Imane Khelif, boxeuse algérienne de 25 ans, s'est imposée bien malgré elle comme l'une des figures emblématiques des Jeux Olympiques de Paris 2024. Sa série de victoires qui l'ont conduite aux demi-finales dans la catégorie des poids légers a été relayée au second plan par la polémique née et alimentée autour autour de sa masculinité. Aux portes de la finale, elle combattra pour tenter d'atteindre son rêve d'or olympique, mais aussi pour répondre à tous ces détracteurs et au cyber-harcèlement auquel elle a fait face.
Son combat lors du 8ème de finale contre l’Italienne Angela Carini a été l'élément déclencheur. Deux crochets anodins en apparence, une adversaire qui jette l'éponge dans la foulée en pleurs et une victoire expéditive en quelques secondes, il n'en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres. Prise depuis dans une tempête médiatique, Imane Khelif va devoir monter sur le ring ce mardi 6 août pour affronter Janjaem Suwannapheng, une redoutable boxeuse thaïlandaise (20h34 GMT).
Un combat très attendu car Suwannapheng a été une adversaire coriace lors des derniers Championnats du monde, mais surtout en raison du déferlement de haine dont l'Algérienne a été victime depuis sa victoire en 8ème de finale. Et si elle a su répondre par une victoire nette en quarts de finale, il lui reste encore une marche à gravir pour atteindre la finale.
Controverse et le cyber-harcèlement
Car malgré ses prouesses sur le ring, Imane Khelif a été la cible d'une controverse douloureuse. Une campagne de cyber-harcèlement a été lancée contre elle, orchestrée par des figures de l'extrême droite italienne et amplifiée par des personnalités publiques influentes comme Elon Musk, Donald Trump ou JK Rowling. Et avec eux, des centaines de millions de personnes parmi leurs abonnés. Ces attaques ont remis en question sa légitimité à concourir dans les compétitions féminines, évoquant des stéréotypes dépassés sur sa féminité et son apparence jugée trop masculine, d'autres allant jusqu'à l'accuser d'être transexuelle. Avec comme argument principal une décision de l'IBA, l'organisation internationale de boxe, qui l'avait exclue d'une compétition après des tests génétiques.
La situation a atteint un point critique lorsque son père a été contraint de participer à un reportage télévisé pour attester de son sexe féminin à la naissance. Ce harcèlement repose sur des préjugés racistes et sexistes qui visent à discréditer non seulement Imane Khelif, mais aussi d'autres athlètes féminines de couleur. Une attaque qui n'est pas sans rappeler les polémiques passées, comme celles qui ont visé la coureuse sud-africaine Caster Semenya et d'autres athlètes hyperandrogènes.
La résilience comme réponse
Malgré cette pression, Imane Khelif reste résolument concentrée sur ses objectifs. Lors d'une interview après son quart de finale, elle a exprimé son indignation face aux attaques qu'elle subit. « Je suis une femme, je l'ai toujours été, et je ne laisserai personne m'enlever cette identité. Chaque coup que je donne sur le ring est une réponse à ceux qui doutent de moi. Je suis ici pour montrer que rien ne peut me détourner de mon rêve olympique »,a-t-elle notamment fait savoir.
Après avoir éclaté en sanglots après sa victoire en quarts de finale, sous la pression des derniers jours, elle est décidée à relever la tête et affirme être déterminée à devenir une voix forte pour toutes les femmes qui font face à des préjugés similaires : « Je me bats pour toutes les femmes qui se voient refuser leurs droits à cause de leur apparence ou de leur origine. Je veux être une voix pour celles qui ne peuvent pas s'exprimer. »
Un combat qui dépasse le sport
Le combat d'Imane Khelif ce mardi contre Janjaem Suwannapheng est désormais plus qu'un affrontement pour une place en finale d'une compétition. C'est une bataille pour la reconnaissance et l'égalité, un témoignage de sa résilience face à l'adversité. Son histoire résonne au-delà des frontières du sport, inspirant de nombreuses personnes et soulevant des questions importantes sur l'égalité et la justice dans le monde du sport.
L'issue de son combat ce soir pourrait bien écrire une nouvelle page dans l'histoire du sport africain et renforcer davantage son statut de symbole de lutte contre l'injustice. Le monde entier aura les yeux rivés sur cette rencontre, une partie espérant voir triompher une athlète qui, par son courage et sa détermination, a su captiver les cœurs et les esprits. Et si elle est désormais assurée de ramener a minima une médaille de bronze, son combat se trouve désormais ailleurs.