notre vie, c’est la source, nos racines. J’ai perdu mon père jeune, donc je vis avec ma mère depuis 14 ans. Cela me permet de connaître la culture sénégalaise», a-t-il admis.

Le Sénégal, une belle opportunité

Il y a 4 ans, il est approché par la jeune Fédération sénégalaise de roller et skateboard. Une chance qu’il s’empresse de saisir. «C’est un plaisir de représenter le Sénégal, le pays de ma mère. C’est une opportunité qui est venue à moi. À force de rencontrer des Skaters, on m’a mis en rapport avec Mme Awa Fall (Présidente de la Fédération sénégalaise de roller et skateboard, ndlr). Elle m’a contacté pour savoir si je voulais représenter le Sénégal. J’ai tout de suite pris la double nationalité. Ça m’a permis d’atterrir dans le milieu professionnel du skate», raconte-t-il.

Dans sa quête de qualification olympique, Jean Thomas Saldou a déjà glané 90 points lors des épreuves à Rome à l’été 2022 et Dubaï en janvier 2023. Il devra cette année s’aligner de nouveau à Rome en juin puis à Lausanne en septembre pour boucler la phase 1 des qualifications. Actuellement 131ème mondial et 2ème au ranking africain, il devra batailler ferme pour arracher le seul billet réservé à l’Afrique et à son numéro 1. «Devant moi il y a le sud-africain Brandon (Valjalo, ndlr) qui est à 1000 points. Il a pris une belle avance. Il y a deux compétitions où si je me place devant lui c’est rattrapable et ça me permet de me rapprocher du Top 50 mondial. Rome et Lausanne sont des étapes importantes où il ne faut pas se rater», a-t-il lancé.

Générosité et engagement pour l’essor du skate

Très impliqué dans le développement du skateboard au Sénégal, Jean Thomas Saldou ramène tous les ans du matériel de skate à offrir dans l’espoir de voir plus de jeunes en faire. «Je ramène du matériel d’occasions qu’on me donne, par des collectes en France et par mes propres moyens. Plus tard, j'aimerais faire venir un conteneur entier de matériel avec l’arrivée du nouveau skatepark. Ça permet de développer le skate. En envoyer un peu en Casamance et dans d’autres régions pour donner le goût du skate à d’autres personnes. Faire un tour du Sénégal et faire connaître la discipline», a-t-il souhaité.

Le Sénégal réalise des performances de haut vol grâce à sa jeune Fédération de Roller dirigée par Awa Nar Fall. Déjà trois titres mondiaux remportés grâce à Awa Baldé et Dame Fall par deux fois. Des prouesses en Roller Free Jump qui inspirent JT Saldou. «Avec peu de moyens, le Sénégal a pu décrocher plusieurs titres mondiaux en roller ces dernières années. C’est motivant, ça me pousse à faire comme eux et pourquoi pas remporter une médaille. Il faut des infrastructures pour intéresser les jeunes à ce sport», a-t-il invité les autorités sportives sénégalaises.

Paris 2024, un objectif de cœur

Le Bordelais a en point de mire les jeux olympiques dans 17 mois à Paris. Lui qui aurait pu en faire en athlétisme, a une belle chance de s’aligner aux épreuves du Street prévues les 27 et 28 juillet sur la place de la Concorde. «Les JO sont un rêve incroyable. À la base je ne pensais pas que le skate serait une discipline olympique. Mais là ça me motive de pouvoir représenter le Sénégal. Ça rendrait ma mère fière de moi. Le Sénégal est un pays que j’ai dans le cœur. Je vais tout faire pour y être », a promis Jean Thomas Saldou.

Déterminé dans cet objectif Paris 2024, JT pense que le skate sénégalais a un bel avenir sur le plan international. «J’espère qu’on va nous suivre et nous faire confiance au Sénégal. Je m’entraîne pour essayer de décrocher la qualification et montrer que le Sénégal est présent dans ce sport. Ce n’est que le début du skate au Sénégal et qu’en 2028, on aura des champions beaucoup plus jeunes, et j’espère plus de filles parce qu’en Afrique il n’y en a pas beaucoup. Ça permet de mettre le Sénégal sur la carte du skateboard. Cela permettrait aussi à d’autres skaters de venir découvrir le Sénégal avec leur skate. »

En chantier la semaine, Skater le week-end

En dehors de sa passion pour le skate, JT travaille dans les chantiers de construction, la peinture en bâtiment, le carrelage de salles de bain, les parquets… «Quand j’ai arrêté de travailler, j’ai eu l’aide au chômage et j’ai fait une formation de moniteur de skate pour pouvoir faire du skate plus souvent. Je jongle entre les allocations, parfois je fais des chantiers pour un ami ou je donne des cours de skate pour une association gérée par Benjamin Garcia (skater de l’équipe de France, ndlr) », a-t-il révélé.

Jean Thomas Saldou fait partie des 18 athlètes choisis par le comité olympique sénégalais pour bénéficier d’une bourse olympique en préparation des JO de Paris. Une véritable bouffée d’air alors que c’était la croix et la bannière à chaque compétition ces derniers temps. «La bourse olympique me permettra de ne faire que du skate, de pouvoir m’entraîner davantage avec un coach et faire un travail musculaire et préparer mes voyages en amont, juge-t-il. Déjà la bourse arrive tard, mais sur les dernières compétitions, on n’a jamais pu se préparer. On faisait comme on pouvait avec Awa Fall et mes propres moyens. Avec l’aide de la maman de Karim Kéïta (skater Sénégalo-anglais, ndlr) on essaye de s’organiser. C’est un soutien clé qui va permettre de me qualifier parce que sans cela, c’est quasiment impossible», a-t-il reconnu.

Malgré ces difficultés du quotidien et cette obligation de concilier son sport avec le travail en chantier, JT trouve toujours un moyen pour rider (faire du skate). En espérant porter les couleurs du Sénégal à Paris 2024.

Moustapha M. SADIO

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