Arrivé à Toulouse cette saison, Frank Magri a découvert la Ligue 1. Un apprentissage à grande vitesse pour l'attaquant de 24 ans, qui a également disputé sa première compétition internationale avec le Cameroun à l'occasion de la CAN 2023. Alors que la saison touche à sa fin, il en fait le bilan pour Sport News Africa et évoque ses prochains objectifs
Une 11ème place au classement en Ligue 1, le maintien largement assuré et dernièrement une victoire sur le PSG au Parc des Princes. Ces dernières semaines sont pas mal pour le Téfécé...
Frank Magri : Oui c'est vrai. On est content d'avoir gagné au Parc. On sait que c'est toujours compliqué d'aller gagner là-bas. Mais, mine de rien, on savait qu'on avait un coup à jouer chez eux pour différentes raisons et on a réussi à le faire avec en prime une belle performances collective. Maintenant on va essayer de bien finir la saison avec ce dernier match à domicile contre Brest pour faire un carton plein.
D'ailleurs, n'est-il pas à l'heure actuelle plus difficile de jouer Brest, à la lutte pour une place en Ligue des champions, plutôt que le PSG qui est un peu en roue libre avec certains joueurs moins impliqués ?
Frank Magri : Beaucoup disent ça, mais même un PSG a priori pas impliqué ça reste un match compliqué car ils ont des joueurs qui peuvent changer la situation à tout moment. Brest ce sera un tout autre type de match. C'est une équipe plus basée sur le collectif. Ce sera compliqué, mais pas de la même façon. On sait que l'on devra bien préparer le match pour prétendre à la victoire.
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C'est votre première saison en Ligue 1, vous arrivez de Bastia en Ligue 2. Comment s'est passée l'adaptation ?
Frank Magri : Plutôt bien dans l'ensemble. J'ai bien été aidé par mes coéquipiers et le coach, mais c'est vrai qu'il a fallu beaucoup observer lors des premiers matchs car c'est très différent de la Ligue 2. Mais mine de rien je pense être quelqu'un qui apprend vite et qui sait s'adapter à un changement d'environnement. Et de toute façon il faut s'adapter assez vite car on doit rapidement être performant.
« Avant d'arriver à Toulouse, je savais que je serai dans la rotation »
Quelles sont les principales différences entre la Ligue 2 et la Ligue 1 ?
Frank Magri : La justesse technique surtout. En Ligue 2 vous pouvez faire des erreurs que vous pouvez rattraper ou qui ne vont pas découler sur grand chose. Mais en Ligue 1, une perte de balle dans une zone un peu délicate face à certaines équipes et en deux passes elles se retrouvent devant ton but. Il faut vraiment être juste dans les zones de construction et faire le moins d'erreurs car la moindre perte de balle peut se payer cash. Physiquement aussi la Ligue 1 est plus exigeante. On ne dirait pas comme ça, mais on court beaucoup et surtout avec des déplacements intelligents. Alors, il n'y a pas un monde d'écart non plus entre les deux, mais les différences sont quand même là.
A Toulouse il y a un attaquant titulaire et souvent buteur en la personne de Dalinga. Comment se passe la concurrence avec lui ? Est-ce que vous apprenez de lui ou prenez exemple ?
Frank Magri : Ça se passe vraiment bien. On est là pour tous se tirer vers le haut. Quand j'ai l'occasion de jouer, j'essaye de donner le maximum pour montrer au coach qu'il peut compter sur moi et que je peux répondre présent. Maintenant avec Thijs (Dalinga), on n'a pas les mêmes profils donc je ne vais pas forcément prendre exemple sur ce qu'il fait. On a chacun son style de jeu. Après c'est un buteur et il l'a montré. Sur une saison vous pouvez être sûr qu'il mettra un certain nombre de buts.
En Ligue 2 vous étiez titulaire et donc vous avez beaucoup joué. C'est moins le cas depuis que vous êtes à Toulouse. Comment vit-on cette période durant laquelle on voit son temps de jeu être réduit ? Y'a-t-il une sorte de frustration ?
Frank Magri : Avant d'arriver on m'avait présenté le projet, donc en arrivant je savais que la première année j'allais faire partie de la rotation et que je n'allais pas jouer tous les matchs. Après, bien le vivre ou pas ce n'est pas forcément la question. Je suis resté focus sur ce que je pouvais apporter à l'équipe pour montrer au coach qu'il pouvait compter sur moi en toutes circonstances. Quand j'ai moins joué, ça m'a aussi permis d'observer et d'apprendre. Ce n'est pas plus mal pour une première saison. Mais comme tout joueur j'espère connaître des saisons plus fournies en terme de temps de jeu. Après, frustration oui un peu, mais je pars du principe qu'en arrivant ici on m'avait prévenu et que c'était prévu comme ça, même si on est tous des compétiteurs.
Malgré tout votre temps de jeu ne vous a pas empêché de jouer la CAN. Comment a été cette première expérience continentale ?
Frank Magri : Il y a eu du positif et du négatif, mais ce que je retiens c'est que j'ai beaucoup appris. C'était ma première expérience et elle a été belle à vivre. Elle m'a donné envie d'en connaître beaucoup d'autres à l'avenir. Après, c'est vrai que l'on a pas répondu aux attentes fixées, mais c'est des fois avec des mauvais parcours comme celui-ci qu'on peut tirer de l'expérience pour la suite afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs. En tant que groupe on a beaucoup appris sur cette CAN et c'est de bon augure pour la suite. Personnellement j'ai vraiment apprécié la compétition. C'était bien organisé, il y avait un bel engouement... Jouer pour son pays, il n'y a pas grand chose de plus beau dans le football. J'ai vraiment hâte de redécouvrir une compétition avec le Cameroun.
« A la CAN, il a manqué plusieurs choses »
Vous parlez de mauvais parcours, mais vous êtes éliminés en 8èmes face au Nigeria, futur finaliste. Ce n'est pas une honte en soi.
Frank Magri : Tomber sur eux ça n'a pas aidé c'est vrai, mais ça n'explique pas tout. Même pendant la phase de groupes on avait du mal à produire du jeu. Il a manqué plusieurs choses. En soit l'élimination face au Nigeria c'est, entre guillemets, pas de chance. Ça se trouve qu'on serait passé face à une autre équipe. Mais dans ce genre de compétition il faut être prêt à battre les meilleurs pour faire un beau parcours et c'est ce qu'on n'a pas su faire.
Un nouveau sélectionneur a été nommé depuis en la personne de Marc Brys. Il a dévoilé sa liste pour les éliminatoires au Mondial 2026 pour le mois de juin et votre nom n'y figure pas. Surpris ? Avez-vous déjà échangé avec lui ?
Frank Magri : Lors du match contre Marseille il est venu nous voir et je l'avais rencontré le lendemain et on a eu un premier échange. Maintenant, surpris ou pas ce n'est pas forcément la question. Je m'étais préparé et j'avais tout mis en place pour faire partie de la sélection, mais c'est comme ça. Ça fait partie de la vie d'un footballeur. Je ne suis pas sur cette liste mais je peux être sur la prochaine. L'objectif c'est d'abord de jouer et d'être performant en club. Ce n'est que comme ça que je pourrais être sélectionné.
Après cette première saison parmi l'élite, que visez-vous pour la suite en club et sélection ?
Frank Magri : Avant tout avoir du temps de jeu. Commencer à faire des saisons pleines. Etre performant et décisif pour aider l'équipe. Avec le Cameroun, ce sera de se qualifier pour la Coupe du monde et la prochaine CAN qui va arriver très vite. Et si on a le bonheur d'être dans ces compétitions, ce sera de montrer une belle image de notre pays et d'aller le plus loin possible.
Aller « le plus loin possible », pour les supporters camerounais, ce n'est pas suffisant...
Frank Magri : (Rires) Ah ça c'est le Cameroun ! Même si demain on se retrouve avec une équipe de joueurs âgés de 15 ans pour aller disputer une compétition, les joueurs de 15 ans se devront d'aller en finale et gagner. C'est comme ça. On a une forte pression sur les épaules, on aime ça. C'est mérité au vu de la grandeur de notre pays et de son palmarès.