Auteur d'une boulette monumentale dimanche dernier face à la Sierra Léone, le gardien de but ivoirien Badra Ali Sangaré est vivement critiqué pour son geste peu académique, qui a coûté la victoire aux Éléphants.
Le soleil est au zénith ce mardi 18 janvier 2022. Tout est calme à Bonapriso, sauf au Village CAN des Éléphants. Ici, on ne finit pas de débattre du nul 2-2 face aux Sierra-Léonais dimanche dernier. Et le responsable de la débâcle est, bien sûr, tout trouvé : Badra Ali Sangaré, le portier des champions d'Afrique 2015. En dépit du deuil qui le frappe, les fans Ivoiriens ne digèrent pas sa bourde, qui a coûté une qualification dès le 2ème match de poules aux siens. Élu « Fan of the match » par deux fois, face à la Guinée-Équatoriale et à la Sierra Léone, le Maréchal Bassolé n'en revient toujours pas.
« Je suis déçu. Dimanche, c'était comme si j'avais pris un coup de tonnerre. Je n'étais pas découragé parce que les Sierra-Léonais ont égalisé. Mais la façon dont cette égalisation est arrivée est ce qui me fait le plus mal. Badra Ali Sangaré aurait pu boxer le ballon hors des limites du terrain. Quand je revois les images de cette faute de main, je lui en veux terriblement. Mais disons que c'est bien que cela nous arrive en phase de groupes. Si c'était un match à élimination directe, je ne lui aurais jamais pardonné cette faute ». Réagit celui qui empile les trophées de supporter à chaque Coupe d'Afrique des Nations. Et il n'y a pas que lui seul qui a encore en travers de la gorge l'énorme boulette du dernier rempart ivoirien. Certains fans des Pachydermes s'arrachent encore les cheveux en revoyant la vidéo qui passe en boucle sur les réseaux sociaux.
Les réactions semblent faire l’unanimité. Badra Ali Sangaré aurait pu mieux faire. Les supporters qui étaient au stade n’ont eu que leurs yeux pour constater les dégâts.
« J'étais au stade. Je n'ai pas compris pourquoi Sangaré s'est jeté de la sorte. Nous ne sommes pas gardiens de but mais son plongeon était inexplicable. Il aurait pu lui-même se blesser sur l'action, en plus de nous avoir fait perdre 3 points qui auraient pu nous qualifier directement pour les huitièmes de finale. Son geste n'était pas académique et cela renforce encore plus l'idée que la Côte d'Ivoire ne peut compter sur aucun portier en dehors de Gbohouo... Malgré tout, il va falloir faire avec. Il faut qu'il se remette en question ». Déploré Joëlle N'Guessan du Comité international de soutien à Didier Drogba.
Dans la foulée de son match gâché par son geste final, Badra Ali Sangaré a perdu son père. Mais pour beaucoup d'aficionados de l'équipe ivoirienne, cela n'a rien à voir. « Nous sommes peinés par le deuil qui le frappe mais de grâce qu'on ne nous dise pas qu'il faut être tolérant. C'est vrai, nous ne le brûlons pas. Nous pensons cependant qu'il aurait pu faire mieux sur l'action du but égalisateur des Léone Stars. Un gardien de ce calibre ne devrait pas se jeter alors qu'il n'était au duel avec personne. Il aurait même pu prendre le ballon en restant debout avant de se coucher dessus. Mais ce plongeon...Je n'en reviens toujours pas. Gbohouo, qu'on critique à longueur de journée, n'aurait pas commis une telle erreur. » Confie vigoureusement Tatiana Edi, du Comité national de soutien aux Éléphants.
Pourtant, au milieu des critiques, il y en a qui trouvent des excuses au gardien de but de Free State Stars en Afrique du Sud. « Ce fait de jeu de dimanche, je ne le considère pas comme une faute. Il ne faut pas oublier l'état du terrain. Badra Ali est tombé comme un pic et malheureusement pour lui, le ballon est allé dans le mauvais sens au lieu de sortir. Il voulait sauver un corner (...) Il faut qu'il revienne plus fort. Ce serait difficile de le remplacer actuellement. Il faut lui redonner confiance ». Plaide Kouassi Armand, responsable de la logistique du CNSE.
Comme lui, le plus vieux supporter des Éléphants demande de l’indulgence. « Ce genre de choses arrive au football, il ne faut pas accuser Sangaré. Il faut le galvaniser. Il ne faut pas lui en vouloir car au cours du match, il y a eu des occasions gâchées, un penalty raté. Sachons raison garder », conseille avec parcimonie Tra Bi Youzan, 70 ans. C'est peut-être à Badra Ali Sangaré de recommencer à rassurer les supporters orange blanc et vert. Et cela, dès le choc face à l'Algérie ce jeudi 20 janvier.
Sanh Séverin, envoyé spécial à Douala