Au Cameroun, le lancement par la Fédération de football, d'un appel d'offres pour le recrutement d’un nouvel équipementier des Lions Indomptables suscite la polémique. Avec une échéance fixée au 30 septembre et un match prévu le 7 octobre, les experts s'interrogent sur la faisabilité d'un tel processus dans un délai si court. Ce climat d'incertitude alimente des accusations de favoritisme et soulève des doutes quant à la transparence des intentions du président de la Fédération, Samuel Eto’o. Décryptage.
Le 20 septembre dernier, la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a lancé un appel d’offres pour le recrutement du prochain équipementier des sélections nationales. Ce processus, qui doit s’achever le 30 septembre, ne laisse qu’une courte période de dix jours aux entreprises intéressées pour soumettre leurs dossiers. Cependant, une situation critique se profile : les Lions Indomptables joueront leur prochain match le 7 octobre, soit moins d’une semaine après la clôture des candidatures. Cette précipitation fait naître des interrogations sur la crédibilité du processus, ainsi que sur les véritables intentions du président de la Fécafoot, Samuel Eto’o.
Le timing (hyper) serré alimente une polémique grandissante au sein de l’opinion publique camerounaise. Certains observateurs n’hésitent pas à émettre des doutes sur la transparence du processus, suggérant que la fédération pourrait déjà avoir un équipementier en tête. Selon des rumeurs persistantes, un prestataire aurait déjà commencé à produire les maillots, bien avant même la finalisation de l’appel d’offres.
Selon les experts, plusieurs points d’achoppement existent. D’un point de vue logistique, il paraît irréaliste qu’un équipementier puisse concevoir, valider, et produire un maillot de qualité en seulement quelques jours après la signature d’un contrat. Au-delà des défis liés à la production, c’est surtout la durée même de l’appel d’offres qui pose problème. « Dix jours, c’est un délai trop court pour une décision d’une telle importance, qui devrait impliquer des études de marché et des analyses stratégiques », explique sous cap, un Consultant en Marketing sportif.
En comparaison, d’autres fédérations de football, comme la Fédération allemande ou française, lancent des appels d’offres pour de nouveaux contrats d’équipementiers des années avant l’échéance de leurs contrats en cours. « L’équipe de France, par exemple, a clos son appel d’offres en avril 2023, alors que son contrat avec Nike n’expire qu’en 2026 », poursuit-il. Cela laisse suffisamment de temps pour analyser les propositions, évaluer les capacités de production et de distribution des équipementiers, et négocier des partenariats profitables.
Au Cameroun, le timing restreint de cet appel d’offres suscite de sérieuses suspicions de favoritisme. « La posture de la Fécafoot peut effectivement paraître hasardeuse, voire fantaisiste », admet l’expert. En effet, il semble difficile de juger en si peu de temps si un équipementier est capable de répondre aux exigences techniques et commerciales d’un contrat aussi complexe. « Si le processus est biaisé dès le départ, cela pose des questions sur la transparence de l’administration de la Fécafoot », argue notre interlocuteur. « Les délais de ce processus sont questionnables, soutient l'expert. Dix jours pour ce type de transaction, c’est irréaliste. Trois mois c’est insuffisant. Un an c’est raisonnable, deux ans c’est l’idéal... »
En effet, dans le cadre d’un partenariat de sponsoring, le choix de l’équipementier ne se limite pas seulement à la production de maillots. Il s’agit d’un co-branding, c’est-à-dire d’une alliance entre deux marques compatibles sur les plans stratégique et commercial. Par conséquent, un appel d’offres limité à dix jours laisse la porte ouverte aux doutes sur l’équité du processus. Les conséquences pour l’image de la Fécafoot pourraient être sévères. « Si l’on découvre que l’appel d’offres n’était qu’une façade pour un processus déjà biaisé, cela pourrait entacher la crédibilité de la fédération. Et fatalement, cela peut être préjudiciable pour l’image et de la fédération, et des sélections nationales du Cameroun », avertit l’expert.