Attendus par leur public, les escrimeurs marocains sont passés à côté d’un titre de champion d’Afrique à Casablanca. La figure de l’escrime nationale Houssam El Kord, récemment vice-champion du monde en Allemagne, revient sans langue de bois sur cet échec personnel et collectif. L’athlète, qui avait été double champion d’Afrique, reste tout de même optimiste pour les prochaines échéances de juillet.
Propos recueillis par notre correspondant au Maroc
H.E.K: Effectivement, le Maroc était très attendu, surtout à l’épée Hommes où nous avions le titre en individuel et par équipes depuis 2019. Un rendez-vous à domicile est toujours particulier et c’est parfois une pression pour certains, un boost pour d’autres... Je ne pourrais pas dire si quelque chose en particulier est à déterminer dans ce qui n’a pas marché, mais force est de constater que nous n’avons pas été à la hauteur de l’événement.
Certes nous avons 4 médailles, mais zéro titre. Nous n’allons pas dire que cela nous satisfait, car nous sommes loin derrière le trio de tête (Egypte, Algérie et Tunisie ndlr), et ce n’est pas là où le Maroc doit se trouver. Nous n’allons pas nous cacher, parce que c’est un championnat complètement raté pour nous sur le point de vue sportif. A nous de rectifier le tir lors ses prochains Championnats du monde au Caire à la mi-juillet et aux Jeux méditerranéens début juillet à Oran. Notre objectif sera de rapporter quelque chose au pays.
Le niveau de l’escrime au Maroc est en constante évolution, malgré le résultat des championnats d’Afrique. Il ne faut pas oublier l’année extraordinaire en termes de résultats à l’international avec des médailles et des performances au niveau mondial.
La politique fédérale est claire : le Maroc doit être présent au niveau mondial, et cela passe par une structuration de la Fédération et des équipes nationales. Le travail du président Youssef Fathi est exceptionnel, que cela soit dans son investissent personnel, dans le suivi de nos résultats ou dans son implication pour faire du Maroc une place forte de l’escrime en Afrique et dans le monde. Il suffit de voir le plateau de ces derniers championnats d’Afrique à Casablanca pour comprendre que le Maroc a toutes les infrastructures pour réussir. Mais mettre le moyen financier est également une autre chose nécessaire pour réussir.
Dénicher des talents en escrime est très difficile, car c’est une vraie discipline de maturité, très technique et les qualités athlétiques ne sont pas les mêmes pour chacun. Tout le monde a sa chance en escrime ! Mais le développement de la discipline en milieu scolaire doit être la clé de voûte afin d’augmenter le nombre de licenciés et ainsi trouver peut-être un champion parmi eux.
Les moyens logistiques et techniques sont mis en place par la Fédération, on voit vraiment un projet prendre forme et cela ne peut être que satisfaisant. Maintenant, je pense que comme tout sport, la confrontation avec des adversaires plus forts et plus expérimentés permet de faire progresser les athlètes afin qu’ils puissent se confronter à ce qui se fait de mieux dans la discipline. Cela passe également par des stages, par des compétitions intermédiaires…
Il faut savoir qu’en Afrique, l’Égypte est le 3e pays en termes de population, déjà cela fait une masse beaucoup plus importante de potentiels sportifs. L’Égypte a aussi une politique sportive vraiment très développée, qui compte aussi sur l’armée et des partenaires privés. Ce n’est pas pour rien que l’Égypte a récolté 273 médailles aux derniers Jeux africains 2019, soit 148 médailles de plus que le 2e. C’est énorme !
Concernant le Maroc, il doit avoir une vraie politique sportive au sein des différents ministères (Sport, Education, Jeunesse). Il faut vraiment que cela vienne des plus hautes instances et ne pas se reposer sur un modèle comme maintenant où trop peu de choses sont faites. Pour ma part, je sais que le nouveau ministre des Sports est à la tâche pour cela, et je suis convaincu que cela va finir par prendre.
Effectivement, j’ai réalisé une performance historique lors de la Coupe du monde d’Heidenheim en finissant 2e. Cela est déjà une fierté personnelle, car cela faisait quelques compétitions dans lesquelles j’échouais au pied du podium. Les ingrédients de ce résultat? Je vous dirais que c’est déjà un investissement total de ma part dans un projet sportif de haut niveau depuis plus de 15 ans. La clé de la réussite est vraiment simple : travail et humilité. Ce sont des valeurs que m’ont apprises mes parents et c’est grâce à eux aussi que je suis là où je suis aujourd’hui.
Mes entraîneurs, que ce soit ceux actuels ou les anciens, m’ont aussi porté et guidé afin de garder un cap et de franchir chaque palier de la meilleure manière possible. Bien sûr il y a également tout la confiance de mon président de Fédération Youssef Fathi, qui, depuis le premier jour qu’on s’est rencontré, m’a toujours soutenu mais également poussé à fond afin d’atteindre mes objectifs. C’est comme un second père sportif et nous avons vraiment des liens forts. Je sais que son travail à la Fédération a fait que l’escrime marocaine est une place importante dans le sport national, africain, et mondial. Maintenant, tous les pays savent qu’il y a de l’escrime au Maroc et que tous les matchs ne seront pas « faciles ».
Mohamed Hadji