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Suspendue par la FIFA pour ingérence d’un tiers et en conflit ouvert avec le ministère des Sports, la Fédération congolaise de football pourrait avoir des soucis bien plus graves : les 500 000 dollars qu’elle avait sollicités pour aider le football féminin lors de la période COVID ont été détournés de leur utilisation originale.
Le 30 juillet 2020, le secrétaire général de la FECOFOOT, Badji Mombo Wantete, et le président, Jean Guy Blaise Mayolas, rédigent une « demande de subvention pour le football féminin » dans le cadre du programme d’aide de la FIFA contre le Covid-19.
Pour justifier la demande de cette subvention de 500 000 dollars, la FECOFOOT a listé les objectifs et les allocations de l’argent dans un document officiel consulté par Sport News Africa. Pêle-mêle :
Aucun championnat organisé et une compétition qui n’existait pas
A l’époque, la République du Congo comptait dix clubs de football féminin officiellement affiliés à la FECOFOOT et n’avait pas de réel championnat de jeunes. Or, la fédération a demandé 90 000 dollars pour les « compétitions nationales féminines jeunes » qui n’existait donc pas.
Les 100 000 dollars pour les compétitions seniors n’ont également pas été suivis d’effet : aucun championnat n’a été organisé en 2020, pas plus qu’en 2021 ; la ligue ayant officiellement repris le 9 juin 2022 !
Que dire des subventions de 60 000 dollars pour les équipes nationales jeunes et seniors ? La FECOFOOT n’a organisé aucune rencontre en 2020 et a dû attendre octobre 2021 pour un match des A face au Gabon. Rien d’autre.
De 0 à 1 500 euros pour les clubs
Si les subventions n’ont donc pas servi à l’organisation de championnat ou de rencontres, peut-être ont-elles permises d’aider la dizaine de clubs ayant une section féminine ? Hélas, non.
L’immense majorité des dirigeants du football féminin ignorait même l’existence de cette subvention, et surtout son montant. Finalement, le 13 mars 2025, les présidents de cinq clubs ont attesté officiellement auprès d’un huissier de justice n’avoir même rien reçu, en l’occurrence les équipes de Diables Noires, Espérance de Brazza, FC Porto, FC Toula KA Toula, et le Football Club de Bouenza « au motif que notre équipe venait fraîchement d’intégrer les rangs des clubs du football féminin ».
Le vice-président d’Epangama, Likibi Sergé Placide, a lui admis que son équipe a reçu 1 million de francs CFA, l’équivalent d’un peu plus de 1 500 euros. Des sommes minimes en comparaison des subventions allouées comme pour les entraîneurs et surtout les arbitres qui ont reçu 300 000 francs CFA à raison de deux versement de 150 000, soit un peu moins de 460 euros sur une subvention prévue de 35 000 dollars...
Aucun programme de sensibilisation constaté mais des abus sexuels réels
Contactée par le biais de son secrétaire général, la FECOFOOT n’a pas répondu aux éclaircissements demandés par Sport News Africa. Comment, par exemple, les 25 000 dollars d’un « programme de sensibilisation » ont-ils pu être utilisés vu qu’un aucun programme n’a eu lieu et, pis encore, des affaires d’abus et harcèlement sexuel ont sévi durant ces années sans aucune réaction de la fédération ?
Si cette dernière a suspendu provisoirement plusieurs entraîneurs et dirigeants suite à la médiatisation des cas, les enquêtes promises n’ont également pas eu lieu. De fait : où sont passés les 25 000 dollars alloués spécifiquement à la sensibilisation ?
Lire aussi : Suspension de la Fecofoot: le gouvernement congolais tente d’éteindre l’incendie
Des questions pour le moment sans réponse qui intéresseront forcément la Commission d’éthique de la FIFA, contactée depuis plusieurs semaines pour éclaircir l’opacité financière de la FECOFOOT.
En attendant l’ouverture officielle d’une enquête, il reste à savoir comment la FIFA a pu donner 500 000 dollars sans exercer aucun contrôle car d’autres fédérations, en Afrique mais aussi ailleurs, ont aussi abusé des aides COVID pour le football féminin sans que cette manne financière puise réellement profiter aux clubs et aux joueuses.