Pour le professeur Matthew Andrews, ces deux instances du football sont responsables des faibles résultats de l’Afrique en Coupe du monde.
L’Afrique effectue, ce lundi 21 novembre, sa rentrée à la Coupe du monde 2022 avec le Sénégal qui affronte les Pays-Bas à 16 heures (GMT). C’est la deuxième rencontre du groupe A, qui a ouvert le bal ce dimanche 20 avec Qatar-Équateur (0-2). En attendant le tour du Cameroun, du Ghana, du Maroc et de la Tunisie, une question revient à la surface : les équipes africaines feront-elles mieux qu’un quart de finale au Mondial qatarien ?
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— FSF (@Fsfofficielle) November 21, 2022
Des chercheurs de l’université britannique Oxford pensent que non. À partir d’un algorithme, qui a procédé à des millions de simulations, ils sont parvenus à des résultats selon lesquels les cinq représentants du continent seront éliminés au premier tour comme lors du dernier Mondial, Russie 2018.
S’il ne fixe pas une limite aux sélections africaines présente au Qatar, Matthew Andrews, un professeur de Harvard, semble apporter de l’eau au moulin de ses homologues anglais.
Ce dernier s’est plus focalisé sur la racine du mal. Il ne remet pas en cause la qualité des effectifs des sélections concernées. À son avis, le problème réside dans le déficit d’organisation et des faibles adversités auxquelles ces équipes ont l'habitude d'être confrontées.
Et s’agissant du deuxième problème, Matthew Andrews pointe la responsabilité de l’instance mondiale et celle de la CAF. «La FIFA et les associations continentales ont tué les équipes africaines, décrète-t-il dans un entretien paru ce lundi 21 novembre dans L'Équipe. Ce système d’une CAN tous les deux ans est parfait pour le Bénin ou les Comores : ils vont progresser en rencontrant le Nigeria (par exemple). Mais les équipes moyennes restent moyennes. C’est une théorie économique connue sous le nom de ‘piège du revenu intermédiaire’.»
Partant de là, le professeur de Harvard recommande aux Lions de la Téranga de changer de stratégie s’ils veulent un jour gagner la Coupe du monde. Il explique : «Au Qatar, l’Argentine, l’Angleterre, le Brésil, la Belgique, la France sont (des équipes) trop professionnelles, trop fortes, se jouent tout le temps. Pas sûr que le Sénégal puisse battre le Brésil et l’Angleterre en trois semaines... Si j’étais le Sénégal, je jouerais avec une équipe B lors des CAN tous les deux ans et mon équipe A jouerait contre des équipes d’Europe, d’Amérique du Sud et d’Asie.»
L’exemple du Nigeria est édifiant pour le chercheur : «Un pays immense avec des athlètes incroyables mais qui semblent heureux de battre les équipes africaines. Ils ne jouent pas face à la France, l’Argentine, le Brésil... À force d’affronter des équipes moins fortes, vous ne progressez pas.»
À ce déficit s’ajoute les approximations lorsqu’il s’agit d’aborder les grandes compétitions. «Les joueurs africains apprennent en Europe en tant qu’individus, mais l’important, c’est de l’apprendre en tant qu’équipe, suggère Matthew Andrews. L’Afrique est tributaire de son organisation. C’est ce qui l’empêche d’aller plus haut.»
Il ajoute : «Beaucoup de gens pensent que c’est à cause de l’équipe que vous gagnez. Mais c’est aussi un problème d’histoire, de “technologie”, comme je l’appelle. Comment vous vous entraînez, vous organisez, quels sont vos moyens de transport, votre centre d’entraînement, la psychologie du groupe, le médical. À Harvard, on parle de la croissance économique comme d’un jeu de Scrabble. On a des lettres et on a besoin de mettre en place des mots qui rapportent des points. En Afrique, il y a beaucoup de talents, donc beaucoup de lettres, mais elles ne créent pas des mots.»
La Rédaction – Sport News Africa