Depuis quelques années, les sélectionneurs nationaux du Mali travaillent dans des conditions difficiles pour avoir un résultat sportif. Parfois, ils arrivent jusqu’à être limogés sans bénéficier de leurs salaires, qu'ils doivent réclamer durant des mois avant de les percevoir.
De notre correspondant au Mali,
Ils sont nombreux les sélectionneurs du Mali qui exercent leur métier pour le compte de l’Etat dans des conditions difficiles. Mais, ils le font avec professionnalisme et sans pourtant bénéficier de leurs salaires. Et malgré tout, certains font des résultats, notamment dans les catégories de jeunes. En dépit de cela, ils peuvent à tout moment quitter la tête de leurs sélections respectives sans bénéficier de leur dû. C’est le cas notamment de Mamoutou Kané dit « Mourley », champion d’Afrique en 2019 au Niger avec les U20 du Mali. Eliminé l’édition suivante lors de la phase qualificative à Dakar, l’ancien gardien des Aigles, toujours sans club depuis son départ du Stade Malien de Bamako, attend le paiement de six mois de salaire.
Idem pour Fagnéyi Diarra avec les U23. L’ancien sélectionneur des juniors maliens avait qualifié cette catégorie en phase finale de la compétition en Egypte en 2019 et terminé le tournoi, jusqu’à être remplacé aujourd’hui sans bénéficier de ses primes de qualification.
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« Nous sommes tous professionnels, quand on travaille, même si on n’a pas de salaire, on le fait à cent pour cent explique Oumar Bagayogo, 3ème vice-président de l’Association des entraîneurs de football du Mali. Mais, regardez comment un chef de famille peut travailler pendant une année sans un salaire ?», s’interroge-il. «Il faut que l’Etat ait un regard sur les sélectionneurs. Qu’ils soient considérés et mis dans leurs droits », dit-il.
Le Mali reçoit le 24 mars la Gambie au Stade du 26 mars. Le sélectionneur national, Eric Sékou Chelle, depuis sa prise de fonction le 1er juin 2022 jusqu’à ce jour, n’a pas encore touché un rond de son salaire. Idem pour son adjoint Alou Badra Diallo dit «Conti» aujourd’hui à la tête des U23. Les Espoirs maliens se déplacent fin mars à Dakar pour aller défier ceux du Sénégal avant un retour prévu à Bamako. Sélectionneur des Aiglonnets (U17) du Mali, Soumaila Coulibaly se trouve dans la même situation.
L’ancien capitaine des Aigles du Mali, s’est qualifié pour la phase finale de la compétition sans bénéficier d’un sou de ses privilèges salariaux de sélectionneur, depuis sa prise de fonction en Avril 2022. Avant lui, Mamadou Demba Traoré, actuel sélectionneur des juniors, n’a pas encore touché la moitié de son salaire d’alors, encore moins celui lié au poste actuel.
Eliminé en Algérie lors du CHAN 2022, le sélectionneur Nouhoum Diané a été remercié après l’échec des locaux. Officiant avec l’AS Real de Bamako, il attend le paiement des arriérés de son salaire de sélectionneur. Comme Djibril Dramé depuis sa finale perdue face à la RDC en 2016 au Rwanda, et qui est parti sans avoir les deux mois que lui doit l’Etat, seul employeur contractuel des entraîneurs nationaux.
L’ancien sélectionneur des Aigles du Mali, Mohamed Magassouba, aujourd’hui au club congolais de Saint Eloi Lupopo et son adjoint Fousseini Diawara, depuis leur départ , se trouvent dans la même situation.
Au Ministère de la Jeunesse et des Sports m, le retard des salaires est dû à la lenteur administrative dit-on car, pour bénéficier de son salaire après la signature de contrat, le visa de l’inspecteur de travail est requis. Ensuite le dossier est traité au niveau de l’Institut National de Prévoyance sociale (INPS) avec numéro pour la cotisation pour aller dans le Bureau Central des Soldes (BCS) puis à la Direction nationale du Budget avec les montants pour avoir le mandat et l’ordre de virement. «On nous dit que les papiers vont par-ci, les dossiers viennent par-là, les signatures sont nombreuses. On attendait et les arriérés étaient tous payés ensuite ensemble avec les présents. Ce n’est plus le cas, aujourd’hui, c’est jusqu’à plus d’une année. D’autres vont sans un rond. Vraiment, il faut que l’Etat mette les sélectionneurs dans leurs droits », rappelle encore Oumar Bagayogo.
Aujourd’hui au Mali, dans les contrats avec le département des sports, seul le sélectionneur principal bénéficie d’un salaire à la fin du mois en fonction des objectifs assignés. Les autres membres de l’encadrement technique sont payés par prestation. C’est la nouvelle démarche entreprise au département. «Pendant que les autres essaient d’étoffer leurs staffs techniques pour travailler avec professionnalisme et avoir un résultat, chez nous on les diminue, comment on peut faire des résultats avec ça ?», s’interroge Oumar Bagayogo.
D’après les informations de Sport News Africa, certains sélectionneurs devraient toucher leurs arriérés incessamment sous peu.
Drissa NIONO