Mercredi à Dar Es Salaam, Young Africans recevra les Sud-africains de Marumo Gallants en demi-finale aller de la Coupe de la CAF. Les Tanzaniens, qui n’avaient jamais atteint un tel niveau, sont donnés favoris. Une tendance que nuance Nassreddine Nabi, leur entraîneur tunisien…
Peut-on parler du match le plus important de l’histoire de Young Africans ?
Un des plus importants, sans doute. Mais on redira sans doute la même chose pour le match retour. Et aussi si on se qualifie pour la finale ! C’est la première fois que Young Africans est en demi-finale d’une Coupe d’Afrique. Ici, il y a beaucoup d’attente, le stade sera sans doute plein. Young Africans est avec Simba le club le plus populaire du pays. Cette demi-finale est un évènement, on sent que la pression est montée à l’approche du match. Mais il faut absolument se répéter que cette demi-finale n’est pas une apothéose. Nous avons de l’ambition, et on veut tout faire pour poursuivre notre parcours.
Atteindre les demi-finales, était-ce un objectif ?
Non. Nous avons débuté en Ligue des Champions, mais nous avons été éliminés lors du deuxième tour préliminaire et reversé en Coupe de la CAF. L’objectif c’était d’abord de se qualifier pour la phase de groupes de cette compétition et d’en sortir, ce que nous avons réussi à faire. Puis nous avons éliminé Rivers United (Nigeria) en quarts de finale (2-0, 0-0). Aujourd’hui, il y a quatre équipes qui peuvent prétendre remporter le trophée.
Votre équipe est, aux yeux de certains observateurs, le favorite de cette demi-finale…
Ce sera très ouvert. Marumo Gallants a tout de même éliminé en quart de finale les Egyptiens de Pyramids ! Certaines personnes vont dire que nous sommes favoris parce que les Sud-africains sont à la peine dans leur championnat (Marumo occupe la 14e place sur 16, ndlr). Ce n’est pas aussi simple. Les matches de Coupe de la CAF sont une chose et ceux du championnat une autre. Cette équipe de Marumo est très forte chez elle, elle a su poser des problèmes à tous ses adversaires.
Young Africans peut remporter le titre de champion de Tanzanie, la Coupe nationale et la Coupe de la CAF. Une fin de saison passionnante, mais qui génère évidemment une certaine pression, alors que la fatigue est là…
Oui. Pour le titre, à trois journées de la fin, nous sommes très bien placés, mais il va falloir encore gagner un match. Comme vous le dites, il faut gé. Moi, cela fait partie de mon travail de gérer les émotions des joueurs. J’ai travaillé au DC Motema Pembe en RD Congo, à Ismaïly en Egypte, à Al-Merriekh au Soudan, à Al-Ahly Benghazi en Libye… Des clubs où la pression est forte, où on veut des résultats. Mais je dois aussi gérer la fatigue des uns et des autres, faire du turn-over. Une demi-finale de Coupe de la CAF, tout le monde veut la jouer. En fait, à une période comme celle-ci, il est plus facile de gérer la fatigue que l’usure mentale, parce que la saison a été longue, avec beaucoup de matches. Se déplacer en Afrique n’est pas toujours simple, cela prend du temps.
Un joueur, le Congolais Fiston Mayele, a pris une part très importante dans les différents résultats de Young Africans cette saison, que ce soit en championnat ou en Coupe de la CAF. Vous préparez-vous à son départ ?
En effet, Fiston fait une très belle saison. J’ai pour principe de mettre en avant le collectif, mais notre attaquant a marqué beaucoup de buts. C’est un bosseur, un compétiteur, il veut vraiment réussir, et en plus, c’est quelqu’un avec qui il est agréable de travailler, car il est à l’écoute. C’est un garçon bien éduqué. Il a encore une saison de contrat, mais je pense qu’il va nous quitter à la fin de la saison. Les dirigeants aimeraient le conserver, bien sûr, mais ils semblent prêts à le laisser partir, afin qu’il rejoigne un championnat plus relevé et qu’il signe un beau contrat.
Vous entraînez en Tanzanie depuis un peu plus de deux ans. Son championnat est-il en train de devenir un des meilleurs du continent, après ceux d’Afrique du Nord (Egypte, Tunisie, Algérie, Maroc) et d’Afrique du Sud ?
En Tanzanie, il y a trois clubs, Simba, Young Africans et Azam, qui ont de gros moyens financiers et peuvent donc acheter de bons joueurs ailleurs en Afrique. Ils peuvent également bénéficier d’un important soutien populaire, même si c’est différent pour Azam, qui a assez peu de supporters. En revanche, beaucoup de clubs ont des moyens beaucoup plus modestes. Ils n’ont pas de vraies structures, jouent dans des stades un peu vétustes. Dans ce pays, il y a beaucoup d’intérêt pour le football, une vraie passion et un bon potentiel. Mais je pense qu’il faut mettre un peu plus l’accent sur la formation et le développement des compétitions de jeunes…
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Alexis Billebault