La corruption gangrène la Commission centrale des arbitres de la FIF. Les récents choix pour exercer en championnat sont contestés par la majorité des hommes en noir et pointés du doigt par des dirigeants de clubs.
Il est vraiment loin le temps où Doué Noumandiez, arbitre international ivoirien, et son compère Yeo Songuifolo faisaient la fierté de la Côte d’Ivoire avec des matches de Coupe du monde 2014 au Brésil. Aujourd'hui, l'arbitrage ivoirien se résume quasiment à deux mots qui sont de véritables maux sous Idriss Diallo : corruption et amateurisme. En effet, pour la première fois de l'histoire, le patron de l'association des arbitres et les membres de la Commission centrale des arbitres ne font pas bon ménage. Ce qui engendre le favoritisme. Il apparaît clairement qu'une main obscure est entrain de favoriser une minorité d'arbitres au détriment de la majorité accusée de ne pas avoir soutenu Idriss Diallo lors de l'élection du 23 avril 2022 dernier. Ce serait celle de Aboubacar Sharaf, ex-arbitre international et chargé de la programmation des rencontres, selon plusieurs sources . Alors que la Côte d’Ivoire doit pouvoir mettre en selle de vrais arbitres nternationaux, pour sa CAN en 2024, la gangrène et la vengeance sont en train d'empoisonner tout le système. Les exemples foisonnent d'ailleurs.
Il y a eu l'élection à la présidence de l'Amicale des arbitres de football de Côte d'Ivoire (Amafci), gagnée par Danon Roland Léonce, puis le retour et la hausse du coût des visites médicales qui ont fragilisé l'unité entre les arbitres ivoiriens et la faîtière. Aujourd'hui, il y a clairement la catégorisation des membres qui est en train de détruire la confiance et l'entente dans cette corporation. Pis, un climat de méfiance s'est installé à cause de certains actes qui font le lit de la corruption et du règlement de compte. Lors de la deuxième journée de la nouvelle saison, Kangah Gabriel (San Pedro) a été remplacé par Djo Bi Djo (Abidjan) la veille de son match, sous prétexte qu’il n’y avait pas assez d’argent pour payer sa prime qui est de 190 euros. La Commission centrale des arbitres dirigée par le novice Bonaventure Kalou a pensé qu'il serait mieux de prendre un arbitre à Abidjan. Ce qui revient à 98 euros . Et c’est ce qui a été fait.
Durant cette même journée, certains arbitres n’ont pas reçu la totalité de leur prime. Mieux, des juges de terrain proches de Danon Roland, président de l'Amafci, sont snobés. Ce au profit de ceux connus pour être proches d'Idriss Diallo. Donc du sieur Aboubacar Sharaf, le maître du jeu à la Commission Centrale des Arbitres de la FIF. Lors de cette deuxième journée, Okri Boitrin (San Pedro) s’est vu changer de match. Il a joué 4e officiel à la place de Koné Cheik (Adzopé). Par ailleurs, Okri n’a pas reçu la totalité de sa prime. De plus, Koffi Théodore (Daloa) a eu une double désignation et a participé à deux matches.
Lors de la troisième journée, le vendredi 30 septembre 2022, Kouadio Franck Olivier (Dabou) a eu une double désignation le même jour (15h30 et 18h00), sur le même stade et a dirigé les deux. Il a ainsi officié lors du match de Sol FC face à Bassam au Stade Champroux. Après, il était 4e arbitre pour LYS Sassandra-Stade d'Abidjan toujours au Champroux. Pour cette même journée, Coulibaly Abou (Abidjan) a aussi eu une double désignation. Tout ceci constitue une grande première dans l'histoire de la Côte d’Ivoire et même dans le monde entier. Jamais un arbitre n'a participé à deux rencontres durant la même journée de championnat. Ce sont surtout des manquements graves. Les proches d'Idriss Diallo et Sharaf font deux matches dans la même journée tandis que des centaines d'autres, proches de Danon, restent assis chez eux à se tourner les pouces.
« Trop c’est trop, il faut dénoncer dès maintenant avant qu’il ne soit tard. On veut faire descendre certaines équipes en division inférieure et pour ce faire on instrumentalise les arbitres. J’interpelle le Président de la CCA, Bonaventure Kalou, afin qu'il mette tout en œuvre pour que les rencontres des championnats ne soient pas une occasion de téléguider les arbitres pour influer sur les résultats. C’est impensable que des arbitres qui viennent de la Commission regionale de Bouaké puissent officier une rencontre d’un club de Bouaké. Allez comprendre quelques chose », se plaint Raoul Goueli, PCA du CO Bouaflé après le nul de son club face à Espérance Bouaké (0-0, 3e journée de Ligue 2). Mieux des propos assez graves d'hommes en noir ont été portés à la connaissance du public par plusieurs dirigeants.
«Je n'ai pas pour habitude de me plaindre des arbitres mais ce qui se passe est vraiment grave. Donc je préfère le faire maintenant et en profiter pour interpeller la commission centrale des arbitres avec à sa tête Bonaventure Kalou pour qu'il ait un oeil sur ses hommes en noir le plus tôt possible, avant qu'il ne soit trop tard. L'arbitre qui était censé être impartial lors du match Issia Wazy contre Agir de Guiberoua est une honte pour notre football. Il a dit aux joueurs que tant qu'il sera arbitre, ils n'allaient jamais gagner leurs matches. Sommes nous dans un championnat de football ou un championnat de règlement de compte ? Trop c'est trop! », s'est révolté Momo Dabré, manager général du club Issia Wazy en Ligue 2.
Pour l'instant, aucune réaction officielle de la Commission centrale des arbitres de la Fédération Ivoirienne de Football n'a fuité. Toutefois, le 5 octobre 2022, Kalou s'est prononcé de façon énigmatique sur ses réseaux sociaux. «Il faut avoir le courage de changer ce qui ne va pas dans sa vie. Prendre des décisions. Aller contre soi-même si nécessaire. Contre la facilité, les habitudes », a-t-il écrit.
Sanh Séverin
